Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

vendredi, octobre 10, 2008

Some news

Hello !!!

Merci nidith, valou92 et cend17 et toutes les autres pour vos gentils commentaires.
Je comprends que vous réclamiez la suite ...ça arrive, hé, hé !!
Le chapitre 19 est quasi terminé.
Mais j'ai été un peu bousculée dans ma vie professionnelle et personnelle ces derniers temps donc le temps me manque...et en plus j'ai une méga crève depuis 4 jours ...pfffff

Bises à tous de la part de Lola et de Jeanne ! :))

dimanche, septembre 21, 2008

Chapitre 18 : Retour sur Terre

J’avais regardé avec gourmandise Wentworth et SA serviette repartir vers la salle de bain, admirant une dernière fois SON large dos et SA nuque dégagée avant qu’IL n’aille revêtir une tenue plus décente.

Malheureusement, comme prévu, Pam avait frappé à la porte alors que je finissais à peine de lacer mes Docs. Ne voyant pas revenir le locataire des lieux, je m’étais dévouée pour aller jouer les hôtesses et la laisser entrer.

L’attachée de presse avait ouvert des yeux ronds comme des billes en me découvrant, échevelée et débraillée, dans l’encadrement de la porte. Je l’avais accueillie avec un sourire amical que bien entendu, elle n’avait pas daigné me renvoyer. Au contraire, elle m’avait grossièrement dévisagée, et détaillée de la tête aux pieds sans m’adresser une seule parole tout en avançant précautionneusement dans la pièce. Puis elle avait jeté un regard circulaire et inquiet à la recherche de son petit protégé, craignant probablement que je ne l’ai séquestré, ligoté sur une chaise m’apprêtant à perpétrer sur LUI quelque horrible rituel sacrificiel à la façon bien connue des fans de Deauville en folie.

Elle avait exhalé un ridicule soupir de soulagement lorsque Wentworth était enfin ressorti de la salle de bain, et qu’IL avait chaleureusement salué la jeune femme en s’excusant d’être en retard.

Rassurée Miss Pam ? Je ne suis pas une tueuse en série fan de série !

SA réapparition m’avait empli les yeux de paillettes et de flashs lumineux. Si j’avais été subjuguée par SA semi nudité quelques minutes plus tôt, j’avais été encore plus époustouflée par SON élégance, habillée, aussi naturelle qu’irrésistible.
IL avait enfilé une chemisette noire cintrée toute simple sur un pantalon de jean ajusté et IL semblait beaucoup plus à l’aise dans cette tenue que dans SON smoking étriqué.

Au secours, je craque totalement pour ce mec !

En maître de maison bien élevé, IL avait fait les présentations dans les règles de l’art et j’avais rougi de plaisir au terme « amie » qu’IL avait utilisé pour me désigner. Malgré tout, cela n’avait pas réussi à modifier d’une ride l’expression fermée de la surveillante générale qui n’exprimait rien d’autre qu’une complète désapprobation devant ma présence ici à une heure aussi matinale. Je me serais crue propulsée quinze ans en arrière, de retour à l’internat où il m’était déjà arrivé de me faire pincer au petit matin tandis que j’essayai de réintégrer ma chambre après une virée nocturne non autorisée.

Alors que je me demandai si j’allais me coltiner deux heures de colle, elle L’avait entraîné un peu à l’écart, ce qui m’avait légèrement vexée, et ils avaient échangé dans un américain à couper au couteau, quelques phrases dont il n’était pas très difficile de saisir le sens.

« … none of your business… »
« …meeting…waiting for you… »
« I know…work…priority… »
« …phone call… »

Je les avais observés discrètement du coin de l’œil tout en faisant mine de me recoiffer en me passant une main dans les cheveux. Les soupirs répétés de Wentworth m’avaient confirmé SON agacement flagrant, et j’avais bien senti qu’IL n’avait franchement aucune envie de se justifier devant cette assistante zélée. Néanmoins, j’espérais sincèrement ne pas être à l’origine d’un conflit entre eux car je devais bien garder à l’esprit qu’IL était là pour le boulot avant tout.

Finalement, ignorant Pam qui ne cessait de jeter des regards pressés sur sa montre, IL m’avait raccompagnée jusque dans le couloir.

Là, IL m’avait rapidement expliqué la situation, des rendez-vous imprévus s’étaient intercalés dans SON planning déjà surchargé et Pam avait un peu de mal à gérer. Mais IL m’avait assuré qu’IL aurait du temps à m’accorder en milieu de journée et qu’IL espérait réellement que je ne LUI ferais pas faux bonds.

Il faudrait m’enchaîner sur un rocher en pleine mer pour m’empêcher de venir LE rejoindre !

Avant de nous quitter, nous avions hésité quelques secondes, dans la pénombre du corridor, enveloppés des souvenirs des délicieux moments passés ensemble, nos cœurs battant à l’unisson. IL avait plongé ses yeux clairs dans les miens et m’avait offert un sourire dont LUI seul avait le secret et qui m’avait littéralement fait fondre. Puis, nous n’avions pas résisté à unir nos lèvres une dernière fois et à échanger le plus tendre des baisers.

L’union si parfaite de nos deux bouches n’avait fait que rendre encore plus cruelle l’obligation de leur inévitable séparation, et seule la perspective de nous revoir avait réussi à nous détacher l’un de l’autre.

C’est essoufflée et rêveuse que je L’avais laissé refermer la porte de SA suite et ce n’est que quelques secondes trop tard que j’avais réalisé que j’avais omis de LUI dire que j’avais mon propre passe me permettant d’assister à la conférence de presse.

Sur mon petit nuage, et me réjouissant à l’avance de la surprise qu’IL aurait à me découvrir là bas parmi tous les journalistes et photographes, j’avais rejoins en trottinant la chambre de Théo, impatiente de prendre une bonne douche et d’avaler un copieux petit déjeuner. C’était sans compter sur mon hystérique de copine frappadingue qui m’avait sauté dessus dès que j’avais passé la porte.

Adieu douche chaude, vêtements propres et croissants frais !

Elle m’avait, comme à son habitude, hurlé dessus, me reprochant d’avoir disparue sans laisser d’adresse.

Elle pouvait parler, lâcheuse !

Elle était soit disant revenue exprès dans la chambre tôt ce matin pour venir me chercher et avait failli s’évanouir en trouvant le lit intact sans aucune trace de moi nulle part. Elle avait harcelée les gens de l’hôtel qui lui avaient confirmé que j’étais bien rentrée la veille au soir et qu’ils ne m’avaient pas vu ressortir.
Du coup, elle s’était imaginée que je m’étais faite enlever par un client de l’hôtel, probablement le Sultan Arabe d’un lointain pays qui voulait m’ajouter à sa collection d’épouses et concubines, et me séquestrer dans son harem.

Lola, tu lis trop de romans Harlequin !


En riant, je l’avais rapidement rassurée, et je lui avais promis de tout lui raconter à la condition non négociable qu’elle me permette de me laver, de me changer et surtout de me restaurer. A contre cœur, mais voyant que je ne lui dirais pas un mot, elle avait fini par céder.


A présent, j’étais propre comme un sou neuf, et j’avais revêtu la seule tenue que j’avais embarqué en hâte en faisant mon sac, c’est à dire un vieux jean rapiécé et un petit pull noir col V, et nous étions toutes les deux confortablement installées à une table du somptueux restaurant de l’hôtel.

La pièce était spacieuse, habillée des mêmes couleurs rouge et or que celles du hall. Elle résonnait du léger cliquetis des couverts et du murmure poli des conversations avoisinantes. L’odeur intense et corsée du café qui embaumait l’endroit, me procurait un regain d’énergie, et m’ouvrait encore d’avantage l’appétit.

Avec un plaisir gourmand, j’avalai une bonne bouchée du croissant chaud et croustillant que j’avais pioché dans la corbeille débordante de viennoiserie que nous avions commandé. Puis j’essuyai consciencieusement mes doigts luisant de beurre sur ma serviette, tout en écoutant Lola, rongée par la curiosité, qui me déversait son torrent de questions.

« …t’étais passée où d’abord ?…t’aurais pu me prévenir …t’as pas dormi dans la chambre ?…mais … ? …si t’es pas ressortie de l’hôtel cette nuit, t’étais où à la fin … ? »

A intervalles irréguliers, elle entrecoupait ce furieux interrogatoire de rares pauses pour reprendre son souffle et picorer du bout des dents de minuscules morceaux de croissant qu’elle émiettait d’un geste impatient. Elle n’avait pas de mal à être aussi mince, comparée à moi qui entamai mon deuxième croissant, elle n’avait même pas réellement commencé à manger le sien.

Je fis durer le plaisir avant de tout lui dire, j’adorais la voir trépigner de la sorte.

« Lola, moins fort, on va se faire remarquer, et vu ce que j’ai à te raconter, mieux vaut être discrètes. »

« Quoi ?! Pourquoi ?! »

Elle réagit au quart de tour et se pencha vers moi en murmurant. Le murmure chez Lola s’apparentant plus au barrissement de l’éléphant qu’au bruissement d’aile du colibri.

« Discrètes ? Pourquoi ? Tu étais avec quelqu’un de …connu … ? Une star du Festival ? Dis moi pas que t’étais avec … ? »

Je la narguai avec un petit sourire énigmatique, puis toujours sans me presser, je sirotai calmement une gorgée de café fumant :

« Avec qui crois-tu que j’étais ? »
« Pas avec …? »

Reposant ma tasse et croisant les doigts sous mon menton, je dosai l’effet de ma réponse :

« Et bien si, avec … justement. »
« ManDieu !!!! T’étais avec Wen…»
« Chut !… »
« …oh, désolée…avec LUI … ? »
« Hu, hu. »
« Ici, dans l’hôtel ? »
« Hu, hu. »
« Toute la nuit ?: »
« Hu, hu. »
« Ben, ma vieille… ! »

Pour une fois, j’avais réussi à lui clouer le bec, et elle s’affala contre le dossier de sa chaise les bras ballants. Elle resta sans voix de longues minutes durant lesquelles je continuai à savourer tranquillement mon café tout en examinant avec jubilation son joli visage sur lequel se mélangeait une foule de sentiments divers et variés.
Etant donné son débit de paroles d’ordinaire excessivement rapide, il était évident qu’elle aurait été bien incapable d’exprimer verbalement, l’incrédulité, l’étonnement, l’admiration, l’excitation que ma révélation provoquait chez elle. Elle ouvrait la bouche bêtement et je m’attendais presque à voir un filet de bave sourdre d’entre ses lèvres.

J’allais lui demander si elle voulait que je lui commande un verre d’eau ou quelque chose de plus fort, quand elle retrouva enfin sa langue. D’une voix hésitante et peu habituelle, elle posa l’unique question qui, je m’en doutais, l’intéressait véritablement :

« Vous avez … ?Enfin, tu sais ? »

Elle fit un geste significatif avec la main et je secouai la tête en soupirant. C’était bien là le seul sujet qui nous différenciait. Lola vivait ses aventures amoureuses et sexuelles sans aucun tabous alors que moi, j’étais bien plus fleur bleue et secrète.

« Non, Lola. »
« Jeanne ! Tu as passée la nuit avec LUI, oui ou non ? »
« Oui, et j’étais dans SA suite il y a encore une demi heure. »
« Et tu veux me faire croire que vous n’avez rien fait ? »
« Pas tout à fait ‘rien fait’. »

La curiosité ralluma une lueur d’intérêt dans ses prunelles marrons.

« Et ? »

Devant son air de gamine impatiente, je capitulai avec un sourire, et lui offrit ce qu’elle attendait :

« Nous nous sommes juste embrassés. »
« Alléluia !! »

Son cri fit sursauter le couple qui déjeunait tranquillement à la table voisine, et attira l’attention d’un serveur qui tourna vers nous un œil accusateur. Ce n’était visiblement pas un lieu habitué à de telles effusions sonores.

Je ne saurai dire si le sourire désarmant et le petit signe d’excuse que mon amie lui offrit fut décisif ou si l’efficacité redoutable de son nouveau décolleté pigeonnant avait encore frappé, toujours est-il que le jeune homme nous adressa un signe de tête complaisant et nous laissa poursuivre notre discussion sans un reproche.

Revenant à moi elle demanda :

« Mais…? Embrassés, embrassés… ?»

Je ris :

« Oui, Lola, embrassés, embrassés.»
« Mais… je veux dire, sur la bouche ? »
« Ben oui, sur la bouche, idiote !! »
« Bah ma vielle ! Tu sais qu’il y a des milliers de nanas qui paieraient chers pour être à ta place. »

Je ne le savais que trop bien et cette pensée me fit légèrement tourner la tête.

« Et c’était comment ? »

Sans réfléchir, je balançai le premier mot qui me vint à l’esprit :

« Chaud ! »
« P**** ! »

Cette fois-ci j’éclatai franchement de rire devant l’air ravi et envieux de mon amie qui se mit à battre des mains, et à s’esclaffer attirant de nouveau les regards des autres clients.

« Oh, Jeanne, c’est trop génial !! »

Elle m’attrapa le poignet par dessus la table et le serra très fort.

« Je savais qu’IL avait flashé sur toi, je l’ai lu dans SES yeux quand tu t’es évanouie. Mais c’est du délire tout ça, du pur délire !! Par contre, maintenant, ma bichette, t’en as dis trop ou pas assez, alors, va falloir que tu me racontes TOUT dans le détail ! Parce que je voudrais bien savoir comment tu t’es retrouvée dans SA suite, moi ! »

Me laissant emporter par l’enthousiasme communicatif de Lola, j’entrepris de lui expliquer comment j’avais quitté le Palais des Festivals, après qu’elle m’eut traîtreusement abandonnée, et sans avoir revu l’acteur en question. Elle repoussa d’un geste évasif les reproches que je commençais à lui assener au sujet de son mot de billet, et je me promis intérieurement de lui détailler le fond de ma pensée à un moment plus opportun.

Elle explosa de rire quand je lui racontai l’arrivée inopinée de Wentworth sortant de l’ascenseur, et la position plutôt embarrassante dans laquelle IL m’avait surprise. La couleur de ma petite culotte n’avait plus de secret pour LUI dorénavant. Avec un clin d’œil coquin, elle suggéra qu’elle aurait peut être dû garder pour elle cette petite robe au potentiel inattendu.

T’inquiètes pas Lola, ton potentiel à toi se trouve plus haut.

Sur quoi, je me souvins brusquement que j’avais égaré les belles chaussures qu’elle m’avait prêtées, et j’en étais vraiment honteuse car elles ne devaient pas lui avoir coûté deux sous :

« Tu te moques de moi ?! Rien à foutre des ses fichues godasses ! Continue ! »

J’abordai ensuite la phase la plus délicate de ma narration. Bien sûr, je ne voulais pas trahir la confiance de Wentworth en répétant ce qu’IL m’avait confié. Mais Lola était ma meilleure amie, elle avait toujours été ma première confidente au sujet de mes histoires de cœur. Et j’avais absolument besoin de parler de tout cela à quelqu’un, d’avoir un avis extérieur, de savoir si je n’étais pas entrain de m’engager sur un chemin beaucoup trop périlleux.

A cet instant précis, ma première erreur fut d’oublier que dans cette histoire là en particulier, il était question d’un acteur célèbre et non d’un jeune homme lambda, et ma seconde erreur fut d’oublier dans quel milieu bossait Lola.

Elle m’écouta avidement décrire SON air embarrassé, SES excuses répétées, et l’invitation dans SA suite. Elle faillit s’étouffer quand je lui expliquai la douce folie qui nous avait envahi et le baiser passionné que nous avions échangé. Par pudeur, je gardai pour moi une bonne partie des détails de cette scène qu’elle essaya pourtant de m’extirper avec un acharnement que je trouvais extrêmement déplacé. Il y avait des limites à ne pas dépasser tout de même.

Frustrée et voyant qu’elle n’arriverait pas à en savoir plus sur la sensualité débridée et l’érotisme dévastateur de son acteur fétiche, elle afficha une moue boudeuse et haussa les épaules.

« OK, pas de détails alors !Pfff…Et sinon, après ça, vous avez rien fait de plus ? Juste parlé ? »
« Ben oui, et c’était absolument génial. »

Elle fronça un sourcil sceptique et croisa les bras sur sa superbe poitrine avec un énervement qu’elle avait du mal à contenir:

« Jeanne, t’es désespérante ! T’as le mec le plus canon de la ville à portée de mains, et qu’est ce que t’en fais ? Tu papotes avec LUI comme une petite mémé ! Ca a dû bien le faire rigoler ! »

Vexée par sa remarque, je voulus lui prouver qu’elle avait tort, et qu’il avait apprécié autant que moi ce calme tête à tête. Qu’il l’avait apprécié au point de me faire des confidences très personnelles sur SA vie privée, sur SA relation avec une femme mariée.

Forcément, je n’eus pas besoin d’en dire plus pour qu’elle devine aisément de qui il s’agissait. Elle lâcha un juron grossier qui me fit regretter aussitôt de lui avoir révélé ce secret qu’IL n’avait confié qu’à moi,…et qu’à ma grande honte, je venais bêtement de trahir.

En colère contre moi même, je mordis ma lèvre inférieure et m’empressai de faire jurer à Lola qu’elle ne dirait rien de tout ça à personne.

Elle jura mais bizarrement je n’aimai pas du tout son regard vague et intrigué, ni la main qu’elle porta à sa bouche d’un air songeur. Un mauvais pressentiment s’insinua désagréablement dans mon cerveau.

C’est Lola, je peux lui faire confiance.

Pourtant, elle se remit aussitôt à exiger de nouveaux détails avec une insistance grandissante qui me mettait de plus en plus mal à l’aise:

« Et IL t’a dit ça comment ? Et IL avait quelle intonation ? Et IL t’a regardé dans les yeux ? Et tu penses qu’IL était sincère ? »
« Je pense oui…j’en suis certaine. »
« Comment peux tu en être aussi certaine ? »
« A la façon qu’IL avait de m’embrasser, de me tenir dans SES bras, de me rassurer…IL ne pouvait pas mentir. »
« Ah, ouais, c’est sûr. Rappelle moi SON boulot déjà ? C’est pas un acteur par hasard ? »

Lola ravala sa salive et baissa les yeux. Si je ne l’avais pas si bien connue, j’aurais presque pensé qu’elle était jalouse et qu’elle essayait de me blesser. J’en venais à me demander si j’avais bien fait de lui raconter un seul mot de tout ça. Sans me laisser le temps de lui demander ce qui n’allait pas, elle reprit presque agressive :

« Et ensuite ? A quel moment vous êtes vous embrassés exactement ? Ca a duré combien de temps ? Pourquoi ça n’a pas été plus loin ? »
« Parce que je ne suis pas toi ! »

Et voilà ! Je me serais fichu des claques.

Je regrettai ma remarque à la seconde où je la prononçai mais ce déluge de questions indiscrètes m’avait proprement agacée. Je voulais bien partager avec elle certaines choses comme le font toutes les meilleures amies du monde, mais pas comme ça. Sa curiosité devenait limite malsaine et elle ne m’avait jamais habituée à cela. Ce que j’avais vécu avec cet homme était bien trop précieux pour que je laisse quoi que ce soit le gâcher.

« Lola excuse moi, je ne voulais pas dire ça, tu sais bien. Je ne te juge pas, et je ne te jugerais jamais juste parce que … »
« Je suis une fille facile ? »

NON !

« NON ! Bien sûr que non, Lola ! »
« Et pourtant c’est la vérité, je couche le premier soir moi …non ? », dit-elle sur un ton amer que je ne lui connaissais pas.
« Pas étonnant que je me retrouve toujours embarquée dans des histoires sordides avec des losers. Je n’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même finalement. »

Oh, là, là qu’est ce qui se passe ? Qu’est ce que j’ai fais ?

Elle fourragea dans son sac et en sortit un paquet de cigarettes.

« Vous n’allez pas fumer ici Mademoiselle, c’est interdit. », lança sèchement le monsieur assis à notre droite, et qui de toute évidence n’avait que modérément apprécié les débordements vocaux de Lola.

« OK, ça va, on se casse de toutes façons ! »

Elle m’indiqua de la tête qu’elle voulait partir, et attrapa la sangle de son appareil photo qu’elle avait posé près d’elle en prévision de rejoindre la conférence de presse.

De toutes évidences, ma réflexion bien qu’involontaire l’avait profondément touchée. Ou alors il s’était passé quelque chose avec Théo. Quoi qu’il en soit, j’avais été odieuse et je m’en voulais à mort. Je n’avais pensé qu’à moi, focalisée sur ma petite personne, abêtie par ce que je croyais être le début d’une belle histoire d’amour. Etais-je devenue à ce point égoïste que je n'étais même plus capable de demander à ma meilleure amie pourquoi elle était rentrée seule à l’hôtel ce matin ?

Il me paraissait à présent évident que quelque chose ne tournait pas rond. Abandonnant notre petit déjeuner qui n’avait d’un seul coup plus rien d’appétissant, je glissai mon sac en bandoulière, et penaude, emboîtai le pas de Lola qui s’empressa de quitter l’hôtel sans un regard pour les deux réceptionnistes pourtant subjugués par son opulente poitrine.

samedi, septembre 13, 2008

Chapitre 17 : Affamé(e)s

J’émergeai du sommeil en m’étirant comme un chat et clignai des paupières sous l’attaque joyeuse des rayons du soleil filtrant par les larges fenêtres béantes.

J’étais seule.

Je me sentais merveilleusement bien et il ne me fallut pas bien longtemps pour me rappeler pourquoi.

Je savourai en souriant le souffle d’air chaud qui caressa ma joue et ébouriffa mes cheveux alors que je me redressai.

Je notai les rideaux qui ondulaient gaiement au rythme du vent qui s’engouffrait dans la pièce.

Je reconnaissais le canapé en velours sur lequel j’étais assise et il me semblait aussi confortable et douillet qu’un lit de plume d’oie.

Je voyais la lumière du jour envahir les lieux en tournoyant et se refléter sur chaque objet leur donnant l’éclat éblouissant du cristal.

Telle la Princesse Aurore s’éveillant d’un sommeil de cent ans, je quittai ma couche royale et sautillai vers la fenêtre qu’une personne avait judicieusement laissée grande ouverte. Elle donnait sur le front de mer, et l’air iodé assaillit mes narines lorsque je me penchai au dehors. Le cri des mouettes, le ressac des vagues, et l’agitation de la vie en contrebas me donnèrent envie de rire.

J’étais heureuse, pleinement et simplement.

Je laissai mes yeux se repaître des couleurs bariolées des parasols sur la plage, et du bleu immaculé du ciel qui se mêlait indistinctement au bleu à peine plus foncé de l’immense étendue d’eau s’étalant à perte de vue.

Les volants de ma robe voletaient en corolle autour de ma taille me donnant l’impression de flotter telle une Fée Clochette amoureuse de son Peter Pan.

Ah ! Mon Peter Pan !

Wentworth, en l’occurrence. IL m’avait fait planer très haut vers les frontières d’un pays imaginaire, et je savais que dorénavant il me serait difficile d’atteindre à nouveau ces hauteurs enchantées s’IL n’était pas là pour m’y emmener.

J’inspirai une profonde goulée d’air marin dont les vertus euphorisantes me firent légèrement tourner la tête, et un agréable sentiment de plénitude se diffusa dans tout mon corps. Je rejetai la tête en arrière, et secouai mes cheveux, laissant la brise du matin rafraîchir ma peau et éclaircir mes idées.

La soirée d’hier avait été idyllique, et resterait à jamais inoubliable. Je fermais les yeux et les images affluèrent bien vivaces sous mes paupières closes, insufflant dans mes veines une incroyable sensation d’ivresse.

Un sourire séducteur, un regard ravageur, une bouche sensuelle, des mains aventureuses...

Et puis surtout, SA voix chaude et posée qui me parlait, me révélant les multiples facettes de SA personnalité, inconnues du grand public. Avec cette voix envoûtante, IL s’était confié, me livrant sans retenue SES espoirs, SES joies, SES peines sur le plan professionnel principalement mais aussi à demi mots, sur celui plus intime de SA vie privée. IL avait peu évoqué l’échec de SA dernière relation, mais j’avais plusieurs fois cru déceler un voile de tristesse au fond de SES yeux lorsqu’IL avait abordé le thème de SON travail et de SES collègues et acteurs.

J’avais résisté à l’envie de l’assaillir de questions au sujet de la série dans laquelle IL apparaissait. Par chance, IL avait involontairement comblé mes grandes espérances en racontant spontanément certaines anecdotes hilarantes vécues sur les différents lieux de tournage et qui nous avaient fait éclater de rire à l’unisson. IL était si naturel, si simple. C’était SON travail et le talent avec lequel IL l’accomplissait qui le rendaient hors du commun. A part cela, IL était juste un homme ordinaire.

IL m’avait longuement questionné sur mes goûts, mes passions, et avait voulu connaître les motifs de mon séjour à Deauville. J’avais essayé de cacher le plaisir avec lequel j’avais accueilli cet agréable interrogatoire. L’idée que ma petite vie de traductrice parisienne pouvait L’intéresser me dépassait totalement. IL m’avait pourtant écouté attentivement parler de mon travail, et des études que j’avais suivi pour atteindre mon but. IL m’avait complimenté de nombreuses fois sur mon accent et la facilité avec laquelle j’utilisais SA langue, m’avouant qu’IL n’avait jamais été très doué LUI même en langues étrangères. Je me souvenais qu’IL avait fait de grandes études à l’Université de Princeton et publié une thèse traitant d’auteurs féminins.
C’était quelqu’un d’intelligent et de cultivé ce qui avait rendu notre conversation plus passionnante encore.

Nous avions ri en découvrant à quel point nos goûts musicaux divergeaient mais qu’en revanche, nos choix littéraires se recoupaient totalement.

Au détour d’une question, IL avait subtilement réussi à me faire avouer que je n’avais pas d’homme dans ma vie depuis quelque temps déjà. J’étais restée muette devant l’expression presque soulagée qu’IL avait affiché quand je LUI avais confirmé que j’étais bien célibataire. J’avais ressenti un pincement au cœur en songeant combien IL avait dû souffrir de savoir celle qu’IL aimait mariée et dans les bras d’un autre.

Tout le temps, j’avais lu un intérêt sincère dans les yeux clairs qu’IL posait sur moi en m’écoutant. J’étais persuadée que j’avais eu raison de LUI répondre honnêtement, sans tricher et qu’IL avait fait de même.

Ainsi, alors que la nuit silencieuse avait continué à dérouler son voile opaque vers une aube inévitable, nous avions étanché une toute autre soif que celle du corps, rassasiant nos esprits d’une nourriture plus spirituelle.

Toutefois, nous n’avions pas réussi à nous séparer après notre première étreinte aussi spontanée que passionnée mais qui d’une certaine façon, nous avait tous les deux pris au dépourvu. Je savais qu’IL avait ressenti comme moi le besoin de ralentir, de réfléchir.
Néanmoins, IL avait insisté pour que je reste, IL m’avait enveloppé de SES bras protecteurs et nous nous étions allongés l’un contre l’autre sans que le spectre destructeur du désir ne vienne perturber la sérénité de ce moment unique.

Je m’étais lovée tout contre LUI, en sécurité, oubliant tout le reste, ma tête reposant sur SA poitrine. Et mon oreille avait perçu chaque battement de SON cœur, ressenti les vibrations émises par SA cage thoracique à chaque mot qu’IL prononçait. J’avais eu l’impression étrange et terrible qu’il n’y avait rien de plus naturel au monde et que c’était l’endroit où je devais être, exactement.

Je frissonnai mais le vent était loin d’en être la cause. J’encerclai ma poitrine entre mes bras croisés comme pour conserver en moi tous ces souvenirs inoubliables.

C’est alors qu’une voix grave, au timbre familier pénétra doucement la bulle de mes songes solitaires :

« Oh, Bonjour, tu es réveillée. Je ne t’ai pas entendu te lever. »

Me prenant une fois de plus par surprise, IL avait surgit de nulle part. Et ce nulle part devait fortement ressembler à une salle de bain à en juger par la tenue qu’IL portait. En effet, un simple drap de bain ceignait SA taille, m’offrant la vision sublime d’un torse dénudé, quasiment imberbe. Je L’accueillis avec un immense sourire qu’IL me rendit généreusement. IL termina de se frictionner vigoureusement les cheveux avec l’autre serviette qu’IL tenait à la main, et qu’IL jeta ensuite négligemment sur une chaise. Se faisant, IL n’avait cessé de me dévisager, avançant vers moi, pieds nus sur la moquette épaisse.

Mon œil affamé ne voulant pas raté une miette du spectacle, je détaillai avec un appétit grandissant l’homme qui marchait à ma rencontre, SA chevelure mouillée, la courbe appétissante de SES épaules légèrement musclées, juste à point. Mon sourire s’élargit devant les adorables poignées d’amour qui arrondissaient SA taille ne faisant qu’accentuer l’envie qui me tenaillait de LE dévorer tout cru.

IL était grand, et IL fut sur moi en trois enjambées. D’un geste possessif et sans un seul mot, IL enserra ma taille avec une douceur doublée de cette délicieuse touche de fermeté toute masculine que j’avais déjà expérimentée la veille, et qui me confirma, si nécessaire, qu’IL savait parfaitement doser SA force, et en user avec art.

Je me dressai sur la pointe des pieds pour rester à son niveau, et dus me cambrer afin de m’écarter suffisamment pour conserver un contact visuel. IL était rasé de près, sentait le savon de Marseille, et SA peau nue était fraîche et humide sous mes doigts.

A peine, avais-je posé deux mains timides sur SON torse qu’IL s’empara amoureusement de ma bouche, et m’offrit un baiser fabuleusement érotique qui me coupa le souffle, et faillit me faire perdre l’équilibre. Sans sommation, SA langue força délicieusement le barrage de mes dents, et imprégna mes papilles d’une saveur divine.

Je vacillai sous la vague de désir que ce baiser ensorcelant déversa en moi, et IL referma un peu plus l’écrin de SES bras pour me retenir contre LUI. Je savais qu’IL avait ressenti ma faiblesse et je maudis intérieurement, mais sans réelle conviction, ma fragile capacité à LUI résister. J’aurais été bien incapable de le repousser même si je l’avais souhaité. Or, pour être sincère, à ce moment précis, repousser SES avances était bien la dernière chose que j’aurais voulu faire.

Je devais bien admettre que les réticences que j’avais pu ressentir la veille s’étaient progressivement volatilisées lors de notre échange complice pour laisser place à quelque chose qui ressemblait fort à de la confiance. Aveugle et totale pour ma part. Je n’avais pas pour habitude de brader mes sentiments, c’était tout ou rien. Un petit drapeau s’agitait frénétiquement au fin fond de mon cerveau et il était de couleur verte, ce qui indiquait une absence de danger et un niveau de sécurité optimal.

C’est pourquoi, je me sentais à présent l’âme d’une geisha débridée, avide de découvrir entièrement ce que j’avais à peine touché du doigt la veille, et de voir s’IL ne cachait pas d’autres secrets merveilleux mais peut être moins avouables.

Mais à ma grande frustration, alors que tout mon corps n’aspirait qu’à assouvir la faim qui le tiraillait, IL choisit de libérer mes lèvres au plus fort de notre étreinte. Déboussolée, j’essayai de reprendre quelque peu mes esprits, tâche des plus ardue et loin d’être facilitée par la voix câline qu’IL utilisa pour murmurer au creux de mon oreille :

« Tu as faim ? »

Le double sens de cette question était des plus évident au vu des événements de la nuit passée, avant notre belle conversation, et surtout juste après la façon bien cavalière avec laquelle IL venait de me ‘dire’ Bonjour. Un sourire énigmatique éclairait SON beau visage aux traits racés.

Comment faisait-IL pour rester toujours aussi sûr de LUI ?

Etait-IL conscient de la puissance de SON charme, et de SON impact sur mes sens ? Surtout ainsi vêtu. Ainsi dévêtu, pour être plus exact.

En jouait-IL consciemment pour me mettre dans tous mes états ?

Je retrouvai finalement le souffle et l’équilibre qu’IL avait tenté de me dérober, et décidai d’entrer dans SON jeu. Mutine, je LUI susurrai avec un air faussement angélique:

« Bonjour. En effet, je meeeurs de faim, et toi ? Bien dormi ? La literie …hum…les coussins du sofa t’ont-ils donné entière satisfaction ? Il serait dommage qu’un vilain mal de dos vienne gâcher ton séjour à Deauville. »

Sans LUI laisser le temps de réagir, et rivant mes yeux dans les SIENS, j’aventurai une main coquine vers la cambrure de SES reins, sachant parfaitement que si l’envie m’en prenait, je n’aurais pas trop de difficulté à faire glisser la fine serviette de toilette enroulée autour de SA taille.

Ce coup-ci les rôles étaient inversés. J’étais habillée, courte vêtue, certes, mais habillée quand même, et j’avais un net avantage sur LUI. Pour une fois !

Je retins un petit cri de triomphe en le voyant ciller, et se raidir au contact de mes doigts baladeurs auxquels je venais d’intimer l’ordre de se diriger droit vers un point hautement stratégique et très convoité de SON anatomie. IL ne fit aucun mouvement pour m’empêcher de poursuivre mon petit bonhomme de chemin, mais souffla d’une voix étranglée :

« A vrai dire, j’ai peu dormi cette nuit…j’étais…préoccupé… »
« Ah vraiment… et par quoi?! »
« Je me demandais … »
« Oui ? »
« …ce que j’allais bien pouvoir… »
« Hum ? »
« …porter aujourd’hui… »

Ah, c’est comme ça !

En guise de vengeance puérile, je lui pinçai les fesses avec un sourire victorieux. Je devinai aussitôt que j’avais gagné à plate couture la première manche de cette joute coquine, lorsque je ressentie sous mes paumes la violence du frisson qui LUI parcourut le bas du dos, et qu’IL accompagna d’un grognement involontaire très significatif.
Continuant sur ma lancée, je faufilai ma main sous la serviette, et caressai furtivement l’épiderme frissonnant :

« Jeanne, tu vas me rendre fou … »
« Soyons fous alors. »

Relevant la tête, IL me regarda d’un air perplexe, hésitant sur le sens réel de cette dernière réplique. Je voyais bien qu’IL se demandait si je jouais encore. IL n’avait pas compris que ce qu’IL m’avait offert la veille était pour moi un cadeau inestimable et révélateur. IL m’avait ouvert les portes de SON intimité, là où IL rangeait SON cœur, et dès lors, je savais avec certitude que j’étais prête à LUI offrir en retour tout ce qu’IL voudrait me demander, voire bien plus.
Mon invitation était entière et sincère.

Ce corps éclaboussé de lumière, à demi nu devant moi était tout ce que j’avais toujours désiré.
Mon Prince Charmant. Mon Mister Darcy. Mon âme sœur. Mon Heathcliff.

Je le savais tout comme je savais que mes poumons avaient besoin d’air pour que je puisse respirer et vivre.

Je LUI lançai une œillade qui ne laissait aucun doute sur mes sentiments, et je vis SON regard s’embuer de désir.

C’est pourtant d’un air embarrassé qu’IL ajouta :

« Jeanne, je suis…encore …désolé, mais Pam ne va pas tarder. J’ai un emploi du temps hyper chargé aujourd’hui. Crois moi, j’adorerais rester ici avec toi et pousser plus loin notre …petite discussion

Le tendre sourire qu’IL me délivra fit danser une touche de regret sincère dans le cristal coloré de SES yeux clairs.

« Malheureusement, j’ai des obligations. D’ailleurs je suis déjà en retard, je suis attendu pour une conférence de presse dans … »

IL lança un rapide coup d’œil à la pendule accrochée au mur.

« …exactement vingt minutes ! Et je ne vais tout de même pas m’y rendre dans cette tenue ! »

Malgré ma déception bien légitime, je ne pus m’empêcher de rire devant SON air affolé qui me rappelait le mien quelques heures plus tôt quand je m’étais rendu compte que je n’avais rien à porter pour me rendre au cocktail.

« Jeanne, je dois m’habiller maintenant. »

Je réalisai que ma main était toujours posée sur une certaine partie de SA personne fort joliment rebondie, située juste sous les limites de la fameuse serviette. De plus, étant donné notre corps à corps plutôt collé-serré, s’IL tentait de se dégager avant que je me sois d’abord reculée, il y avait de forte chance pour que le bout de tissu en éponge se fasse la belle, et qu’IL se retrouve dans le plus simple appareil en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

La perspective de le voir en tenue d’Adam alluma dans mes yeux une lueur de convoitise qu’IL ne manqua pas de capter. Voyant la situation tourner en SA défaveur, IL lança :

« Jeanne, je t’en prie ! »
« Ben quoi ? »

IL se pencha et frôla mes lèvres d’un chaste baiser.

« Laisse moi partir pour le moment, et je te promets que la prochaine fois que tu seras entre mes bras, plus rien ne pourra m’empêcher d’assouvir tes désirs…et les miens. »
« Ah… ?!…Euh…d’accord… »

La toute petite voix avec laquelle j’avais répondu à cette déclaration enflammée fit naître sur SON visage un mystérieux sourire. J’aurais payé cher pour pouvoir le décrypter, mais il me faudrait pourtant attendre. A regret, je récupérai ma main tandis que mon front et mes joues se couvraient d’une belle couleur rosée.

Retrouvant SA liberté de mouvement, IL rattrapa de justesse la serviette qui avait déjà dangereusement amorcée sa descente vers le sol. Je ne sais pourquoi, je pensai alors à la vive émotion qu’une telle scène aurait provoquée dans les rangs féminins d’une certaine team, d’un célèbre café à l’enseigne américaine où j’avais bossé quelque temps pour arrondir mes fins de mois. La petite Nanou surtout aurait été terriblement déçue.

IL rit gentiment devant mon air dépité, puis retrouva un ton de conversation plus général, et me proposa :

« Tu peux rester ici durant mon absence, mais bien sûr, tu préféreras certainement sortir et profiter du beau temps. Je repasserais me changer après la conférence de presse, probablement aux alentours de midi. Si tu veux, on peut manger ensemble. Je peux arranger ça avec Pam. Ensuite, je crois que j’ai une séance photo sur le port. »

Et voilà, c’était ça, la vie trépidante d’une star du showbiz. Timing serré en permanence, déjeuné sur le pouce, rendez vous à n’en plus finir, au point d’avoir besoin d’une assistante pour gérer son agenda. Et si peu de temps à accorder à ceux qu’on aime. Etais-je prête à vivre cela ?

Devinant mon désarroi, IL se pencha vers moi :

« Ne t’inquiète pas, ce n’est pas toujours comme ça. Ici, c’est particulier, je suis en tournée promotionnelle, c’est très intensif mais ça ne dure que quelques jours… »

Décidément, nous étions en parfaite symbiose. IL comprenait tout, on aurait dit qu’IL lisait en moi comme dans un livre ouvert. Ca aurait dû me faire peur. Ca me procura au contraire une sensation de liberté inviolable. S’IL devinait vraiment toutes mes pensées, alors tout irait bien puisque je ne pensais qu’à LUI.
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‘Oh, hi, you are awake. I didn’t hear you.’


‘Hungry ?’


‘Yes, actually, I’m starving, and what about you ? Did you sleep well ? How was the bed…hum…I mean, the cushions on the sofa ? It would be a shame if you’d be disturbed by a back ache.’


‘I must say that I didn’t sleep long that night…I was…troubled…’
‘Really ? and what for ?’
‘I was wondering…’
‘Yes ?’
‘What I was going to…’
‘Hum?’
‘…wear today.’


‘Jeanne, you’re driving me crazy’
‘Let’s be crazy then.’


‘Jeanne, I am …still…sorry, but Pam is coming soon. My schedule is very tight today. Believe me, I would love to stay here with you and go on further with our little conversation.’
‘Unfortunately, I have obligations. And I am terribly late already, they are waiting for me for a press conference in about …’
‘…twenty minutes ! I can’t go there in my condition !’


‘Jeanne, I must get dressed now.’


‘Jeanne, please !’
‘What ?’


‘Just let me go now, and I promise that next time you’ll be in my arms, nothing will prevent me from fulfil your desir…and mine…’
‘Ah …?!...Hem…OK…’

‘You can stay here if you want while I’m out, but of course, you would prefer going outside and bath in the sun. I will come back here to change clothes after the press conference, probably around twelve o’clock. We can have lunch together if you please. I can fix this with Pam. After that I think I’ll have a shooting on the port.’


‘Don’t worry, it’s not always like that. Here, it’s special, I am on a promotional touring, it’s very intensive but it only lasts a few days.’

samedi, septembre 06, 2008

Chapitre 16 : Further

Et puis, nos lèvres se frôlèrent.

A peine.

Nous restions suspendu à quelques millimètres l’un de l’autre.

Impatients, immobiles.

Nos souffles se mêlaient au rythme haletant de nos respirations.

Nos visages étaient si proches que je ne pouvais quasiment plus détailler SES traits.

SES paupières étaient baissées, et IL regardait ma bouche avec envie.

Instinctivement, je passai la langue sur mes lèvres pour les humecter, et je vis tressaillir légèrement les narines de SON nez parfait. IL s’approcha plus près et nos fronts se touchèrent. Je me délectai de cette infime pression sur mon crâne et je frissonnai, me sentant grimper très haut, vers des sommets enivrant.

Je me demandai s’IL pouvait entendre les battements effrénés de mon cœur. Car moi, je n’entendais plus que cela. Ils cognaient dans mes oreilles avec une puissance phénoménale. J’avais l’impression que ma poitrine se soulevait et s’abaissait à une vitesse effrayante. J’allais succomber à une attaque, c’était certain !

J’essayais de ne pas penser à ce qu’IL venait de me raconter, je me focalisais juste sur SES dernières paroles. Celles qui me concernaient, celles où j’étais une bouffée d’air pur dans SA vie.

Je le sentie libérer SES deux mains restées jusqu’alors emprisonnées entre les miennes, tout doucement comme s’IL craignait que je L’en empêche. Puis, l’une d’elle frôla délicatement ma taille, chercha à se frayer un chemin vers mon dos, remonta lentement le long de ma colonne vertébrale et s’arrêta entre mes omoplates, me procurant un frisson prodigieusement exquis. Je fermai les yeux et songeai qu’il n’existait pas plus agréable sensation.

Avec douceur, IL accentua la pression sur mon front, SA respiration s’accéléra mais SES lèvres à demi closes restaient à l’orée des miennes, retardant l’ultime instant d’une union tant attendue. Sans me brusquer, IL me repoussa tendrement en arrière, SON autre main posée sur l’assise du canapé. Ainsi IL m’enveloppait entièrement, et je me laissai agréablement tomber à la renverse, sans retenue, L’entraînant avec moi.

Notre chute sembla infinie, délicieusement vertigineuse. Je m’enfonçais interminablement dans un nuage irréel et divinement moelleux. SA paume largement ouverte soutenait mon dos avec délicatesse, m’offrant un sentiment de plénitude et de sécurité inaltérable.

Mes épaules touchèrent le velours ras du sofa, et SA main se trouva immobilisée sous mon corps. IL ne tenta pas de la dégager. Au contraire, SES doigts effilés se faufilèrent habilement vers ma nuque qu’ils encerclèrent étroitement dans une subtile caresse. De SON autre main en appui sur le dossier, IL allégeait une partie du poids de SON corps au dessus du mien. Mais pas trop, juste assez. Je ne me sentais pas oppressée par la masse qui me dominait, j’en appréciai la force, la masculinité.

J’eus un fugace éclair de lucidité. C’était LUI. C’était SA force, SA masculinité, SON corps contre le mien. C’était SON souffle contre ma joue, SA main dans mon dos. C’était LUI…LUI…LUI !!!

C’est LUI !

Enhardie par cette vérité incroyable, je fis glisser mes doigts fébriles de chaque côté de SA taille, caressant au passage la ligne courbe de SES côtés qui se devinaient sous le tissu de la chemise.

C’est LUI !

Mue par une pulsion irrépressible, j’agrippai SON dos de mes doigts recroquevillés et plaquai farouchement mon ventre contre le sien.

C’est LUI !

Electrisé par mon contact, IL s’embrasa instantanément. N’y tenant plus, IL s’empara de ma bouche avec fougue, et nos lèvres s’unirent en un baiser enflammé.

C’est …LUI !

Je sombrai corps et âme. Me laissant submerger par la vague de plaisir qui m’emportait au loin, me ramenait plus près puis me basculait à nouveau vers le large. SON baiser était un délice sans fin, plus j’y goûtais et plus je cherchais à m’en rassasier.

LUI même semblait insatiable, Il se pressait contre moi presque férocement. J’entrouvris à peine la bouche et IL s’engouffra dans la brèche avec ardeur. Je l’accueillie avec exhalation et nos deux langues tourbillonnèrent à m’en faire perdre la raison. Je ne savais plus où j’étais, ni qui j’étais. Je me laissai envahir par cette félicité indescriptible.

Dans SON élan, IL avait resserré SON étreinte. Au rythme inlassable de SON baiser, SES longues mains agiles exploraient amoureusement toutes les parties de mon anatomie, le creux de mon cou, la cambrure de mes reins, descendant toujours plus bas. Je m’extasiai de la facilité déconcertante avec laquelle IL réussit à atteindre le haut de ma jambe, et je frissonnai de tout mon être lorsqu’ IL caressa délicatement ma peau nue du bout des doigts, et qu’IL s’insinua malicieusement un peu plus loin sous la soie froissée de ma robe.

Au détour d’un mouvement, je réussie à faire progresser ma main vers la base de SON crâne. J’aventurai mes doigts avec volupté dans SA chevelure rase. Je la découvris soyeuse, terriblement agréable au touché et je sus que jamais je ne pourrais m’en lasser.

Soudain, alors que SES doigts s’emparaient hardiment de ma hanche, je me sentie devenir audacieuse, et je ne pus m’empêcher de mordre voracement dans SA lèvre inférieure tout en attrapant SA tête à pleine main. IL tressauta et grogna faiblement, visiblement surpris. Mais IL ne me refusa pas cette morsure. Aussi, je conservai SA lèvre délicieusement prisonnière de mes dents un court instant. Je ne souhaitais pas LUI faire de mal, mais juste posséder complètement cette bouche sensuelle, aux lèvres pulpeuses dont j’avais rêvé tant de fois. Nos regards se croisèrent une fraction de seconde, et je lus le désir inscrit en lettres de feu au fond de SES pupilles brillantes. Je savais que les miennes LUI renvoyaient le même message.

D’un mouvement viril mais sans violence, IL reprit possession de SA bouche, et avec un soupir rauque enfouit SON visage dans mon cou, libérant un nouveau déferlement de sensations torrides sur ma peau. Je plaçais mes deux mains de part et d’autre de SES tempes, tandis qu’IL parsemait ma gorge et mes épaules de baisers brûlants, descendait de plus en plus bas vers la naissance de mes seins.

SES mains vagabondes avaient quitté ma taille pour rejoindre le vallon de ma gorge, et SES baisers se firent plus lents, légers comme le chatouillis d’une plume. IL effleura l’ovale de mon décolleté du bout des lèvres, faisant se hérisser mes poils sous l’effet de la chair de poule. Manifestement enchanté par ma réaction, IL entreprit de s’immiscer un peu plus dans l’échancrure du vêtement. Au supplice, je respirais difficilement, de façon totalement erratique.

Puis subitement, IL releva la tête, essoufflé. L’expression de SON visage reflétait le trouble et l’étonnement:
« Qu’est ce que c’est que ça ? »

SA main en dérivant avait touché un objet oblongue et dur, niché contre ma poitrine.

Oh, m*** Bip !!

Je sentie mes joues virer au rouge écarlate.

« Je…c’est …mon… rouge à lèvres… Je n’avais pas d’endroit où ... »

Déboussolée, haletante et par dessus tout affreusement gênée, je tentai tant bien que mal de me dégager, mais SES bras puissants me maintenaient gentiment mais fermement allongée. Aux premières loges, je n’aurais pas pu avoir de meilleur point de vue pour suivre le cheminement de SA réflexion sur SON superbe visage. Je devins encore plus écarlate lorsqu’au bout du compte, SON froncement de sourcils interrogatif laissa place à une mine franchement amusée, et qu’IL s’esclaffa joyeusement.

Avant que je ne puisse ajouter un mot, IL se mit à appliquer plusieurs petits bisous rapides sur mes lèvres déjà gonflées et humides de baisers.

« Jean…vous êtes…absolument…irrésistible ! …tellement …imprévisible ! …si fragile …et l’instant d’après…si …désirable… »

IL avait repris un ton sérieux pour prononcer ce dernier mot qui me fit rougir de plus belle. Cherchant une position plus confortable, IL se redressa complètement, et s’adossa au canapé sans pour autant me quitter des yeux. Le regard langoureux qu’IL laissa vagabonder avec gourmandise sur les courbes de mon corps était sans équivoque. Il faut bien dire que la transparence de ma robe dévoilait une bonne partie de mes charmes, et que surtout, durant notre étreinte passionnée, le léger tissu avait gaiement évolué vers le haut des cuisses tandis que les petites manches bouffantes avaient préféré migrer vers le bas, dénudant largement mes épaules.
Alors que quelques minutes plus tôt, je lui octroyais sans hésitation la permission de se servir à volonté, à présent, je me sentais étrangement mal à l’aise devant ce regard qui me détaillait. Dans le feu de l’action, les petits défauts pouvaient facilement passer inaperçus mais en pleine lumière, c’était une autre affaire.

Heureusement, IL me rassura de SA voix merveilleusement grave :

« Tu es magnifique. »

L’admiration sincère que je discernai dans SES yeux d’opaline me fit fondre littéralement, et je lui offris un sourire timide en guise de remerciement.

De SON côté, SA tenue vestimentaire impeccablement boutonnée n’offrait pas grand chose à me mettre sous la dent, hormis quelques malheureux centimètres carrés de peau révélés par SES manches retroussées. Ce n’était pas juste ! Je connaissais le goût de SES lèvres, savoureux à souhait mais je n’aurais pas été contre la possibilité de déguster en prime certains autres endroits de SON corps. Le souvenir des muscles de SON dos sous la paume des mes mains me fit frissonner d’envie.
Comme s’IL avait lu dans mes pensées, IL leva une main élégante vers SON cou, et d’un geste précis dénoua le nœud papillon qui enserrait SA gorge, puis déboutonna le col cassé de SA chemise.

Je me figeai net, soudain tétanisée. Allait-IL se dévêtir là devant moi, tel un Chippendale ?

Indéniablement, IL me plaisait. Il aurait été hypocrite d’affirmer le contraire. Ma peau appelait la sienne comme le chant des sirènes appelait Ulysse. Comment résister ? J’avais espéré plus d’une fois me trouver dans ce genre de situation, enfin plus ou moins ce genre de situation. Je m’étais abandonnée dans SES bras ardemment et sans pudeur. Sans vraiment réfléchir. Me laissant porter par le désir qui nous avait envahi tous les eux.

Néanmoins, à présent que je reprenais progressivement pieds dans la réalité, je savais que c’était impossible, je ne pouvais pas me laisser aller de cette façon. Je ne pouvais pas « coucher » le premier soir, ça ne me ressemblait pas. Même avec LUI.

Même avec n’importe qui d’autre d’ailleurs !

Mais encore moins avec LUI finalement, car demain, IL serait parti, et moi je resterai là, toute seule, malheureuse, anéantie. Une conquête oubliée parmi d’autres sur SA route de star adulée par les femmes. Un moyen pour LUI d’oublier celle qu’IL aimait et qu’IL avait quitté parce qu’elle ne pourrait jamais LUI appartenir.

Et puis quelle idée se ferait-IL de moi si je cédais si facilement ? J’allais passer pour une vulgaire Marie-couche-toi-là, ce qui était hors de question.

Paniquée mais décidée, je cherchai fiévreusement une façon adroite de LUI annoncer qu’après L’avoir aussi ouvertement allumé, j’allais le planter là insatisfait dans SA somptueuse suite 4 étoiles. Mais je n’eus pas à dire quoi que ce soit puisque sans le savoir, IL calma mon inquiétude quant à SON strip-tease supposé, en déclarant innocemment :

« Décidément, je ne suis pas fait pour porter ce genre d’accoutrement mondain. Toute la soirée, je n’ai pensé qu’à enlever cet attirail qui m’empêche de respirer convenablement. Dieu que ça fait du bien ! »

IL se massa la nuque en penchant la tête sur le côté.

Ouf !

J’aurai adoré apporter ma modeste contribution à ce massage improvisé, mais pourtant je préférai profiter de ces quelques secondes de répit fort bienvenus pour rabattre vivement les volants de ma robe sur mes cuisses, et remettre en place les manches sur mes épaules. Je frissonnai, et réalisai tristement que j’avais un peu froid depuis qu’IL ne me tenait plus dans SES bras.

Du coin de l’œil, IL avait noté mon comportement :

« Tu as froid ? » s’enquit-IL gentiment, et délaissant SES douleurs cervicales, IL se pencha de nouveau vers moi. Je sentais bien qu’IL était plus que volontaire pour venir me réchauffer.

Je devais absolument éviter qu’IL ne m’approche de trop près car je n’étais pas certaine d’arriver à LUI résister si d’aventure…

« Non, ça va, c’est juste nerveux. »
« Nerveux ? Pourquoi ? Qu’est ce qui ne va pas ?»
« Rien, rien… »

Je repoussai la main attentionnée qu’IL me tendait, et me rassis prestement sur le bord du canapé, crispée. Le plus loin possible de cet homme follement attirant dont le col de chemise à présent largement entrouvert laissait apparaître la naissance d’une gorge palpitante, dont je pouvais aisément deviner le goût délicieusement sucré.

Je fermai les yeux pour chasser cette pensée qui recommençait à affoler les battements de mon cœur. J’inspirai profondément en agrippant mes genoux à deux mains, contractant instinctivement les muscles de mes cuisses et de mes bras.

« Jean, quel est le problème ? »

IL accompagna SA question d’une infime caresse sur mon bras qui me fit tressaillir si violemment qu’IL recula de stupeur. Je LE vis indécis, se torturer l’esprit pour comprendre ce qui se passait, puis d’une voix hésitante, IL me demanda encore :

« Qu’est ce qui ne va pas ? Si j’ai fait quelque chose qui t’a déplu … ? Je n’ai pas voulu me moquer de toi pour le rouge à lèvres. J’ai été surpris…j’ai ri…je suis désolé. »

Oh, non !

J’étais attendrie et flattée par SON air coupable, mais je ne pouvais décemment pas LE laisser croire que je LE repoussais pour une bêtise pareille.

«Oh, ça n’a rien à voir avec ça. Ne t’excuse pas. Tu n’as rien à te reprocher, tu as été …parfait. »

Le rouge me monta aux joues lorsque je repensai effectivement à la perfection de chacun de SES gestes. Ma réponse sembla LE troubler d’avantage, et sans me laisser le temps de réagir, IL attrapa mon menton, et m’embrassa si fougueusement que je me sentie chavirer. Mais aussi vite, IL quitta mes lèvres et sans lâcher mon visage, ajouta tout bas, SA bouche tout contre la mienne :

« Alors dis moi ? »

Essayant de retrouver mon souffle et ma voix qui s’étaient envolés avec ce dernier baiser, je ravalai ma salive et répondis plaintivement :

« Je ne peux pas…je ne peux pas dormir avec toi cette nuit…c’est impossible. »

Je le regardais d’un air désespéré car je sentais malgré moi l’arrivée imminente d’un flot de larmes que je serais bien incapable de contenir, et qui LE ferait fuir aussi sûrement qu’une douche froide.

Les hommes détestent les femmes qui pleurent, c’est bien connu.


Je savais que j’allai LE perdre. Même s’IL ressentait un petit quelque chose pour moi, même s’IL m’avait dit toutes ces gentilles choses et qu’IL avait semblé sincère. Si je refusais de LUI donner ce qu’IL attendait, IL allait me remercier pour ce moment divertissant puis me reconduirait jusqu’à la porte de ma chambre. Ou pire, peut être qu’IL m’indiquerait juste la direction de la sortie sans se soucier de ce qu’il adviendrait de moi une fois dehors.

Les hommes n’attendent qu’une seule chose des femmes, c’est bien connu.


Je m’imaginais déjà entrain de errer comme une âme en peine dans les couloirs de l’hôtel lorsqu’ IL eut le geste le plus romantique qui soit. IL enlaça tendrement mon visage entre SES mains en coupe et frôla de SON pouce mes lèvres frémissantes. IL repoussa amoureusement une mèche de cheveux derrière mon oreille, tout comme IL l’avait déjà fait lors de notre rencontre sur la plage. Puis effleurant ma joue d’une caresse, IL murmura avec une extrême douceur :

« Jeanne, tout va bien. Tu n’as rien à craindre de moi. »

Peut être pas tous les hommes …

Pour la première fois, IL avait employé mon prénom sans lui appliquer de déformation, ni d’accent à l’américaine. Je ne savais pas si je devais m’en réjouir ou en être désolée, j’étais proprement incapable d’analyser quoi que ce soit. IL écrasa sous SON pouce la larme qui avait jailli de sous mes cils et qui commençait à rouler sur ma joue :

« Je ne te forcerai jamais à faire ce que tu ne veux pas. Mais je dois t’avouer que … »

Ah, nous y voilà.

«… J’aimerai beaucoup que tu restes avec moi cette nuit. En fait, je n’ai pas du tout envie que tu partes…pas après ce moment fabuleux que tu viens de me faire vivre. »
« Wentworth… »
« Reste…»

SA voix était suppliante et SON regard me transperça comme une flèche empoisonnée qui vint déverser son venin délicieux au plus profond de mon âme. Comment LUI résister ?

« Jeanne, je ne te demande pas de …Si je pouvais seulement te tenir dans mes bras, je serais comblé.»

Conquise, je capitulai sans plus me poser de questions, jetant au loin mes craintes et mes doutes, et je m’abandonnai totalement contre l’épaule rassurante de cet homme merveilleux.

*****************

Dieu que cette fille est désarmante !


Elle s’était finalement endormie dans ses bras, épuisée au terme d’une longue nuit d’insomnie et il était allongé sur le canapé, son corps chaud et apaisé, blotti contre le sien.

Il écoutait avec tendresse la respiration calme et régulière qui s’échappait de cette bouche délicieuse qu’il avait possédée avec tant de plaisir.

Il conservait cette image indélébile imprimée sur sa rétine, lorsqu’elle lui était apparue sur la plage, resplendissante telle une nymphe attirée par la lumière de la lune. Elle l’avait définitivement envoûté à ce moment précis et il aurait juré avoir vu deux ailes papillonner dans son dos.

Il resserra son étreinte autour de ce corps qu’il avait senti vibrer avec tant de passion sous ses caresses. Ce souvenir réveilla son désir pour elle toujours aussi présent et inassouvi.

Ils avaient peu dormis cette nuit et ce constat le fit sourire.

Il n’avait pas pu la laisser partir, mais pour rien au monde il n’aurait voulu la brusquer.

Alors, ils avaient parlé. Parlé pendant des heures et il s’était senti aussi avide de mieux la connaître, qu’il l’avait été de la couvrir de baisers.

Lui même s’était livré à cette jeune femme inconnue avec une confiance absolue.

Elle bougea dans son sommeil et frotta sa jambe contre la sienne. Il retint sa respiration, ne voulant pas risquer de la réveiller et pourtant terriblement tenté de la réveiller justement.

Il ne voulait pas gâcher ce moment et refusa de penser à ce que demain leur réservait.

Il caressa la chevelure en bataille qui chatouillait son menton et déposa un baiser délicat sur son front avant de sombrer à son tour dans un profond sommeil.

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‘What’s this ?’
‘I…That’s …my lipstick…I had no …’

‘Jean, you’re absolutly iressistible…so unpredictable… so fragile and all the same so …desirable.’

‘you’re beautiful…’

‘Well, I’m definitly not made to wear such clothes. I spent the all evening longing for take this off and breath more easily. God, it’s good !’


‘Are you cold ?’


‘No, I’m OK, that’s just nervous’
‘Nervous ? Why ? What’s wrong ?’
‘Nothing…’


‘Jean, what’s the problem ?’


‘What’s wrong ? If I did something you disliked…? I didn’t mean to laugh when I saw the lipstick. I was just surprised…I’m sorry.’


‘Oh, that’s nothing to do with it. Don’t apology. You have done nothing wrong, you’ve been …perfect.’

‘So, tell me.’
‘I can’t…I can’t sleep with you tonight…it’s impossible.’

‘Jeanne, it’s OK, you don’t need to be afraid of me.’

‘I will never ask you to do something you don’t want to. But I got to admit that …’

‘…I would love you to stay with me tonight. Actually, I don’t want you to leave…not after the fabulous moment you’ve just offered me.’
‘Wentworth…’
‘Stay…’


‘Jeanne, I am not asking you to …If I could only hold you in my arms tonight I would be delighted.’

samedi, août 30, 2008

Chapitre 15 : « Allons-y »

« Ah non alors ! »
Il était hors de question qu’IL me fasse encore un coup comme celui-là, et qu’IL disparaisse sans crier gare en me laissant mariner dans mon jus, dans l’attente d’une hypothétique future rencontre au détour d’un hasard incertain. Ca n’allait pas se passer comme ça, cette fois ci !

Aussi, en LE voyant détaler comme un lapin, j’avais retroussé mes jupes, enfin façon de parler, hein, parce qu’elles étaient déjà bien courtes mes jupettes, et je l’avais poursuivi toutes voiles dehors, fendant la foule telle Le Black Pearl aux trousses du Flying Dutchman.

Malheureusement, je L’avais perdu de vue après qu’IL eut bifurqué à l’angle du couple Pitt, où la silhouette largement évasée de la future maman m’avait caché la direction qu’IL avait emprunté.

Damn it !

Ensuite, j’avais tenté en vain de retrouver SA trace ou celle des Potter, parmi cette masse informe de stars babillant et gravitant en tous sens. J’étais loin de posséder l’instinct de pisteuse de la belle Kate de Lost, que ce soit dans la jungle ou ailleurs. Mon sens de l’orientation était aussi réduit que celui d’un mollusque. Et encore ! Peut être que si Sawyer avait été là pour me guider …sans sa chemise bien sûr

Bref, dans mon errance, j’avais dépassé Julia R. et Mélanie G. qui grignotaient leurs petits fours avec parcimonie, régime et ligne Hollywoodienne obligent, bousculé par mégarde quelqu’un qui ressemblait vraiment, mais vraiment beaucoup à Hugh Jackman, non, ce n’est pas lui quand même… ?, et après avoir fouillé le moindre recoin de la salle comble, au point que j’avais même fini par retomber sur la vieille dame des années trente, abandonnée de tous, et en train de s’octroyer la dernière tartelette au citron du buffet, j’avais bien dû admettre qu’IL ne se trouvait plus entre ces murs.

Une fois cette inexplicable vérité assimilée, je m’étais aussi rendu compte que dans ma course effrénée, façon Anne Elliot volant vers le Captain Wentworth, j’avais en plus semé Lola en chemin, zut ! et son photographe minable, pas grave. Et pour couronner le tout, j’étais toujours pieds nus, et sans la moindre idée de comment j’allais bien pouvoir rentrer à l’hôtel sans les clés de mon amie.

C’est alors que j’avais vu s’avancer vers moi, mon nouveau meilleur pote, j’ai nommé securitman, il ne peut plus se passer de moi ou quoi ? Et alors que je m’attendais à ce qu’il me demande un fois de plus de bien vouloir sortir, ou payer une amende pour tenue incorrecte, ou je ne sais quoi d’autre, il m’avait au contraire tendu un mot de billet, plié en quatre. « Pour vous, Mademoiselle. » et tourné les talons sans autre forme de procès.

Va mon frère, va trouver une autre souffre douleur !

Le cœur battant j’avais déplié la missive inattendue dans l’espoir d’y lire quelques lignes rédigées de la main de mon héros disparu en mer, enfin pas dans la Manche hein ! mais seulement dans la marée humaine de ce cocktail mondain, mais le message suivant griffonné à la hâte sur une vulgaire serviette en papier, m’avait mis les nerfs en boule.

« Jeanne, on ne reste pas, désolée, Théo veut rentrer à mon hôtel. On te laisse sa chambre, tes affaires y sont restées. Demande la clé à la réception, on les a prévenu. On se retrouve demain là bas. Bises. Lola »


******




J’étais absolument furax. Lola m’avait lâchement abandonnée pour aller à n’en pas douter s’envoyer en l’air avec son bonhomme germanique ! Et moi, j’étais là, seule délaissée par tous, telle une vieille chaussette dépareillée. Non pas que je regrette de ne pas avoir été conviée à venir partager leurs ébats amoureux. Mon Dieu non ! Mais quand même, elle aurait pu m’attendre !

Je sentais presque la fumée sortir de mes oreilles tandis que je traversai le hall du Palais des Festivals pour rejoindre la sortie. Bizarrement, que j’emprunte les portes vitrées dans ce sens là ne gêna aucunement le service de sécurité. Personne ne m’interpella pour me demander mon multi-pass. Je sortais, donc je n’intéressais plus les vigiles, ouf !

Il était très tard et il ne restait plus qu’une minuscule poignée de photographes aux abords du tapis rouge. Certains fumaient une cigarette, leurs énormes zooms au repos, d’autres discutaient avec quelques fans, fidèles au poste, toujours à l’affût du moindre visage célèbre à immortaliser sur photo argentique ou numérique. Bien sûr ils ne firent même pas attention à moi, vu que je ne servais plus d’accessoire d’ornement à une Very Important Personne, dont un simple cliché couleur leur aurait rapporté de quoi mettre du beurre dans leurs épinards. Mais je me fichais qu’ils m’ignorent, je les ignorais aussi de toutes façons.

Par contre, une fois que j’eus posé mes pieds nus sur le bitume dur et glacé des trottoirs de Deauville, je sentie mes orteils se recroqueviller sous cette nouvelle agression. Je regrettai amèrement d’avoir égaré les chaussures prêtées par Lola. Même si elles m’avaient paru apparentées à un instrument de torture lorsque je les avais enfilées un peu plus tôt dans la soirée, au moins m’auraient-elles permis d’isoler ma voûte plantaire du sol inhospitalier que j’allais devoir emprunter sur plusieurs mètres.

N’ayant pas d’autre choix, je m’armai de courage et tout en maudissant Lola intérieurement, j’entamai ma difficile progression vers l’Hôtel Royal. J’eus la chance de ne pas rencontrer d’obstacles odorants de type déjections canines, et je me retrouvai finalement assez rapidement devant l’hôtel de Théo.

La façade à colombages, typiquement normande était largement illuminée, lui donnant l’apparence étrange d’un paquebot. J’hésitai un court instant avant d’entrer dans ce luxueux bâtiment. Allait-on me mettre dehors comme une mal propre ? Je n’avais pas tellement envie de revoir le cerbère qui m’avait si peu gentiment accueilli le matin même et qui n’avait cessé de lorgner sur mon pauvre vieux sac.

Mais Lola avait écrit dans son message que je devais récupérer les clés à la réception et qu’ils étaient au courant. Je décidai donc de lui faire confiance mais tout de même, j’échafaudai en secret quelques ignobles plans pour me venger au cas où elle m’aurait menti. Bombant courageusement le torse, je poussai la lourde porte carrousel du bâtiment.

J’étais en train d’élaborer une technique de torture terrifiante, à faire pâlir les anciens de l’Inquisition, plus efficace que Jack Bauer lui-même, quand le réceptionniste tiré à quatre épingles qui m’avait regardai de la tête aux pieds, surtout les pieds, me tendit enfin la clé promise non sans avoir très professionnellement consulté son registre. Lola, bénie sois-tu ! Je rangeai mes idées de tortures machiavéliques dans un coin de mon cerveau, ça pourrait peut être bien resservir un jour.

Je retrouvai sans mal le chemin des ascenseurs. Devant les portes d’acier, je soupirai au souvenir de ma rencontre avec Wentworth à ce même endroit quelques heures plus tôt, un siècle plus tôt. Où pouvait-IL bien se cacher à présent ? Malgré mes recherches assidues dans toutes les parties accessibles du Palais des Festivals, je ne l’avais pas revu avant de partir, ni les Potter d’ailleurs. Ils semblaient s’être volatilisés dans la faille cosmique.

Pourtant, il n’y avait eu aucun courant d’air, et je n’avais pas entendu le vrombissement très particulier, presque musical, qui accompagnait systématiquement l’arrivée et le décollage du Tardis. Donc, il était impossible qu’ils se soient réfugiés à l’intérieur du fameux vaisseau spatial intemporel.

Oui mais alors, où était-Il donc passé ? Tout en appuyant sur le bouton lumineux qui fit grimper l’ascenseur vers les étages supérieurs, je songeai qu’IL avait probablement été alpagué par quelques journalistes, ou professionnels du cinéma. IL était quand même là pour le boulot. Pour faire la promo de la série et du prochain film dans lequel on LE découvrirait à l’automne, d’après ce que j’avais pu lire dans la presse spécialisée. Certes, mais IL m’avait quand même joliment snobé tout à l’heure. IL s’était subitement évanoui dans la nature sans un mot alors que la seconde d’avant IL m’offrait un sourire ravageur, et montrait tous les signes d’un homme concerné par mon bien-être. Et mon bien-être dépendait grandement de LUI. Franchement, c’était à n’y rien comprendre ! De plus, je commençais à être franchement fatiguée, et tout cela me prenait la tête gravement !

Après avoir foulé avec plaisir l’épaisse moquette des couloirs de l’hôtel, un vrai bonheur pour mes pieds nus, je refermai enfin la porte de la chambre derrière moi. Je m’appuyai épuisée contre le panneau de bois, et le silence apaisant de la pièce m’envahit agréablement. Elle était restée exactement dans l’état où nous l’avions laissée. Personne n’était venu faire le ménage durant notre absence. Théo avait sûrement exigé du personnel de l’hôtel que l’on ne touche à rien chez lui, c’était tout à fait son genre.

Les vêtements que Lola avaient portés dans la journée étaient éparpillés sur le sol et sur le lit. Le sac qui avait contenu la robe griffée offerte par Théo gisait à demi arraché sous la fenêtre. J’avançai lentement au milieu de tout ce bazar qui m’était familier vu que je n’étais pas non plus la reine du rangement. Sans avoir besoin de trop chercher, je repérai mon sac ADIDAS, intact. Je retrouvai aussi mes chaussures, ainsi que mon jupon noir et mon haut du même coloris Je les avais négligemment abandonnés sur le dossier d’un fauteuil avant d’enfiler la robe prêtée par ma fofollette de copine.

Ah ! celle là, malgré tout, si elle n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Finalement, sans Lola et son boulot de photographe, jamais je n’aurais eu la chance de me trouver ici, ni de porter ce genre de fringues hors de prix. Ni par ricochet de vivre ces instants uniques avec LUI.

Avant de commencer à me dévêtir de ma robe de Cendrillon pour redevenir une simple petite souillon, je caressai une dernière fois le tissu soyeux du vêtement. Le noir était assurément ma couleur favorite, néanmoins je ne garderais que de bons souvenirs de cette petite robe rose poudrée qui m’avait fort bien rendue service, et qui avait été témoin de tant de choses aujourd’hui. J’eus un léger pincement au cœur au moment de la dégrafer.

C’est alors que je réalisai horrifiée que mon décolleté ne contenait plus le fameux bâton de rouge à lèvre. Malheur ! Il avait dû glisser à mon insu et je l’avais bêtement perdu. Une lueur d’espoir me fit espérer qu’il se trouve quelque part entre ici et le hall de l’hôtel. Car je ne me voyais vraiment pas ressortir dans la rue et revenir sur mes pas pour le retrouver.
En un éclair, j’enfilai ma vieille paire de Docs usées dans laquelle je me sentis aussi à l’aise que dans des chaussons, et je fonçai dans le couloir. Je débutai sans tarder mes investigations, le nez rivé sur le sol à la manière d’un Sherlock Holmes du Dimanche. Chemin faisant, je pestai contre moi-même et surtout sur ces tenues de soirée, certes jolies, mais totalement dénuées de poches, et dont le côté pratique laissait grandement à désirer. Peut être que je n’en garderais pas de si bons souvenirs en fin de compte.


Hourra
! La chance était avec moi car je découvris rapidement l’objet du délit qui avait roulé dans un coin face à l’ascenseur. Je me penchai prestement pour le ramasser et le renvoyer illico dans sa cachette, au moment précis où le bruit de la cage d’ascenseur se fit entendre, assorti du « ding » annonciateur de l’ouverture des portes.

Ce n’était pas vraiment le Tardis, mais avec un peu d’imagination, ça aurait pu y ressembler. Toujours est-il que ce ne fut ni Rose, ni le Doctor qui émergèrent de la cabine de métal, mais LUI, seul, sans Converses, ni T-Shirt aux couleurs de l’Union Jack. Evidemment, pile au moment où le petit courant d’air produit par le mouvement des portes souleva malicieusement le bout de tissu ridiculement court censé dissimuler ma petite culotte. Je me redressai juste une seconde trop tard et à en juger par la mine réjouit de mon unique spectateur, IL n’avait rien manqué de la scène.


Ben voyons, rince toi l’œil, mon gaillard. Tu ne perds rien pour attendre !


Malgré l’effet de surprise provoqué par SON arrivée inopinée, j’étais bien décidée à ne pas craquer devant SES beaux yeux et SA bouche en cœur, mais je voulais LUI faire comprendre qu’IL n’avait pas le droit de jouer avec moi comme ça. IL ne pouvait pas éternellement apparaître et disparaître, concept très Whoesque, en me laissant croire que quelque chose pouvait naître entre nous. IL avait beau être célèbre, IL n’était pas pour autant exempté de bonnes manières.

Après m’être assuré que ma robe avait bien repris sa place, je croisai les bras et m’efforçai d’arborer mon air le plus inamical, celui que Lola appelait pour me taquiner mon légendaire air aimable. IL comprit instantanément et quitta l’expression amusée qu’IL avait affiché en matant mon popotin à la sortie de l’élévateur. Dès qu’IL commença à parler, le son de SA voix fabuleusement sensuelle faillit me faire perdre mes bonnes résolutions, mais je tins bon.

« Jean, je pensais justement à vous. Je me demandais comment vous retrouver. Et une fois de plus, le destin vous met sur ma route… »

En même temps mon Coco si tu ne t’étais pas débiné comme tu l’as fait, t’aurais pas eu besoin de me chercher !

« Je tenais à vous dire que je suis vraiment désolé… »
« Ah,… encore ? C’est la deuxième fois que vous êtes désolé ce soir. Est-ce une habitude chez vous, Wentworth ? »

IL encaissa ma remarque sans broncher, et je sentie ma détermination vaciller légèrement devant SON air coupable.

« Je vous présente mes excuses. Vous avez toutes les raisons d’être fâchée car je n’aurais jamais du partir comme ça tout à l’heure… »
« Non, en effet, ce n’était pas très poli. »

J’enfonçai un peu plus le clou. Après ce qu’IL m’avait fait endurer émotionnellement aujourd’hui, je n’allais pas LUI faciliter la tâche. Visiblement embarrassé, IL frotta la paume de SA main gauche avec SON pouce droit, comme s’IL tentait d’en chasser une douleur imaginaire.

« Croyez moi, ce n’est pas dans mes habitudes. C’est juste que…je…devais partir… »

Et c’est tout ? Va falloir faire mieux l’ami. C’est pas très efficace là !

Je restai muette et au lieu de lui tendre la perche salvatrice qu’IL attendait, je me contentai de hausser un sourcil interrogateur. Je LE vis baisser la tête, puis la relever presque aussitôt, bravement comme s’IL se préparait à affronter SES pires angoisses.

« Jean, je devais passer un coup de fil important. Je ne pouvais pas continuer à vous voir et à …échanger tous ces moments avec vous tant que je n’avais pas réglé certaines choses. Vous comprenez ? »

J’avais peur de comprendre, en effet. IL poursuivit et SA voix n’était plus qu’un souffle imperceptible :

« J’ai une… amie …chez moi, aux Etats Unis. Elle s’appelle…Sarah. Nous sommes très proche et nous avons…une histoire en commun, mais …elle est mariée et … » IL stoppa SA phrase comme s’il LUI devenait trop pénible d’en dire plus.

Mon Dieu, ça y est !

J’étais suspendue à SES lèvres, abasourdie qu’IL se livre à moi aussi sincèrement. Les traits de SON visage étaient sillonnés d’une tristesse que je me sentis terriblement coupable d’avoir provoqué en L’obligeant à me fournir des explications sur SON comportement fuyant. Je quittai mon attitude austère et décroisai les bras en disant :

« Je suis vraiment désolée, je n’aurais pas dû… »
« Voilà que c’est vous qui êtes désolée à présent ! »

IL ébaucha un semblant de sourire triste qui acheva d’abattre complètement les murailles bien fragiles que j’avais érigé contre LUI. Sans avertissement, IL enveloppa délicatement mes mains entre SES deux larges paumes, fraîches et douces comme du satin.

« Ne le soyez pas. Vous n’avez rien à voir dans tout cela. C’est ma faute. Je voulais être sincère avec vous. Je ne pouvais pas vous mentir alors que votre regard…est si pur, si honnête. Jean, vous me déstabilisez. Je ne comprends rien à ce qui m’arrive.... »


Et moi donc !


IL était dangereusement proche de moi, et je sentais SON haleine légèrement citronnée contre ma joue.

« J’aimerais vous parler, si vous voulez bien. Mais pas ici, pas dans cet endroit. Puis-je … vous proposer un verre ? Ma suite est juste au bout du couloir. »
IL m’indiqua une porte située complètement à l’opposé de celle de Théo.

IL m’invite dans SA chambre ?Baboum !

Mon cerveau se mit à travailler à cent à l’heure, mais il ne me fut d’aucune utilité car il était bien incapable de produire une seule pensée raisonnable.
Devais-je accepter son invitation ? Je n’en savais rien. Etait-Il sincère ? Je voulais le croire mais je ne pouvais pas en être sûre. Qu’est ce qui m’attendait là bas ? Je l’ignorais mais je mourrai d’envie de le découvrir. D’une toute petite voix timide, je m’entendis LUI répondre :

« Pourquoi pas. Je vous suis. »

IL sembla se détendre d’un coup, et recula pour me laisser passer en déclarant dans un français attendrissant :

« Allons-y. »

Je fus heureuse de constater que ma réponse LUI avait rendu un semblant de gaieté Nos mains se quittèrent et je me dirigeai confiante vers la porte qu’IL m’indiqua d’un signe.

En marchant à ses côtés, je LE vis jeter un œil sur mes Docs dont je n’avais même pas pris le temps de nouer les lacets. IL ne fit aucun commentaires et j’eus la sensation qu’IL craignait de me vexer.

Voilà ce qui arrive quand on veut jouer à la femme froide et insensible.

Le trajet jusqu’à SA chambre ne fut pas bien long, et une fois devant la porte, Il extirpa une clé de SA poche de pantalon, et glissa l’objet dans la serrure pour enclencher le mécanisme d’ouverture. J’étais fascinée par SES longues mains en mouvement. J’aurais pu LES regarder bouger pendant des heures sans me lasser, tant leur grâce et leur finesse me transportaient.

Prévenant et complètement inconscient de l’effet que SES gestes anodins produisaient sur moi, IL alluma la lumière dans la pièce avant de me laisser entrer la première. Ainsi, je pénétrai dans SON intimité avec une prudence mâtinée d’une bonne dose d’émotion. Si la chambre de Théo était un désordre monumental, celle de Wentworth était impeccablement rangée. Pas un seul vêtement froissé ne traînait par terre, aucun magazine n’était resté ouvert sur la table, pas non plus de bouteille vide ou de sac déchiré. Tout était parfaitement nickel.

J’admirai le mobilier d’une grande élégance. Une superbe commode et deux fauteuils de style Empire encadrés un somptueux canapé en velours carmin. De lourdes tentures de velours foncés masquaient les immenses fenêtres. J’étais médusée devant tant de luxe et de raffinement. IL avait parlé d’une suite bien sûr et non pas d’une simple chambre. Quelque part je me sentie plus à l’aise avec l’idée que le lit ne trônait pas au centre de la pièce.

« Asseyez vous, je vous en prie. Qu’est ce que vous buvez ? »
« Oh, un simple jus de fruits, ça sera très bien. »

Les deux coupes de champagne que j’avais bu durant le cocktail étaient largement suffisantes pour la soirée, je me sentais déjà un tantinet grise et je préférai éviter les mélanges douteux pour garder la tête froide le plus longtemps possible.

D’un geste gracieux, IL ôta SA veste de smoking, et mes épaules frissonnèrent au souvenir du récent contact de ce tissu onéreux. IL la déposa soigneusement sur le dossier d’un fauteuil, puis entreprit de retrousser SES manches l’une après l’autre. Je notai mentalement qu’aucun tatouage n’ornait SES avant bras musclés. Encore un aspect de SON personnage dans la série qui n’avait rien à voir avec SA véritable personnalité. IL capta mon regard et devina aisément ma pensée. IL sourit :

« Et non… pas de tatouages. Déçue ? »
« Non, bien sûr que non. Je n’ai jamais cru que … »

Quelle idiote ! Etais-je vraiment obligé de lui dévoiler que j’étais incontestablement fan de SA série et du détenu qu’IL y interprétait, tatoué sur la totalité des bras et du torse ? Oui, après tout, c’était la vérité et je ne me voyais pas LUI mentir.

« Ben, en fait, j’adore votre personnage dans la série. Je trouve que vous jouez super bien et que vous avez su le rendre attachant…émouvant même. »


Quelle originalité ! T’es bien la première à lui dire ça !! Ma pauvre Jeanne…


« Oh ? Vous le pensez réellement ? Et bien, merci, ça me touche. Mais vous savez, le scénario est tellement bon que ça facilite beaucoup mon travail. »
« Oui, je suppose mais quand même… »

Banalité quand tu nous tiens…

IL ouvrit la porte du mini bar et en sortit deux petites briquettes de jus d’orange qu’IL secoua énergiquement avant de s’emparer de deux verres judicieusement préparés par le personnel de l’hôtel, toujours désireux d’anticiper les besoins des clients. Je m’étais assise sur le canapé, et je l’observai. A vrai dire, je LE dévorais des yeux, ne voulant pas perdre une miette de SES mouvements. IL déposa verres et bouteilles sur la table basse qu’IL contourna ensuite pour venir s’installer à mes côtés.

« Je vais boire la même chose que vous Jean, je crois que ça vaut mieux … » avoua-t-IL avec une pointe d’ironie embarrassée.
Se pouvait-IL vraiment qu’IL soit aussi intimidé que moi ? LUI, Wentworth Miller ? Le charmeur de ses dames ?

« Bon, en même temps vous n’avez pas à prendre le volant pour rentrer chez vous. Ca devrait aller. » dis-je en riant, et je mimai Mister Bean tenant un volant imaginaire, et zigzaguant de droite et de gauche. IL rit devant ma tentative navrante pour détendre l’atmosphère qui commençait à devenir un peu trop chargée à mon goût.

« Et puis, tant que vous ne vous comportez pas comme le goujat imbibé d’alcool qui sort avec mon amie ! »
« Oh, le photographe allemand ? Oui, j’ai cru remarquer qu’il avait un petit souci avec la boisson. » rétorqua-t-IL poliment tout en remplissant nos verres de jus d’orange.
« Vous ne l’appréciez pas beaucoup on dirait ? »
« Théo ? » je fis mine de réfléchir avant de répondre « Non, je ne l’aime pas, et finalement je n’ai pas vraiment envie de parler de lui en ce moment. »
« C’est parfait parce que moi non plus. »

IL me tendit mon verre et nos doigts se frôlèrent au passage. Je sus qu’IL avait ressenti le même frisson que moi à ce contact car IL riva SES yeux dans les miens et murmura :

« Jean… »
« Oui ? »
« Vous me troublez. Je suis certain que vous aussi vous ressentez ce …sentiment. Comme un lien invisible entre nous. Je ne sais rien de vous et pourtant … »
« … »

SA voix tremblait et SA main aussi, à peine, mais suffisamment pour qu’IL soit obligé de détourner la tête et de reposer SON verre sur la table basse. IL se frotta les paumes l’une contre l’autre comme pour se donner une contenance.

« Mon Dieu, vous ne direz donc rien pour m’aider !? » lâcha-t-IL avec un petit rire forcé qui en disait long sur son mal-être.

Pour toute réponse, je me débarrassai aussi de mon verre. J’enveloppai doucement SES deux mains dans les miennes et les serrer tendrement.

« Je crois…je crois que c’est pareil pour moi mais …je n’ose pas …vous êtes…tellement… »
« Tellement …?… Je suis un lâche, voilà ce que je suis !… » s’emporta-t-IL subitement.

… ? J’ai dû rater un épisode.

Je ne comprenais pas vraiment ce retournement de situation des plus imprévisibles que j’accueillis avec perplexité. Moi qui me voyais déjà goûter à la douceur d’un baiser, j’eus en compensation le privilège d’une confession qu’IL débita comme on se libère d’une souffrance trop longtemps contenue.

« Tout à l’heure, l’amie dont je vous ai parlé…Sarah…je l’ai appelé pour lui annoncer que c’était terminé et que nous ne pouvions plus nous voir. Hormis dans le cadre du travail. Je lui ai dit cela par téléphone ! » IL semblait bouleversé. « Depuis, elle n’arrête pas de m’appeler et je…ne réponds pas… »


Oh !?… Ooooh…


C’était donc cela, et je ne m’étais pas trompée IL avait passé la soirée à penser à elle et ils avaient échangé plusieurs coups de fil. Mais j’avais du mal à assimiler la partie la plus importante de SA révélation. IL l’avait quitté ?! Justement aujourd’hui ?!

Par téléphone par contre, hum… pas très galant tout ça.

Mais au lieu de m’apitoyer sur la pauvre Sarah qui avait dû morfler sévèrement, c’était Wentworth Miller quand même, je me demandais curieuse, à quel moment précis IL lui avait annoncé cette triste nouvelle ? Avant ou après notre presque baiser sur la plage ?

Tu m’étonnes que SON téléphone n’arrêtait pas de sonner !

J’étais sidérée et néanmoins incroyablement flattée qu’IL se livre ainsi à moi. La fissure qui venait d’apparaître dans la belle armure argentée de mon chevalier n’était pas pour me déplaire. IL n’était pas l’homme parfait que s’obstinaient à nous présenter les magazines People. L’image en papier glacé qui s’étalait sur la double page n’était que la partie visible de l’iceberg, une infime partie de cet être vivant, complexe, vulnérable, avec SES imperfections, SES chagrins, SES regrets…IL bougea les doigts et je frémis sous la caresse de ce simple geste.

« Vous devez me trouver bien insensible. Je ne suis pas celui que vous imaginiez… »


Oh que si …


Je me gardai bien de dire un seul mot, LE laissant continuer.

« Pourtant, mes sentiments pour elle ont toujours été sincères. J’ai cru…si elle avait été libre. Mais ces derniers temps notre relation, », IL reformula SA phrase, honteux, « notre liaison devrais-je dire, s’est dégradée. C’était trop compliqué. La presse…devoir se cacher, se justifier sans cesse. Je ne pouvais plus endurer tout cela, mais elle n’a pas compris. »

Oh, là ! J’appréciai énormément SES confidences mais en réalité, je n’étais pas vraiment certaine d’avoir envie de L’entendre me relater tous les détails de leur amour contrarié. Je sentais la pointe acérée de la jalousie me titiller avec insistance.

« Jean, si je vous raconte tout cela c’est que… »


Mon Dieu, que s’apprête-IL à dire à présent ?!


J’étais profondément troublée par l’intensité de SON regard qu’un éclair de lumière artificielle venait frapper, provoquant un effet de transparence sur l’iris nacré, aussi clair et scintillant qu’une pierre précieuse. Je n’aurais su dire avec certitude quels sentiments s’y reflétaient mais à n’en pas douter, ils étaient nombreux et contradictoires.

« …Lorsque mon agent m’a annoncé que j’avais des engagements à tenir ici, j’ai profité de cette occasion pour…fuir. Je vous l’ai déjà dit, je suis arrivé dans cette ville, désabusé, et sans but mais j’avais pourtant ce sentiment étrange que quelque chose m’y attendait. Et puis, je n’ai pas cessé de vous croiser. Vous, si radieuse, si différente au milieu de tous ces gens qui jouent un rôle en permanence autour de moi, qui attendent tous quelque chose de moi, qui ne sont jamais naturels. Oh, Jean, vous êtes une bouffée d’air pur dans ma vie … »

Baboum, baboum, baboum !!


IL se pencha vers moi…

Baboum, baboum, baboum !!


IL sentait terriblement bon…

Baboum, baboum, baboum !!

Et puis ...

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“Jean, I was thinking of you. I was wondering how I would find you. Then, once more, you jumped in front of me…”

“I need to tell you how sorry I am…”

“Ah ? …Again ? It’s the second time you’re sorry tonight. Are you used to it, Wentworth ?”

“I must apology to you. You’re perfectly right to be angry at me, for I should never have left you like I did…”
“No, indeed, it was not very polite”

“Believe me, it’s not in my habits. That’s just that …I…had to go…”

“Jean, I had an important call to give. I couldn’t go on and meeting you,…exchanging all these moments with you since I had not fixed something. Can you understand ?”

“There is this friend of mine, back home, in the United States. Her name is…Sarah. We are very close and we…have a history, but she is married and…”

“I am truly sorry, I shouldn’t have…”
“Here, you’re the one to be sorry now…”

“Don’t be. You have nothing to do with it. It’s all my fault. I wanted to be sincer with you. I couldn’t lie to you while your eyes are so pur, so true. Jean, I don’t understand what’s happening to me…”

“I’d liked to speak to you if you agree. But not here, not in this place. May I …offer you a drink ? My suite is just at the end of the corridor.”

“Why not, you lead.”
“Allons-y”

“Sit down, please. What will you drink ?”
“Oh, a fruit juice would be fine.”

“No...no tattoos. Disappointed ?”
“No, of course not. I never thought...”

“Actually, I love your character in the show. I think you’re very good at giving him emotional aspect.”
“Oh, you really think so ? Well, thank you, I appreciate that. But you know, the scenario is so good that it makes things easier.”
“Yes, I suppose so, anyway...”

“It’s better if I drink the same as you do, Jean...”

“Well, you don’t have to drive to go back home anyway. It should be OK.”
“As long as you don’t behave like the alcoolic boyfriend of my friend.”

“Oh, the german photograph ? Yes, I noticed that he has a little problem with drinking. You don’t like him very much, do you ?”
“Théo, no, I don’t like him but I don’t really want to talk about him right now.”
“That’s perfect for I don’t either.”

“Jean…”
“Yes?”
“You trouble me. I’m sure that you feel it too...that feeling. It’s like a link between us. I don’t know you, and even...”

“God, won’t you say something to help me out ?”

“I think...I feel the same but...I’n not sure...you are so...”
“So what ?...I’m a coward, that’s what I am!”

“Later on, I called my friend, Sarah, to tell her that it was over, and that we could not see each other anymore, except for our work. And I told her this on the phone. Since then, she keeps calling me but I don’t answer the phone...”

“You must think I’m bad. You’re not the one I thought...”

“Nevertheless, my feelings have always been sincere towards her. I thought, if she had been single. But lately, our story, I mean, our affaire started to fall appart. It was too complicated. The medias...hiding and lying constantly, I could not bear it anymore but she didn’t understand.”

“Jean, if I’m telling youthis it’s because...”

“When my agent asked me to come here for promotion, I took this opportunity to runaway. I already told you that when I arrived in this city, I felt lost, I had no real goal, but I knew that something was waiting for me here. Then I kept meeting you. You’re so lovely, so different from all these people around me, playing a role, just expecting something from me, never true. Oh, Jean, you’re like a breath of fresh air in my life...”

lundi, août 25, 2008

Chapitre 14 : Tu t’es vu quand t’as bu ?

Note : Afin de faciliter la lecture des non-anglophones, les dialogues sont traduits en anglais à la fin du chapitre.

J’avais toujours l’appareil téléphonique entre les mains lorsque mon copain le vigile déboula vers nous d’un air qui ne disait rien qui vaille. Je pensai qu’il venait pour nous interdire d’utiliser ce démon sonore miniature, et je fourrai rapidement le combiné dans une poche de la veste. Ne voulant pas lui laisser le loisir de nous sermonner, je lui offris aussitôt un sourire enjôleur en lui promettant que j’avais coupé le son, et que je ne risquai plus de gêner quiconque avec la sonnerie. Mais mon sourire pourtant accompagné du décolleté plongeant de Lola, ne dut pas être suffisamment convaincant pour ce gorille hors de sa cage car sans desserrer les dents il me lança :

« Mademoiselle, on m’envoie récupérer la veste de Mister Miller. Si vous voulez bien… »

Il tendait déjà un bras impératif et non équivoque.

On l’envoie récupérer la veste de Mister Miller ? Trop surprise pour réagir, je restais inerte, les bras ballants. Qui ?…mais bien sûr, SON attachée de presse…qui d’autre ?

Pressentant la riposte acérée de Lola que je devinais fulminante près de moi, je me dépêchai de poser une main apaisante sur son bras. Il n’était pas nécessaire de se faire encore remarquer ce soir, je commençais vraiment à avoir ma dose d’affrontements perdus d’avance avec cette armée de vigiles sans cœur. Je me parai donc cette fois de mon sourire le plus respectueux, et tout en lui répondant poliment qu’il n’y avait aucun soucis, j’entrepris de me délester de SA veste. J’admets que je n’en avais plus vraiment besoin, bien au contraire, je commençais plutôt à avoir trop chaud. Néanmoins, mon cœur se serra et je ne pus retenir un plaisant frisson lorsque le satin de la doublure glissa sur ma peau nue pour quitter définitivement mes épaules. Alors que je lissais machinalement le précieux vêtement avant de le remettre au gentil monsieur en noir, une effluve de SON odeur qui s’était nichée dans le tissu vint sournoisement titiller mes narines. Je me surpris à fermer les yeux et à respirer à fond cette bouffée de LUI.

Instantanément, je fus propulsée de nouveau sur la plage. IL était là, face à moi, mes deux mains étaient posées sur SON torse et la chaleur de SON corps se propageait sous mes doigts. SON visage se penchait lentement vers le mien, et cette odeur, SON odeur m’enveloppait avec délice, me portait vers un univers de douceur, m’enivrait tel un parfum capiteux.

« Jeanne ? »

La voix gênée de Lola me fit rouvrir les paupières, et c’est rouge de honte que je tendis la veste à l’homme de la sécurité qui me regardait d’un air atterré. Je me comportais comme une fan transie et stupide en possession d’un objet sacré appartenant à son idole. C’est peut être bien ce que je suis en réalité…une simple fan …car si j’étais plus que ça, IL serait là avec moi, et IL me demanderait LUI-MEME de lui rendre SA veste, ou de la garder…

Avant que je n’ai pu demander si Mister Miller avait, par le plus grand des hasards, laissé un message à mon attention, ou demandé de mes nouvelles, ou juste prononcé mon nom, la grande brute insensible tourna les talons sans même me remercier, emportant avec lui ; veste, téléphone portable, et odeur suave. Même la poitrine généreuse de Lola n’eut pas droit au traditionnel coup d’œil masculin appréciateur. Le boulot, c’est le boulot ! Mon amie pinça le nez en regardant s’éloignant ce malotru sans intérêt.

« Qu’il s’en aille avec SA veste après tout ! T’inquiète pas Jeanne, je suis certaine qu’IL saura venir te retrouver LUI MEME dès qu’IL le pourra. IL doit être accaparé par les journalistes et les gens du métier, c’est pour ça qu’IL a dû partir tout à l’heure. »

Clairement, elle essayait de me rassurer, elle avait bien compris que je me posais tout un tas de questions, et même si elle ne connaissait pas réellement toute l’histoire de ma rencontre avec Wentworth, elle me connaissait moi. J’avais toujours été hyper sensible dans tous les domaines, je pleurais très facilement, mais je m’enflammais aussi très vite, ce qui m’avait valu moult déprimes et plus d’un cœur brisé.

Le « Oui » mal assuré que je lui renvoyai ne fut que le reflet de mon désarroi. J’étais sur le point de tomber amoureuse de LUI, en chair et en os, et non plus seulement du personnage public que j’avais connu jusqu’alors. Je l’avais côtoyé de près, j’avais cru L’approcher dans son intimité, LUI, sans artifice, au naturel. L’admiration que j’avais connu pour LUI s’était transformée en autre chose. Je voulais LE connaître, mais pas parce qu’IL était célèbre, ni pour frimer auprès de mes amies, ou narguer les autres fans en me pavanant à SON bras. Non, je voulais mieux LE connaître car je devinais qu’IL était exceptionnel et qu’IL recelait au fond de LUI des trésors insoupçonnés. Sur la plage, j’avais pratiquement touché du doigt, enfin frôlé du bout des lèvres, une infime partie de SES merveilles cachées. J’avais eu la sensation étrange mais réelle qu’IL était près à me laisser L’atteindre, et LE découvrir. Comme s’IL était près à s’ouvrir à moi, et en même temps désireux de me connaître aussi.

Serais-je assez prétentieuse pour croire que je pouvais LE combler, et LUI apporter une once de ce dont IL pouvait avoir besoin ? De quoi avait-IL besoin d’ailleurs ? IL avait déjà tout : réussite, argent, talent, célébrité, amour… Amour ?

Tous ces coups de fils. C’était elle, Sarah. SA partenaire à l’écran, SON amie dans la vie. Et aujourd’hui, j’avais eu plusieurs fois la preuve qu’elle essayait de le joindre. J’étais absolument persuadée que c’était elle à l’autre bout du fil quand je L’avais vu téléphoner derrière le pilier, puis quand SON portable avait sonné sur les planches. De plus, SON attachée de presse LUI avait dit que quelqu’un d’important cherchait à LE joindre, et là encore quelques minutes plus tôt, cet appel.

« Arrête tout de suite de te torturer, t’as compris ! »

Lola me secoua le coude énergiquement. Elle avait probablement vu mon visage se décomposer et deviné le cheminement de ma pensée. Décidément, j’étais incapable de cacher mes émotions ou alors elle me connaissait vraiment trop bien.

« Je te dis que je suis sûre qu’IL va essayer de te revoir. Crois-moi, j’étais là quand tu jouais à La Belle au Bois Dormant, et j’ai vu avec quels yeux IL te regardait. Franchement, ma Vieille, je sais pas si tu m’as tout raconté sur votre rencontre… »

La pointe de soupçon qui filtrait dans sa voix me fit baisser les yeux, elle était redoutablement perspicace mais je refusai obstinément de lui parler du presque-baiser.

Après tout, IL n’avait pas voulu répondre à cet appel qui avait gâché notre moment d’intimité, IL avait même pesté contre cette interruption. Qu’avait-IL dit ensuite : « Ce n’est pas important ». Pas important, est ce que cela voulait dire : moins important que d’être avec moi ?

Un franc sourire réussit miraculeusement à se faufiler hors de mon cerveau tortueux, et vint éclore sur mes lèvres. Il fallait que je positive, que je me focalise sur le bon côté des choses, et que je profite !

Lola et moi étions toutes les deux au Festival de Deauville, dans l’enceinte même du Palais. Nous avions réussi à nous faire inviter à cette soirée, au milieu des stars, ce qui était déjà plus qu’inespéré. Bon si on occultait le fait que c’était grâce à Théo, c’était juste génial !

Par dessus le marché, j’avais traversé le tapis rouge aux bras de mon Prince Charmant devant la France entière. Que dis-je !? Devant le monde entier !

Ensuite, nous avions croisé Antôôônio, et bénéficié de la meilleure vue possible sur son irrésistible sourire ibérique.

Puis, bien que les toilettes du Palais ne soient pas répertoriées comme l’endroit le plus approprié où se forger des souvenirs uniques, j’y avais rencontré la fabuleuse Julia Roberts qui m’avait généreusement offert son bâton de rouge à lèvres, et prodigué quelques bons conseils très féminins. Je portai la main à mon décolleté, et tâtai en souriant la forme allongée du tube de maquillage que j’y avais glissé. Rien que ces petits moments exceptionnels vécus en l’espace de quelques heures auraient pu suffire à rendre ce séjour inoubliable.

Or, il y avait eu LUI, la cerise sur le gâteau. J’étais venue à Deauville avec l’espoir fou de LE voir en vrai, tout simplement, et d’assister à la conférence de presse qu’IL donnerait le lendemain. Mais le destin m’avait réservé bien mieux que cela. Beaucoup mieux que cela. Et la suite ne pouvait que s’annoncer encore meilleure. La nuit était loin d’être terminée, et d’après ce que m’avait dit Lola, IL était censé rester 2 jours dans cette ville. C’était court mais suffisant pour qu’on arrive à se revoir. Et j’étais sûre à présent que Lola avait raison, et qu’IL allait essayer de me revoir. J’en étais certaine !

Souriant de toutes nos dents, Lola et moi volâmes tels deux papillons vers la lumière qui inondait la salle du cocktail, attrapant au passage deux coupes de Champagne disposées sur un plateau de service. Nous papotions joyeusement, profitant du moment tout en observant les célébrités qui nous entouraient.

Woody Allen était là en grande conversation avec une jeune et jolie blonde à la coiffure sophistiquée que je me souvenais avoir déjà vu dans plusieurs de ses films. Elle riait à ce qu’il lui racontait et il semblait ravi de sa réaction. D’autres invités dont Madame Allen accompagnée du Président du Festival, Clint Eastwood et de sa tendre moitié au visage moins célèbre, s’approchèrent du couple, et prirent part activement à leur discussion.

Un peu plus loin, je remarquai Edouard Baer, qui avait fait rire tout le monde en jouant impeccablement le rôle de maître de cérémonie pour cette soirée d’ouverture. Il répondait aux questions d’une journaliste qui lui braquait sous le nez un micro à l’effigie d’ARTE.

J’avais l’impression de rêver, et je songeai qu’en règle générale je n’assistai à ce genre d’événement que par le biais de mon petit écran.

Lola ajouta une dose d’incrédulité à mon état d’euphorie, en me montrant du doigt un groupe de personnes à notre droite. Le couple le plus people du moment se tenait parmi eux, et j’admirai, rêveuse et un brin envieuse, le ventre vraiment très rebondi de la magnifique femme brune qui se tenait aux côtés de son vraiment très canon de mari. Je ne les avais pas vu arpenter le tapis rouge, ni poser pour les photographes mais de toute évidence Mr and Mrs Smith étaient bien là à quelques pas de moi. On ne peut plus épanouis et à l’aise, devisant avec leurs semblables.

Je distinguai aussi dans la masse de visages tous plus connus les uns que les autres, la tignasse rouge et bouclée de ma donatrice en maquillage. Je racontai alors à Lola mon passage aux toilettes, et lui montrai pour preuve l’objet en question que j’avais extirpé tant bien que mal de sa cachette. Elle se retint difficilement de hurler, et me fit promettre que je lui permettrais de l’utiliser, ce que je lui accordai bien volontiers étant donné que je n’avais jamais été une fana de rouge à lèvres, et que je ne m’en servirais certainement pas très souvent.

J’étais entrain de ranger le tube à sa place en tâchant d’être le plus discrète possible au milieu de cette foule de personnalités, quand une voix familière nous interpella.

« Alors les filles, ça gaze ?! »

Théo nous rejoint, et s’agrippa aussitôt à Lola en affichant son air de propriétaire satisfait qui me hérissa les poils des bras. Il jeta un œil curieux vers ma poitrine.

« Qu’est ce que tu farfouilles là dedans, Jeanne ? Si tu crois pouvoir rivaliser avec Angelina Jolie, t’as encore de la marge !!! » crut-il bon de lancer en rigolant, et en s’enfilant une rasade de Champagne.

Espèce de débile profond va !

« Oh, Théo, ne soit pas méchant s’il te plait. Tu m’as dit toi même tout à l’heure que tu trouvais Jeanne très jolie dans cette robe ! »

Ma pauvre Lola, c’était avant qu’il soit complètement bourré. J’avais tellement honte pour elle. Comment ne pouvait elle pas se rendre compte du type exécrable avec lequel elle sortait ?

« Mouais, peut être…l’est pas mal…mais toi, t’es bien mieux roulée ma puce ! » ajouta-t-il en lui fourrant ostensiblement la main aux fesses.

Mon Dieu, je vais vomir !

Lola eut la décence de m’offrir un regard gêné mais une fois n’est pas coutume, ne repoussa pas les avances de son amant qui devait pourtant avoir une haleine plutôt chargée. Honnêtement, je ne comprendrais jamais ce qu’elle pouvait lui trouver, et de toutes façons, je ne souhaitais pas le savoir. Ce qu’ils vivaient à deux ne m’intéressait pas, mais pas du tout !

« Théo, mon cœur, tu voudrais bien aller nous chercher à boire ? Nos verres sont vides.» demanda Lola dans une tentative évidente pour l’éloigner de moi.

« A boire ! Mais oui, c’est à boire qu’il nous faut ! » chantonna-t-il vulgairement en levant sa propre coupe vide.

Non, pas ça, pas de scandale, pitié ! Sans avoir besoin de lever la tête, je sentais déjà les regards de reproches fuser dans notre direction.

Je m’apprêtais à filer à l’anglaise lorsque mes oreilles se mirent à bourdonner au son d’une voix merveilleusement charmeuse qui s'adressa à moi en américain :

« May I offer you a drink ? »

Mon attention détournée par le manège ridicule de Théo, ne m’avait pas permis de L’entendre arriver dans mon dos. IL était accompagné d’Alan Potter, le réalisateur de la série et de sa femme que nous avions déjà croisés devant l’ascenseur de l’hôtel Royal. A première vue, IL avait bien récupéré SA veste, et je ne pue m’empêcher d’admirer une fois de plus SON élégance racée. IL émanait de toute SA personne une aisance naturelle encore accentuée par la nonchalance de SA posture. Une main négligemment glissée dans la poche de SON pantalon de smoking, et l’autre munie d’un verre de champagne, IL avait toute l’apparence d’un aristocrate.

Mon cœur s’envola et je me sentie toute chose devant le magnifique sourire qu’IL m’offrit en ajoutant :

« Je vous cherchais. Mais que vois-je en vous trouvant enfin ? Votre verre est vide …Ttttt…»

De toute évidence, ils avaient tous les trois suivi une partie du mauvais numéro d’alcoolique joué par Théo, et IL secoua la tête amusé en me tendant SON verre, ce qui tira un sourire de connivence à SES deux compatriotes. Tandis que j’attrapai machinalement la flûte au breuvage pétillant, IL poursuivit aussitôt en s’adressant à SES amis :

«Alan, Janyce, je vous présente Jean, dont je vous ai parlé. Nous nous sommes rencontrés …devant La Manche… ».


Ces cinq mots « dont je vous ai parlé », flottèrent dans ma petite cervelle, m’enivrant plus sûrement que de véritable bulles de champagne.


«…et je ne suis pas près d’oublier notre charmant cours de géographie française…»


IL planta SES yeux droit dans les miens et je me sentie rougir jusqu’à la racine des cheveux au souvenir de la remarque de collégienne, tellement banale, que je LUI avais sortie sur le front de mer.


Du coin de l’œil, je pouvais voir la tête de Lola qui semblait prête à exploser, et celle de Théo totalement amorphe et désabusée. Les deux américains me saluèrent chaleureusement.


« Ravis de faire votre connaissance, Jean ! C’est vous la jolie française qui s’est évanouie dans les bras de Went ? »


Oh, IL leur avait raconté ça aussi ?


« Non…enfin, oui. J’ai eu un malaise mais ça va mieux. Je devais avoir un peu faim… »


Tu parles, j’étais affamée comme un chien errant, oui !…jolie française ?…


Alan et son épouse me regardaient avec une sollicitude sincère, ce qui me les rendit vraiment très sympathiques. J’aurais adoré savoir ce que Wentworth avait bien pu leur dire sur moi, mais je ne voyais pas comment les questionner sans avoir l’air trop curieuse.


Lola n’eut pas le même genre de scrupules et mit les pieds dans le plat, très largement et sans même ôter ses gros sabots.


« Alors comme ça, Wentworth vous a raconté la frayeur que Jeanne nous a faite ?! La vilaine ! »


Lolaaaaa ! C’est pas vrai !


Je la fusillai du regard mais elle m’ignora ouvertement, tournée vers Janyce, attendant une réponse. Cette dernière s’exécuta volontiers, et si elle se doutait du stratagème, elle n’en laissa rien paraître.


« Et bien, en effet. Nous étions étonnés de ne pas l’avoir revu dans la salle de projection. Lorsqu’il nous a rejoint, il ne portait plus sa veste et il nous a expliqué qu’une jeune et jolie française avait eu froid au bord de l’eau… »


Elle sourit en me regardant avec bienveillance, et c’est Alan qui poursuivit en se moquant gentiment de son ami :
« C’est tout Wentworth ! Il donnerait sa chemise pour rendre service ! Mais maintenant que je vois ce qui l’a motivé, je comprends mieux. »


Janyce hocha la tête, Lola rit un peu trop fort, et Théo continua d’afficher un air stupide. Wentworth quant à LUI arborait un petit sourire en coin et ne me quittait pas des yeux. Je toussotai, flattée de ce compliment détourné, et malgré tout un peu confuse d’être ainsi le centre de la conversation.


Lola vint involontairement à mon secours. Elle demanda aux Potter s’ils étaient déjà venus en France, ce à quoi ils répondirent que non et elle en profita pour proposer un toast en l’honneur de leur première visite au Festival de Deauville.


Wentworth choisit ce petit interlude pour s’adresser exclusivement à moi, SON visage affichait une mine sérieuse et concernée.


« Je suis sincèrement soulagé de voir que vous allez mieux, Jean. J’étais affreusement désolé de devoir vous laisser tout à l’heure…mais… »
« Non, non, ne le soyez pas ! C’était tout à fait normal. Vous avez des obligations…votre métier. Et puis, vous m’aviez laissé entre de bonnes mains. »


J’indiquai Lola et son poivrot allemand.


« Oui, j’ai effectivement fait connaissance avec vos amis lorsque j’étais à votre chevet. »
IL sourit en évoquant ce moment puis d’une voix aussi douce qu’un murmure, IL insista :
« Réellement, je suis soulagé de vous voir complètement rétablie. J’étais très inquiet… »

« Merci, oui, je vais mieux… »

A cet instant, il n’y eut plus que nous deux. Les autres invités, Lola, Théo et SES amis n’étaient plus que des silhouettes floues planant à l’orée de notre champ de vision. Je le regardais tout simplement et IL me renvoyait mon regard avec une intensité extrême qui aurait dû me mettre en transe mais que j’accueillais pourtant sereinement, naturellement.

IL était devant moi et je me sentais bien, en harmonie totale avec moi-même et avec chaque parcelles, chaque sensations de mon corps et de mon esprit. Je n’avais pas peur de faire un faux pas, de dire une nouvelle ânerie ou de bafouiller. Je ne craignais pas d’être mal coiffée, mal maquillée, ou mal fagotée dans une robe que je n’avais pas l’habitude de porter. Mon instinct me soufflait que tout cela n’était rien, et que je n’avais pas besoin d’être parfaite car IL savait déjà qui j’étais et que je LUI plaisais ainsi. Cette vérité m’envahit totalement et je sue qu’IL ressentait exactement la même chose comme deux êtres qui se connaissent depuis de longues années et qui n’ont plus besoin de communiquer oralement pour se comprendre. Je me sentais terriblement légère et belle…

« Jean… »

IL essaya de dire quelque chose mais SA voix se brisa étrangement, et je vis SON magnifique regard vaciller imperceptiblement. IL baissa subitement la tête en se passant une main aux longs doigts fébrile sur le visage. Je fus légèrement déstabilisée par cette réaction qui me ramena brutalement dans la réalité.

Durant notre moment ailleurs, Lola et les Potter s’étaient mis à discuter ensemble de la soirée, de la projection du film, et de leurs plannings respectifs. Au moment où je récupérai totalement l’usage de mes oreilles, ils étaient entrain de se donner rendez-vous le lendemain un peu après la conférence de presse pour que Lola prennent quelques clichés du couple pour ramener à son patron. Elle était quand même là pour le boulot, elle.

J’ignorais combien de temps Wentworth et moi étions restés muets et immobiles à nous observer mutuellement, mais pour que nos amis en soient déjà arrivé à se fixer un rendez-vous, de nombreuses minutes avaient probablement dû s’écouler.

Wentworth s’était reculé et restait à présent obstinément silencieux et étrangement soucieux. Sur le moment, je n’osai pas le déranger dans SON mutisme, et me contentai de me tenir sagement près de LUI, en attendant que les autres terminent leur discussion professionnelle. Finalement, moi non plus je n’avais pas trop envie de parler, j’avais besoin de digérer un peu les émotions que nous venions d’échanger, et je supposai que LUI aussi.

Pourtant, je notai avec étonnement qu’IL contractait les mâchoires, et semblait délibérément éviter de croiser mon regard.

Laissant son mari discuter avec Lola, Janyce me sourit poliment en demandant d’une voix grave à l’accent américain très prononcé :

« Vivienne Westwood ? »

Heureusement pour ma réputation, et grâce aux longues journées de shopping parisien en compagnie de Lola, je compris aisément qu’elle m’interrogeait sur la marque de ma robe, et non pas sur l’arbre généalogique de mes ancêtres. Tu ne gagneras pas ce soir Roi des Démons ! Et je ne me couvrirais pas de ridicule devant SES amis.

« Oui, c’est elle. J’aime beaucoup ce qu’elle fait. ».

Je tentai le tout pour le tout et me lançai sans filet en montrant sa propre tenue : « Armani… ? »

« Oui ! J’ai craqué en la voyant dans la boutique de l’Hôtel ce matin. Absolument fabuleuse vous ne trouvez pas ? »

En effet, sa robe était divine et très certainement divinement coûteuse. Ca allait souvent de paire dans le milieu de la mode.

Durant notre court échange, Wentworth n’avait pas bronché, et je me demandais même s’IL nous avait entendu. IL paraissait perdu dans SES pensées, et j’aurais donné n’importe quoi pour m’y perdre avec LUI. Je me creusais les méninges pour trouver quelque chose d’intelligent à ajouter quand Alan annonça d’une voix un peu plus forte :

« Et bien, Lola, c’est noté. On se voit donc demain avec plaisir pour les photos. »

Le réalisateur serra énergiquement la main de mon amie qui rayonnait littéralement. Puis le couple d’américains annonça poliment qu’ils avaient deux ou trois personnes à saluer. Ils se tournèrent vers Wentworth qui à ma grande surprise sauta sur l’occasion pour s’éloigner avec eux, non sans m’avoir lancé un dernier regard coupable qui me jeta dans un trou noir sans fond et dans la plus totale incompréhension.







“I was looking for you, and what do I find eventually ? You with an empty glass…Tttt…”


“Alan, Janyce, let me introduce you to Jean, whom I talked to you. We met…in front of La Manche…and I won’t forget that pleasant lesson of french geography…”


“ Nice to meet you Jean ! You’re the pretty french girl who fainted into Went’s arms ?”
“No...in fact, yes, I am. I was not feeling very well, but I’m OK now. I was probably just hungry...”

“So, Wentworth told you about how scary we were when Jeanne fell ? The nauty girl !”


“Indeed. We were surpised not to see him back to watch the movie. When he came back without his jacket on, he told us about a young and pretty french girl who was cold by the sea...”


“That’s really Wentworth ! He would give his shirt if it could help ! But now that I can see the object of his decision, I surely understand why he did that.”


“I’m glad to see that you’re going quite well, Jean. I was awfully sorry but I had to leave you later…”
“No, no, don’t be ! That’s absolutely normal. You have obligations…your job. And, you left me into good hands anyway.”


“Yes, we met indeed while I was lying beside you.”


“Really, I’m relieved to see you’re fully recovered. I was very worried…”
“Thank you, yes, I feel better…”


“Yes, exactly. I love what she does. Armani ? “
“Yes ! I couldn’t resist when I saw it in the shop of the hotel this morning. Absolutely fabulous, don’t you think ?”


“Well, Lola, it’s a deal. We’ll be glad to see you tomorrow for a shooting.”