Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

lundi, août 25, 2008

Chapitre 14 : Tu t’es vu quand t’as bu ?

Note : Afin de faciliter la lecture des non-anglophones, les dialogues sont traduits en anglais à la fin du chapitre.

J’avais toujours l’appareil téléphonique entre les mains lorsque mon copain le vigile déboula vers nous d’un air qui ne disait rien qui vaille. Je pensai qu’il venait pour nous interdire d’utiliser ce démon sonore miniature, et je fourrai rapidement le combiné dans une poche de la veste. Ne voulant pas lui laisser le loisir de nous sermonner, je lui offris aussitôt un sourire enjôleur en lui promettant que j’avais coupé le son, et que je ne risquai plus de gêner quiconque avec la sonnerie. Mais mon sourire pourtant accompagné du décolleté plongeant de Lola, ne dut pas être suffisamment convaincant pour ce gorille hors de sa cage car sans desserrer les dents il me lança :

« Mademoiselle, on m’envoie récupérer la veste de Mister Miller. Si vous voulez bien… »

Il tendait déjà un bras impératif et non équivoque.

On l’envoie récupérer la veste de Mister Miller ? Trop surprise pour réagir, je restais inerte, les bras ballants. Qui ?…mais bien sûr, SON attachée de presse…qui d’autre ?

Pressentant la riposte acérée de Lola que je devinais fulminante près de moi, je me dépêchai de poser une main apaisante sur son bras. Il n’était pas nécessaire de se faire encore remarquer ce soir, je commençais vraiment à avoir ma dose d’affrontements perdus d’avance avec cette armée de vigiles sans cœur. Je me parai donc cette fois de mon sourire le plus respectueux, et tout en lui répondant poliment qu’il n’y avait aucun soucis, j’entrepris de me délester de SA veste. J’admets que je n’en avais plus vraiment besoin, bien au contraire, je commençais plutôt à avoir trop chaud. Néanmoins, mon cœur se serra et je ne pus retenir un plaisant frisson lorsque le satin de la doublure glissa sur ma peau nue pour quitter définitivement mes épaules. Alors que je lissais machinalement le précieux vêtement avant de le remettre au gentil monsieur en noir, une effluve de SON odeur qui s’était nichée dans le tissu vint sournoisement titiller mes narines. Je me surpris à fermer les yeux et à respirer à fond cette bouffée de LUI.

Instantanément, je fus propulsée de nouveau sur la plage. IL était là, face à moi, mes deux mains étaient posées sur SON torse et la chaleur de SON corps se propageait sous mes doigts. SON visage se penchait lentement vers le mien, et cette odeur, SON odeur m’enveloppait avec délice, me portait vers un univers de douceur, m’enivrait tel un parfum capiteux.

« Jeanne ? »

La voix gênée de Lola me fit rouvrir les paupières, et c’est rouge de honte que je tendis la veste à l’homme de la sécurité qui me regardait d’un air atterré. Je me comportais comme une fan transie et stupide en possession d’un objet sacré appartenant à son idole. C’est peut être bien ce que je suis en réalité…une simple fan …car si j’étais plus que ça, IL serait là avec moi, et IL me demanderait LUI-MEME de lui rendre SA veste, ou de la garder…

Avant que je n’ai pu demander si Mister Miller avait, par le plus grand des hasards, laissé un message à mon attention, ou demandé de mes nouvelles, ou juste prononcé mon nom, la grande brute insensible tourna les talons sans même me remercier, emportant avec lui ; veste, téléphone portable, et odeur suave. Même la poitrine généreuse de Lola n’eut pas droit au traditionnel coup d’œil masculin appréciateur. Le boulot, c’est le boulot ! Mon amie pinça le nez en regardant s’éloignant ce malotru sans intérêt.

« Qu’il s’en aille avec SA veste après tout ! T’inquiète pas Jeanne, je suis certaine qu’IL saura venir te retrouver LUI MEME dès qu’IL le pourra. IL doit être accaparé par les journalistes et les gens du métier, c’est pour ça qu’IL a dû partir tout à l’heure. »

Clairement, elle essayait de me rassurer, elle avait bien compris que je me posais tout un tas de questions, et même si elle ne connaissait pas réellement toute l’histoire de ma rencontre avec Wentworth, elle me connaissait moi. J’avais toujours été hyper sensible dans tous les domaines, je pleurais très facilement, mais je m’enflammais aussi très vite, ce qui m’avait valu moult déprimes et plus d’un cœur brisé.

Le « Oui » mal assuré que je lui renvoyai ne fut que le reflet de mon désarroi. J’étais sur le point de tomber amoureuse de LUI, en chair et en os, et non plus seulement du personnage public que j’avais connu jusqu’alors. Je l’avais côtoyé de près, j’avais cru L’approcher dans son intimité, LUI, sans artifice, au naturel. L’admiration que j’avais connu pour LUI s’était transformée en autre chose. Je voulais LE connaître, mais pas parce qu’IL était célèbre, ni pour frimer auprès de mes amies, ou narguer les autres fans en me pavanant à SON bras. Non, je voulais mieux LE connaître car je devinais qu’IL était exceptionnel et qu’IL recelait au fond de LUI des trésors insoupçonnés. Sur la plage, j’avais pratiquement touché du doigt, enfin frôlé du bout des lèvres, une infime partie de SES merveilles cachées. J’avais eu la sensation étrange mais réelle qu’IL était près à me laisser L’atteindre, et LE découvrir. Comme s’IL était près à s’ouvrir à moi, et en même temps désireux de me connaître aussi.

Serais-je assez prétentieuse pour croire que je pouvais LE combler, et LUI apporter une once de ce dont IL pouvait avoir besoin ? De quoi avait-IL besoin d’ailleurs ? IL avait déjà tout : réussite, argent, talent, célébrité, amour… Amour ?

Tous ces coups de fils. C’était elle, Sarah. SA partenaire à l’écran, SON amie dans la vie. Et aujourd’hui, j’avais eu plusieurs fois la preuve qu’elle essayait de le joindre. J’étais absolument persuadée que c’était elle à l’autre bout du fil quand je L’avais vu téléphoner derrière le pilier, puis quand SON portable avait sonné sur les planches. De plus, SON attachée de presse LUI avait dit que quelqu’un d’important cherchait à LE joindre, et là encore quelques minutes plus tôt, cet appel.

« Arrête tout de suite de te torturer, t’as compris ! »

Lola me secoua le coude énergiquement. Elle avait probablement vu mon visage se décomposer et deviné le cheminement de ma pensée. Décidément, j’étais incapable de cacher mes émotions ou alors elle me connaissait vraiment trop bien.

« Je te dis que je suis sûre qu’IL va essayer de te revoir. Crois-moi, j’étais là quand tu jouais à La Belle au Bois Dormant, et j’ai vu avec quels yeux IL te regardait. Franchement, ma Vieille, je sais pas si tu m’as tout raconté sur votre rencontre… »

La pointe de soupçon qui filtrait dans sa voix me fit baisser les yeux, elle était redoutablement perspicace mais je refusai obstinément de lui parler du presque-baiser.

Après tout, IL n’avait pas voulu répondre à cet appel qui avait gâché notre moment d’intimité, IL avait même pesté contre cette interruption. Qu’avait-IL dit ensuite : « Ce n’est pas important ». Pas important, est ce que cela voulait dire : moins important que d’être avec moi ?

Un franc sourire réussit miraculeusement à se faufiler hors de mon cerveau tortueux, et vint éclore sur mes lèvres. Il fallait que je positive, que je me focalise sur le bon côté des choses, et que je profite !

Lola et moi étions toutes les deux au Festival de Deauville, dans l’enceinte même du Palais. Nous avions réussi à nous faire inviter à cette soirée, au milieu des stars, ce qui était déjà plus qu’inespéré. Bon si on occultait le fait que c’était grâce à Théo, c’était juste génial !

Par dessus le marché, j’avais traversé le tapis rouge aux bras de mon Prince Charmant devant la France entière. Que dis-je !? Devant le monde entier !

Ensuite, nous avions croisé Antôôônio, et bénéficié de la meilleure vue possible sur son irrésistible sourire ibérique.

Puis, bien que les toilettes du Palais ne soient pas répertoriées comme l’endroit le plus approprié où se forger des souvenirs uniques, j’y avais rencontré la fabuleuse Julia Roberts qui m’avait généreusement offert son bâton de rouge à lèvres, et prodigué quelques bons conseils très féminins. Je portai la main à mon décolleté, et tâtai en souriant la forme allongée du tube de maquillage que j’y avais glissé. Rien que ces petits moments exceptionnels vécus en l’espace de quelques heures auraient pu suffire à rendre ce séjour inoubliable.

Or, il y avait eu LUI, la cerise sur le gâteau. J’étais venue à Deauville avec l’espoir fou de LE voir en vrai, tout simplement, et d’assister à la conférence de presse qu’IL donnerait le lendemain. Mais le destin m’avait réservé bien mieux que cela. Beaucoup mieux que cela. Et la suite ne pouvait que s’annoncer encore meilleure. La nuit était loin d’être terminée, et d’après ce que m’avait dit Lola, IL était censé rester 2 jours dans cette ville. C’était court mais suffisant pour qu’on arrive à se revoir. Et j’étais sûre à présent que Lola avait raison, et qu’IL allait essayer de me revoir. J’en étais certaine !

Souriant de toutes nos dents, Lola et moi volâmes tels deux papillons vers la lumière qui inondait la salle du cocktail, attrapant au passage deux coupes de Champagne disposées sur un plateau de service. Nous papotions joyeusement, profitant du moment tout en observant les célébrités qui nous entouraient.

Woody Allen était là en grande conversation avec une jeune et jolie blonde à la coiffure sophistiquée que je me souvenais avoir déjà vu dans plusieurs de ses films. Elle riait à ce qu’il lui racontait et il semblait ravi de sa réaction. D’autres invités dont Madame Allen accompagnée du Président du Festival, Clint Eastwood et de sa tendre moitié au visage moins célèbre, s’approchèrent du couple, et prirent part activement à leur discussion.

Un peu plus loin, je remarquai Edouard Baer, qui avait fait rire tout le monde en jouant impeccablement le rôle de maître de cérémonie pour cette soirée d’ouverture. Il répondait aux questions d’une journaliste qui lui braquait sous le nez un micro à l’effigie d’ARTE.

J’avais l’impression de rêver, et je songeai qu’en règle générale je n’assistai à ce genre d’événement que par le biais de mon petit écran.

Lola ajouta une dose d’incrédulité à mon état d’euphorie, en me montrant du doigt un groupe de personnes à notre droite. Le couple le plus people du moment se tenait parmi eux, et j’admirai, rêveuse et un brin envieuse, le ventre vraiment très rebondi de la magnifique femme brune qui se tenait aux côtés de son vraiment très canon de mari. Je ne les avais pas vu arpenter le tapis rouge, ni poser pour les photographes mais de toute évidence Mr and Mrs Smith étaient bien là à quelques pas de moi. On ne peut plus épanouis et à l’aise, devisant avec leurs semblables.

Je distinguai aussi dans la masse de visages tous plus connus les uns que les autres, la tignasse rouge et bouclée de ma donatrice en maquillage. Je racontai alors à Lola mon passage aux toilettes, et lui montrai pour preuve l’objet en question que j’avais extirpé tant bien que mal de sa cachette. Elle se retint difficilement de hurler, et me fit promettre que je lui permettrais de l’utiliser, ce que je lui accordai bien volontiers étant donné que je n’avais jamais été une fana de rouge à lèvres, et que je ne m’en servirais certainement pas très souvent.

J’étais entrain de ranger le tube à sa place en tâchant d’être le plus discrète possible au milieu de cette foule de personnalités, quand une voix familière nous interpella.

« Alors les filles, ça gaze ?! »

Théo nous rejoint, et s’agrippa aussitôt à Lola en affichant son air de propriétaire satisfait qui me hérissa les poils des bras. Il jeta un œil curieux vers ma poitrine.

« Qu’est ce que tu farfouilles là dedans, Jeanne ? Si tu crois pouvoir rivaliser avec Angelina Jolie, t’as encore de la marge !!! » crut-il bon de lancer en rigolant, et en s’enfilant une rasade de Champagne.

Espèce de débile profond va !

« Oh, Théo, ne soit pas méchant s’il te plait. Tu m’as dit toi même tout à l’heure que tu trouvais Jeanne très jolie dans cette robe ! »

Ma pauvre Lola, c’était avant qu’il soit complètement bourré. J’avais tellement honte pour elle. Comment ne pouvait elle pas se rendre compte du type exécrable avec lequel elle sortait ?

« Mouais, peut être…l’est pas mal…mais toi, t’es bien mieux roulée ma puce ! » ajouta-t-il en lui fourrant ostensiblement la main aux fesses.

Mon Dieu, je vais vomir !

Lola eut la décence de m’offrir un regard gêné mais une fois n’est pas coutume, ne repoussa pas les avances de son amant qui devait pourtant avoir une haleine plutôt chargée. Honnêtement, je ne comprendrais jamais ce qu’elle pouvait lui trouver, et de toutes façons, je ne souhaitais pas le savoir. Ce qu’ils vivaient à deux ne m’intéressait pas, mais pas du tout !

« Théo, mon cœur, tu voudrais bien aller nous chercher à boire ? Nos verres sont vides.» demanda Lola dans une tentative évidente pour l’éloigner de moi.

« A boire ! Mais oui, c’est à boire qu’il nous faut ! » chantonna-t-il vulgairement en levant sa propre coupe vide.

Non, pas ça, pas de scandale, pitié ! Sans avoir besoin de lever la tête, je sentais déjà les regards de reproches fuser dans notre direction.

Je m’apprêtais à filer à l’anglaise lorsque mes oreilles se mirent à bourdonner au son d’une voix merveilleusement charmeuse qui s'adressa à moi en américain :

« May I offer you a drink ? »

Mon attention détournée par le manège ridicule de Théo, ne m’avait pas permis de L’entendre arriver dans mon dos. IL était accompagné d’Alan Potter, le réalisateur de la série et de sa femme que nous avions déjà croisés devant l’ascenseur de l’hôtel Royal. A première vue, IL avait bien récupéré SA veste, et je ne pue m’empêcher d’admirer une fois de plus SON élégance racée. IL émanait de toute SA personne une aisance naturelle encore accentuée par la nonchalance de SA posture. Une main négligemment glissée dans la poche de SON pantalon de smoking, et l’autre munie d’un verre de champagne, IL avait toute l’apparence d’un aristocrate.

Mon cœur s’envola et je me sentie toute chose devant le magnifique sourire qu’IL m’offrit en ajoutant :

« Je vous cherchais. Mais que vois-je en vous trouvant enfin ? Votre verre est vide …Ttttt…»

De toute évidence, ils avaient tous les trois suivi une partie du mauvais numéro d’alcoolique joué par Théo, et IL secoua la tête amusé en me tendant SON verre, ce qui tira un sourire de connivence à SES deux compatriotes. Tandis que j’attrapai machinalement la flûte au breuvage pétillant, IL poursuivit aussitôt en s’adressant à SES amis :

«Alan, Janyce, je vous présente Jean, dont je vous ai parlé. Nous nous sommes rencontrés …devant La Manche… ».


Ces cinq mots « dont je vous ai parlé », flottèrent dans ma petite cervelle, m’enivrant plus sûrement que de véritable bulles de champagne.


«…et je ne suis pas près d’oublier notre charmant cours de géographie française…»


IL planta SES yeux droit dans les miens et je me sentie rougir jusqu’à la racine des cheveux au souvenir de la remarque de collégienne, tellement banale, que je LUI avais sortie sur le front de mer.


Du coin de l’œil, je pouvais voir la tête de Lola qui semblait prête à exploser, et celle de Théo totalement amorphe et désabusée. Les deux américains me saluèrent chaleureusement.


« Ravis de faire votre connaissance, Jean ! C’est vous la jolie française qui s’est évanouie dans les bras de Went ? »


Oh, IL leur avait raconté ça aussi ?


« Non…enfin, oui. J’ai eu un malaise mais ça va mieux. Je devais avoir un peu faim… »


Tu parles, j’étais affamée comme un chien errant, oui !…jolie française ?…


Alan et son épouse me regardaient avec une sollicitude sincère, ce qui me les rendit vraiment très sympathiques. J’aurais adoré savoir ce que Wentworth avait bien pu leur dire sur moi, mais je ne voyais pas comment les questionner sans avoir l’air trop curieuse.


Lola n’eut pas le même genre de scrupules et mit les pieds dans le plat, très largement et sans même ôter ses gros sabots.


« Alors comme ça, Wentworth vous a raconté la frayeur que Jeanne nous a faite ?! La vilaine ! »


Lolaaaaa ! C’est pas vrai !


Je la fusillai du regard mais elle m’ignora ouvertement, tournée vers Janyce, attendant une réponse. Cette dernière s’exécuta volontiers, et si elle se doutait du stratagème, elle n’en laissa rien paraître.


« Et bien, en effet. Nous étions étonnés de ne pas l’avoir revu dans la salle de projection. Lorsqu’il nous a rejoint, il ne portait plus sa veste et il nous a expliqué qu’une jeune et jolie française avait eu froid au bord de l’eau… »


Elle sourit en me regardant avec bienveillance, et c’est Alan qui poursuivit en se moquant gentiment de son ami :
« C’est tout Wentworth ! Il donnerait sa chemise pour rendre service ! Mais maintenant que je vois ce qui l’a motivé, je comprends mieux. »


Janyce hocha la tête, Lola rit un peu trop fort, et Théo continua d’afficher un air stupide. Wentworth quant à LUI arborait un petit sourire en coin et ne me quittait pas des yeux. Je toussotai, flattée de ce compliment détourné, et malgré tout un peu confuse d’être ainsi le centre de la conversation.


Lola vint involontairement à mon secours. Elle demanda aux Potter s’ils étaient déjà venus en France, ce à quoi ils répondirent que non et elle en profita pour proposer un toast en l’honneur de leur première visite au Festival de Deauville.


Wentworth choisit ce petit interlude pour s’adresser exclusivement à moi, SON visage affichait une mine sérieuse et concernée.


« Je suis sincèrement soulagé de voir que vous allez mieux, Jean. J’étais affreusement désolé de devoir vous laisser tout à l’heure…mais… »
« Non, non, ne le soyez pas ! C’était tout à fait normal. Vous avez des obligations…votre métier. Et puis, vous m’aviez laissé entre de bonnes mains. »


J’indiquai Lola et son poivrot allemand.


« Oui, j’ai effectivement fait connaissance avec vos amis lorsque j’étais à votre chevet. »
IL sourit en évoquant ce moment puis d’une voix aussi douce qu’un murmure, IL insista :
« Réellement, je suis soulagé de vous voir complètement rétablie. J’étais très inquiet… »

« Merci, oui, je vais mieux… »

A cet instant, il n’y eut plus que nous deux. Les autres invités, Lola, Théo et SES amis n’étaient plus que des silhouettes floues planant à l’orée de notre champ de vision. Je le regardais tout simplement et IL me renvoyait mon regard avec une intensité extrême qui aurait dû me mettre en transe mais que j’accueillais pourtant sereinement, naturellement.

IL était devant moi et je me sentais bien, en harmonie totale avec moi-même et avec chaque parcelles, chaque sensations de mon corps et de mon esprit. Je n’avais pas peur de faire un faux pas, de dire une nouvelle ânerie ou de bafouiller. Je ne craignais pas d’être mal coiffée, mal maquillée, ou mal fagotée dans une robe que je n’avais pas l’habitude de porter. Mon instinct me soufflait que tout cela n’était rien, et que je n’avais pas besoin d’être parfaite car IL savait déjà qui j’étais et que je LUI plaisais ainsi. Cette vérité m’envahit totalement et je sue qu’IL ressentait exactement la même chose comme deux êtres qui se connaissent depuis de longues années et qui n’ont plus besoin de communiquer oralement pour se comprendre. Je me sentais terriblement légère et belle…

« Jean… »

IL essaya de dire quelque chose mais SA voix se brisa étrangement, et je vis SON magnifique regard vaciller imperceptiblement. IL baissa subitement la tête en se passant une main aux longs doigts fébrile sur le visage. Je fus légèrement déstabilisée par cette réaction qui me ramena brutalement dans la réalité.

Durant notre moment ailleurs, Lola et les Potter s’étaient mis à discuter ensemble de la soirée, de la projection du film, et de leurs plannings respectifs. Au moment où je récupérai totalement l’usage de mes oreilles, ils étaient entrain de se donner rendez-vous le lendemain un peu après la conférence de presse pour que Lola prennent quelques clichés du couple pour ramener à son patron. Elle était quand même là pour le boulot, elle.

J’ignorais combien de temps Wentworth et moi étions restés muets et immobiles à nous observer mutuellement, mais pour que nos amis en soient déjà arrivé à se fixer un rendez-vous, de nombreuses minutes avaient probablement dû s’écouler.

Wentworth s’était reculé et restait à présent obstinément silencieux et étrangement soucieux. Sur le moment, je n’osai pas le déranger dans SON mutisme, et me contentai de me tenir sagement près de LUI, en attendant que les autres terminent leur discussion professionnelle. Finalement, moi non plus je n’avais pas trop envie de parler, j’avais besoin de digérer un peu les émotions que nous venions d’échanger, et je supposai que LUI aussi.

Pourtant, je notai avec étonnement qu’IL contractait les mâchoires, et semblait délibérément éviter de croiser mon regard.

Laissant son mari discuter avec Lola, Janyce me sourit poliment en demandant d’une voix grave à l’accent américain très prononcé :

« Vivienne Westwood ? »

Heureusement pour ma réputation, et grâce aux longues journées de shopping parisien en compagnie de Lola, je compris aisément qu’elle m’interrogeait sur la marque de ma robe, et non pas sur l’arbre généalogique de mes ancêtres. Tu ne gagneras pas ce soir Roi des Démons ! Et je ne me couvrirais pas de ridicule devant SES amis.

« Oui, c’est elle. J’aime beaucoup ce qu’elle fait. ».

Je tentai le tout pour le tout et me lançai sans filet en montrant sa propre tenue : « Armani… ? »

« Oui ! J’ai craqué en la voyant dans la boutique de l’Hôtel ce matin. Absolument fabuleuse vous ne trouvez pas ? »

En effet, sa robe était divine et très certainement divinement coûteuse. Ca allait souvent de paire dans le milieu de la mode.

Durant notre court échange, Wentworth n’avait pas bronché, et je me demandais même s’IL nous avait entendu. IL paraissait perdu dans SES pensées, et j’aurais donné n’importe quoi pour m’y perdre avec LUI. Je me creusais les méninges pour trouver quelque chose d’intelligent à ajouter quand Alan annonça d’une voix un peu plus forte :

« Et bien, Lola, c’est noté. On se voit donc demain avec plaisir pour les photos. »

Le réalisateur serra énergiquement la main de mon amie qui rayonnait littéralement. Puis le couple d’américains annonça poliment qu’ils avaient deux ou trois personnes à saluer. Ils se tournèrent vers Wentworth qui à ma grande surprise sauta sur l’occasion pour s’éloigner avec eux, non sans m’avoir lancé un dernier regard coupable qui me jeta dans un trou noir sans fond et dans la plus totale incompréhension.







“I was looking for you, and what do I find eventually ? You with an empty glass…Tttt…”


“Alan, Janyce, let me introduce you to Jean, whom I talked to you. We met…in front of La Manche…and I won’t forget that pleasant lesson of french geography…”


“ Nice to meet you Jean ! You’re the pretty french girl who fainted into Went’s arms ?”
“No...in fact, yes, I am. I was not feeling very well, but I’m OK now. I was probably just hungry...”

“So, Wentworth told you about how scary we were when Jeanne fell ? The nauty girl !”


“Indeed. We were surpised not to see him back to watch the movie. When he came back without his jacket on, he told us about a young and pretty french girl who was cold by the sea...”


“That’s really Wentworth ! He would give his shirt if it could help ! But now that I can see the object of his decision, I surely understand why he did that.”


“I’m glad to see that you’re going quite well, Jean. I was awfully sorry but I had to leave you later…”
“No, no, don’t be ! That’s absolutely normal. You have obligations…your job. And, you left me into good hands anyway.”


“Yes, we met indeed while I was lying beside you.”


“Really, I’m relieved to see you’re fully recovered. I was very worried…”
“Thank you, yes, I feel better…”


“Yes, exactly. I love what she does. Armani ? “
“Yes ! I couldn’t resist when I saw it in the shop of the hotel this morning. Absolutely fabulous, don’t you think ?”


“Well, Lola, it’s a deal. We’ll be glad to see you tomorrow for a shooting.”