Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

dimanche, décembre 03, 2006

Chapitre 11 : Moonskin

Note : Pour des raisons de facilité de lecture, les dialogues censés se dérouler en anglais sont rédigés en français dans le corps du texte. Mais vous trouverez les dialogues en version orginale à la fin du chapitre. Bonne lecture !


Il me fallut plusieurs longues minutes pour émerger de ma torpeur et de mes larmes. Ce furent finalement les élancements douloureux de mes genoux nus sur le sol froid et dur qui m’obligèrent à me relever. Je ravalai un dernier sanglot et prenant une grande inspiration, je rejetai mes cheveux en arrière.

Allez ma vieille, comme dirait Lola, reprends toi ! Une fois debout sur mes deux jambes, en équilibre précaire sur mes éternelles chaussures de torture, je fis tourner le bouton du robinet et un filet d’eau fraîche me coula entre les doigts. Je plaçai mes deux mains en coupe et m’aspergeai le visage du liquide bienfaiteur que j’avais recueilli, ce qui soulagea sur le moment la fièvre qui me consumait. Je pressai mes deux mains sur ma peau brûlante en quête d’un peu de fraîcheur. J’avais faim, j’avais sommeil, j’étais malheureuse, je n’allais tout de même pas tomber malade par-dessus le marché ?! C’était sûr qu’avec la robe que j’avais sur le dos, je ne risquais pas d’être habillée pour l’hiver mais quand même, nous étions encore en été et il faisait très bon. Non, je n’avais pas pris froid, j’étais juste trop bouleversée par tous ces événements et mon organisme accusait le coup à sa manière.

Je restai sans réaction devant l’image de moi que me renvoyait le miroir. Le rimmel et le mascara avaient coulé et dessiné des rigoles noires le long de mes joues me donnant l’apparence gothique idéale pour apparaître aux côtés de la somptueuse Sharon dans un clip de Within Temptation. Malheureusement ce n’était pas au programme.

Mes yeux bouffis étaient aussi rouges que mes lèvres encore légèrement colorées des vestiges de son maquillage originel et en m’aspergeant j’avais trempé une bonne partie de mes cheveux qui se retrouvaient à présent collés sur mon front. Je refusai d’en voir plus et je plongeai à nouveau les mains dans le lavabo pour remplir le creux de mes paumes à cette source artificielle. Je m’éclaboussai le visage encore et encore, me frottant vigoureusement les joues, les paupières et la bouche. Je voulais redevenir Jeanne, celle que je connaissais, celle qui avait quitté Paris ce matin le cœur battant mais le pied léger et l’esprit guilleret.

Les couleurs du maquillage se diluaient au contact de l’eau, glissant entre mes doigts telle une cascade bigarrée achevant sa chute sur la faïence blanche du lavabo. Rouge, noir et marron se mêlaient sans distinction dans la cuvette, filant vers le siphon qui avalait cette mixture sans même un glouglou. Après avoir réitéré l’opération une bonne dizaine de fois, je m’arrêtai enfin, considérant que si je continuais, j’allais commencer à attaquer la peau elle-même et que je risquais de finir en lambeaux, ce qui n’était pas forcément la meilleure des solutions alternatives à mon humeur morose.

Avec un soupir, je posai mes deux mains sur le rebord du lavabo et m’autorisai un regard dans le miroir. Mes cheveux emmêlés et mon visage rougi dégoulinaient, mais c’était bien moi que je reconnus, Jeanne, et j’en fus rassurée. Imitant Julia, j’attrapai une serviette en papier avec laquelle je me tamponnai le visage. Je me mouchai au passage expulsant par ce geste hautement symbolique tout mon chagrin et mes idées noires.

Je n’avais pas de baise-en-ville, ce petit sac traditionnel qui contenait l’attirail de survie de la femme type qui se rend en soirée. Je n’avais pas suffisamment l’habitude de sortir pour y avoir pensé et Lola m’avait catégoriquement interdit d’emporter mon sac besace. A l’hôtel, elle me l’avait arraché des mains et l’avait fourré dans la penderie de Théo à côté de mon vieux sac Adidas. J’étais partie munie uniquement de ma carte-pass. Je l’avais glissée dans mon décolleté et je vérifiai d’ailleurs qu’elle s’y trouvait toujours. Je n’avais donc pas de peigne ou de brosse et j’utilisai mes doigts pour démêler mes mèches rebelles, que je plaquai en arrière. De toutes façons, je savais très bien qu’en séchant ma chevelure prendrait comme d’habitude le pli qu’elle souhaiterait, quelque soit l’effet que j’essaierais de lui donner. Nature-Jeanne était de retour !

Mes yeux se posèrent sur le tube de rouge à lèvres abandonné à mes bons soins par Julia. J’avais encore du mal à y croire. J’attrapai l’objet et le fis rouler entre mes doigts, déchiffrant sans grand étonnement la marque Revlon qui s’étalait en lettres calligraphiées sur le capuchon. Pas de doute, les stars avaient du goût, et des moyens surtout. Je glissais le tube dans mon décolleté, il commençait à y avoir du monde là dedans, mais je ne voyais pas d’autre endroit où le dissimuler et le tenir à la main risquait de réchauffer et de ramollir son contenu. Même si j’avais eu ma dose de maquillage pour la soirée, peut-être aurais-je un jour l’envie d’utiliser ce petit présent et de me sentir Pretty Woman l’espace d’un moment. Il était hors de question que je ne le garde pas sur moi.

Prenant mon courage à deux mains et prête à affronter l’homme qui devait certainement m’attendre derrière la porte, je sortis en bombant le torse et en avalant une grande bouffée d’air pour ré-oxygéner mon cerveau embrumé.

Déception. Il n’y avait plus personne dans le hall. Personne qui m’attendait derrière la porte, ni derrière la colonne de marbre. IL avait probablement terminé son appel téléphonique et rejoint SA place dans l’auditorium. Avait-IL seulement attendu ne serait-ce qu’une minute que je ressorte des toilettes ? J’ignorai avec férocité la boule qui recommençait à croître au fond de ma gorge et je décidai rageusement qu’IL devait arrêter d’être maître de mes émotions. Après tout, IL n’était rien, personne, et s’IL ne s’intéressait pas à moi, tant pis pour LUI.

Certes, IL m’avait gentiment offert SON aide sur le tapis rouge quand j’avais tenté et raté un superbe double-loop piqué fort peu opportun, c’est juste qu’IL était un vrai gentleman.

OK, IL m’avait invitée à l’accompagner, faisant de moi SA cavalière devant les caméras du monde entier, c’est juste qu’IL n’avait trouvé personne d’autre, et que Sarah n’était pas là.

D’accord, IL avait dit qu’IL me retrouverait au cocktail, c’est juste qu’IL devait penser que je voulais l’interviewer entre deux verres.

Bon, IL avait semblé touché par la poésie de notre contact visuel dans la salle de cinéma, c’est juste qu’IL s’était souvenu brutalement qu’IL devait appeler cette femme, celle qu’IL aimait.

Je ne voyais pas d’autre explication et tout me paraissait de plus en plus évident. Je n’avais été qu’une sombre idiote durant toute cette pathétique soirée. Cette idée fit émerger au creux de mon estomac, une pointe de colère qui ne demandait qu’à croître et à s’alimenter de toutes mes frustrations accumulées.

Je n’avais plus envie, mais alors plus du tout envie de retourner m’asseoir dans cette salle obscure aux côtés des deux faux tourtereaux, désolée Lola, des voisins ronchons qui ne manqueraient pas de faire encore des remarques si j’osai remettre les pieds dans leur rangée, du couple Potter et surtout, surtout !,de leur compagnon sans intérêt.

Décidée, j’empruntai d’un pas assuré le gigantesque escalier qui remontait vers l’entrée du palais. L’hôtesse du début de soirée me servit un sourire neutre alors que je passais les fameuses portes principales qu’on avait voulu m’interdire quelques heures plus tôt. Visiblement, comme je sortais, cela ne posait plus aucun problème à personne. Tout ceux qui avaient un quelconque intérêt, en l’occurrence, les stars, étaient actuellement enfermés dans les profondeurs obscures du palais.

Une fois dehors, je pus vérifier que foule en délire et effervescence journalistique n’étaient plus de mise. En effet, même si une poignée de photographes gravitait encore en périphérie de l’allée dans l’espoir de glaner une dernière photo, cela n’avait plus rien à voir avec ce que j’avais expérimenté plus tôt dans la journée. Les gardes de la sécurité avaient eux aussi quasiment tous disparus, hormis un ou deux strictement vissés à leurs postes de surveillance. Sérieux et concentrés. Je compris leur crainte en repérant sur le trottoir d’en face un groupe de jeunes gens, principalement des filles qui squattaient le bitume dans la traditionnelle posture du fan à l’affût. Je n’enviais pas leur position ingrate bien que la mienne ne soit pas plus glorieuse. Ils espéraient entrevoir leurs idoles, peut être obtenir un autographe et moi qui avait eu la chance au moins ce soir, d’être admise dans le cercle fermé des stars, je ne songeai qu’à m’en éloigner. Ironie du destin et injustice de la vie.

Etouffant un bâillement, je me faufilai entre deux barrières sans me faire remarquer. Mais j’avais à peine fait deux pas sur le trottoir inégal et bosselé, que je compris que je n’irai pas bien loin si je conservai mes talons hauts. Je ne résistai plus à l’envie qui me démangeait d’ôter ces objets de torture inhumains. Avec un soupir d’aise, je massai légèrement la plante de mes pieds, puis me remis en marche, le pied nu et léger, enfin libre. Tenant les jolies chaussures à la main, je me dirigeai d’un pas connaisseur vers le front de mer. Je me souvenais avoir souvent déambulé par là à l’époque où j’avais travaillé à Deauville. Je retrouvai donc facilement mon chemin et bifurquai au coin de l’imposant bâtiment que je venais de quitter.

Je n’eus qu’à traverser la rue pour l’apercevoir. La mer. Par chance, nous étions à marée haute et je reconnus avec plaisir le murmure familier des vagues venant s’échouer sur la plage. Inconsciemment, j’accélérai le pas, pressée de m’approcher de cette immensité qui m’avait toujours fascinée.

La nuit était tombée, prenant largement ses quartiers dans les moindres recoins de la ville. Le combat nocturne avait commencé, qui opposait les ombres envahissantes aux lumières artificielles des lampadaires. Qui gagnerait cette nuit ? Je songeai avec amusement que seule une panne de courant pourrait faire basculer de façon conséquente le dénouement de cette bataille éternellement répétée.

Heureuse sans raison, je m’éloignai du champ de bataille en sautillant pour pénétrer dans la partie du monde déjà conquise par les ombres de la nuit et, je posai les pieds sur les Planches. Cette célèbre allée recouverte de lattes de bois longeait la plage d’un bout à l’autre. Elle était bordée de cabines aux couleurs et aux mosaïques de style marin, séparées par des barrières blanches sur lesquelles s’étalaient les noms d’acteurs, actrices et cinéastes qui avaient participé au Festival et gagné leurs places au Panthéon des plus grands. J’avais toujours aimé venir lire ces noms évocateurs de souvenirs, mais ce soir, mon esprit voguait déjà sur l’étendue d’eau bleue nuit qui s’étalait à perte de vue sous mes yeux éblouis.

Bien que la lumière ait en partie délaissé ce royaume de bord de mer, je discernai tout de même parfaitement les rangées de parasols multicolores plantés dans le sable, repliés sur eux mêmes et fermés d’un gros nœud. Je savais qu’ils seraient redéployés dès le lendemain matin pour accueillir les nombreux touristes. Cet endroit me plaisait, il m’avait toujours plu. Je respirai à plein poumons l’air iodé et m’emplis les oreilles du son doucereux et apaisant du ressac.

Je m’approchai et fermant les yeux, je m’imprégnai de cette atmosphère nocturne marine si particulière. N’y tenant plus, j’enfonçai mes pieds dans le sable encore gorgé de la chaleur du soleil emmagasinée dans la journée. Rouvrant les yeux, je vis avec ravissement que l’astre solaire n’était pas totalement couché à en juger par l’arc de cercle rouge-orangé encore visible sur la ligne d’horizon. Ses couleurs vives tranchaient au loin, mouchetant magnifiquement l’eau bleue pétrole telle une coulée volcanique mouvante et en fusion. Je laissai échapper un soupir de bien être et écarquillai les yeux afin de photographier dans ma mémoire le plus d’images possibles qui m’aideraient à supporter la grisaille parisienne que je retrouverai bien trop vite. Je me sentais merveilleusement bien, en totale harmonie avec les éléments qui m’entouraient. Une brise légère ébouriffa mes cheveux humides mais je les laissai s’éparpiller autour de mon crâne, me souciant peu de mon apparence dans ce lieu où je me croyais seule.

Seule ? Dans mon dos, une voix sortie de la nuit me prouva le contraire en me faisant sursauter. Elle était grave et posée, masculine. Elle s’exprimait dans un anglais dont l’accent américain singulièrement doux sonnait agréablement à mon oreille. Elle s’adressait à moi :

« Vous avez manqué le coucher de soleil. Comme c’est dommage ».

Je pivotai sur moi même avec une lenteur étudiée, comme au ralenti. IL se tenait dans l’ombre, de l’autre côté des Planches, près d’une cabine de plage. Appuyé contre l’une des barrières blanches, une main dans la poche et l’autre serrée autour du col de sa veste de smoking qu’IL avait ôté et tenait nonchalamment par dessus l’épaule. IL fixait l’horizon et ajouta sans me regarder :

« C’est un moment tellement pur, tellement fascinant. Le genre de moment qui donne l’impression de toucher l’essence même des choses. D’être proche de la Vérité. Ne trouvez-vous pas ? ».

Une question simple, et pourtant si personnelle, qui touchait au cœur même des sentiments humains révélés par la magie d’un coucher de soleil. En prononçant ces quelques mots, IL venait de me livrer spontanément un bout de LUI même. Ce qu’IL ressentait au fond de LUI en cet instant magique. Et je savais sans le moindre doute qu’IL ne m’en aurait pas voulu si je n’avais pas accepté de me confier en retour.

Pourtant, tout à fait naturellement, comme si la situation n’avait rien d’extraordinaire, j’employai SA langue que je pratiquais couramment et LUI offris sans hésiter la seule réponse qui me vint à l’esprit :

« Je me suis toujours sentie toute petite devant les innombrables beautés que recèle notre planète. Je comprends et je partage votre fascination ».

IL détacha SON regard de la ligne écarlate qui finissait de disparaître dans les profondeurs marines pour s’en aller renaître de l’autre côté de la Terre. IL était à demi invisible dans la pénombre et je me tenais à plusieurs mètres de LUI, néanmoins, je vis nettement SES prunelles lumineuses se poser sur moi. Je fus étonnée de ne pas ressentir l’habituelle décharge électrique qu’elles provoquaient toujours chez moi. Au contraire, je sentis chaque muscle de mon corps se détendre tandis qu’une douce chaleur se diffusait dans mes veines tel un sérum de vie éveillant de multiples sensations plus agréables les unes que les autres. Comme envoûtée, j’avançai alors vers LUI. Mes pieds couverts de sable crissèrent sur les Planches et m’arrêtant à quelques pas de LUI, je LE vis jeter un œil vers mes orteils et ébaucher un sourire.

« Je vois que vous avez ôté vos chaussures ? Vous deviez être plus à l’aise dans l’autre paire, n’est-ce pas ? ».

Je rêvais ou IL faisait vraiment allusion à mes Docs entrevues dans l’ascenseur ? Cette conversation ne pouvait pas être réelle. LUI, ici devant moi. Nous deux, seuls, dans ce lieu terriblement romantique. Je bafouillai « N…No…Yes…» et, baissai vivement les yeux sur mes pieds. Je fus honteuse du vernis qui recouvrait mes ongles et qui commençait à s’écailler. Instinctivement, mes orteils se recroquevillèrent et je rougis, bénissant l’obscurité qui dissimulait mes petites imperfections. Lorsque je relevai la tête, ce fut pour accueillir la caresse de SES pupilles posées sur moi. Je me sentis vaciller et dû faire un effort surhumain pour ne pas défaillir. Certainement habitué à faire ce genre d’effet sur les femmes, en plus je ne devais pas être des plus discrètes, et devinant mon trouble, IL arqua un sourcil moqueur et lança en montrant SES propres pieds chaussés de mocassins vernis :

« Moi aussi je souffre le martyre là dedans, croyez moi ! ».

Spontanément, nous éclatâmes de rire, transformant ce moment un peu gênant en une complicité absolument délicieuse. Je m’émerveillai devant SA franchise et cette façon tellement sincère de s’exprimer, sans artifice, comme une personne normale malgré SON indéniable statut de star. Je me sentis complètement en confiance face à cet homme incroyable. Oubliant toute gêne, j’osai :

« Je voulais vous remercier pour tout à l’heure, sur le tapis rouge. Vous savez… ».

« Oh, ça ? » IL laissa échapper un adorable petit rire « Il faut que je vous avoue quelque chose. Lorsque je me suis retourné et que je vous ai vue, j’ai cru voir un ange tombé du ciel. C’est vous qui m’avez sauvé de tous ces photographes insistants. Et puis, Mon Dieu, votre robe… Qui n’aurait pas voulu voler à votre secours ? ».

Interloquée, je vis le sourire coquin qui s’étalait sur SES lèvres mais ne pus manquer de remarquer aussi le regard appréciateur qui glissa imperceptiblement sur le fameux vêtement puis remonta très vite vers mon visage. J’avais la gorge aussi sèche que le désert du Sahel.

« Oh !? ».

IL sortit la main de SA poche et se gratta d’un air gêné la base du cou. Geste familier qu’IL effectuait souvent dans la série. Je ne pouvais détacher mes yeux de SES longs doigts ainsi occupés. Finalement, se rendait-IL vraiment compte de SON pouvoir de séduction ? Peut être le faisait-IL exprès après tout. C’est pourtant d’une voix bien timide et mal assurée, à l’opposé de celle d’un séducteur confirmé, que je l’entendis poursuivre :

« C’est étrange mais, dès mon arrivée ici, j’ai eu la sensation que quelque chose m’attendait. Je veux dire, autre chose, plus qu’une simple reconnaissance professionnelle. Et puis, étrangement je n’ai pas arrêté de vous croiser. Et même ici, sur cette plage, où je pensais pourtant être seul…».

SON regard paraissait on ne peut plus sérieux. A quoi jouait-IL ? J’étais perdue, je ne comprenais plus rien. J’avais la sensation de m’envoler loin, très haut, à des milliers de lieux de moi-même. C’était totalement irréel.

« Je suis désolée, je ne pensais pas non plus que vous seriez ici.».

Je paniquai soudain à l’idée qu’IL puisse croire que je l’avais suivi et je m’empressai d’ajouter :

« Je…je ne voulais pas vous déranger, ne croyez pas que je vous espionne ! Tout à l’heure non plus, dans le hall, je ne voulais pas entendre votre conversation. C’est vrai, je vous le jure ! ».

IL me regarda avec étonnement, sans rien dire. J’étais incapable de déchiffrer ce que je lisais dans SES yeux qui me fixaient avec une intensité presque insoutenable. J’en étais à me dire que s’IL ne brisait pas très vite ce silence insupportable, j’allais m’enfuir en courant, lorsque enfin, d’une voix suave et enivrante, IL déclara poliment :

« Au fait, je me nomme Wentworth. ».

IL me tendit une main cordiale et je fus tellement soulagée que je LA serrai machinalement. J’eus l’impression déroutante que notre poignée de main durait légèrement plus longtemps que nécessaire, ce qui ne fut pas pour me déplaire. Je savourai pour la deuxième fois de la journée, le contact chaud et rassurant de cette paume masculine. Au bout d’un moment, pourtant, il fallut bien LA lâcher et je LA quittai bien à regret, laissant retomber mon bras inerte le long de mon corps. IL attendait, une lueur interrogative dans les yeux. Ne comprenant pas bien ce qu’IL espérait, je crus bon de répondre avec un sourire niais:

« Je sais. Je veux dire, tout le monde ici sait qui vous êtes ! ».

« Ah !Ah !Ah! ».

Cette fois, IL se mit à rire franchement, à gorge déployée, rejetant la tête en arrière. L’éclat d’un rayon de lune frappa SES dents blanches, parfaitement alignées, les faisant étinceler et, me rappelant ma propre dentition bien imparfaite. Je restais idiote devant LUI, incrédule de LE voir s’esclaffer de la sorte.

Puis, mon esprit s’emplit d’une avalanche de notes de musique. Elles s’enchaînaient et s’entremêlaient dans un enchevêtrement artistique complexe et pourtant évident pour finalement aboutir à cette mélodie parfaite que j’avais fredonnée tant de fois et qui à ce moment précis résonnait à l’unisson de SON rire quasi hypnotique. SON beau visage épanoui resplendissait sous l’éclat pâle et froid de l’astre lunaire et je songeai aux paroles de cette chanson qui semblaient avoir été écrites pour LUI. He will be called Moonskin, and he will have the beauty of the marble…

Se reprenant enfin, IL prononça joyeusement :

« Vous êtes charmante ! Je suis flatté de savoir que vous connaissez mon nom. Mais, ce n’est pas vraiment la réponse que j’attendais de vous. Voyez vous, d’ordinaire lorsqu’une personne vous dit son nom, la politesse veut qu’on lui donne le sien en retour ».

IL avait parlé en soulignant la fin de SA phrase d’un mouvement de la main gracieux et circulaire en ma direction. SES yeux pétillaient d’amusement et je fus confuse de ma bêtise. Ca me ressemblait bien ça !

Je répliquai alors en rougissant comme une gamine :

« Oui, bien sûr. Vous avez raison, je ne sais pas où j’avais la tête. Je m’appelle Jeanne. ».

Petit silence. IL semblait assimiler mon prénom, comme s’IL tentait de l’associer à mon visage qu’IL détaillait justement avec attention, me mettant très mal à l’aise. IL finit pas esquisser un sourire ravageur et planta le clou en ajoutant :

« Je suis ravi de faire votre connaissance, Jean. ».


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"You missed the sundown. What a shame.”

“That’s such a pure and fascinating moment. The kind of moment when you feel like you may touch the essence of all things, and be close to the Truth. Don’t you think?”

“I always feel very small in front of all the beautiful things that dwell on our planet. I understand and share your fascination.”

“I see that you’ve taken your shoes off. I assume that you felt more at ease into the other ones, didn’t you ?”

“I terribly suffer into my own shoes, believe me”

“I’d like to thank you for your help, on the red carpet, you know…”

“Oh, that ?” “I must confess something. When I turned around and saw you, I thought I’d seen an angel fallen from the sky. You’re the one who saved me from these demanding photographers. And, God, that dress of yours …Who wouldn’t have flown and rescued you ?”

“That’s kind of weird but as soon as I landed here, I got the feeling that something was waiting for me. I mean, something special, more than just a reward for my career. And then, I keep on seeing you. Even here, on this beach, where I thought I would be alone…”

“I’m sorry, I didn’t expect that you were here.”

“I…I didn’t mean to disturb you, do not believe that I’m spying on you ! Back into the hall, I didn’t mean to hear your conversation either. That’s true, I swear !”

“By the way, my name is Wentworth”

“I know, I mean, everyone here knows who you are”

“You’re charming ! I am glad that you know my name. But, that’s not quite the answer I was expecting from you. You know, usually when you introduce yourself to someone else, the idea is that the other one introduces himself back.”

“Oh yes, of course. You’re right, I don’t know what I was thinking about. My name is Jeanne”

“I’m pleased to meet you, Jean.”

8 Comments:

Anonymous Anonyme said...

ouaaaaaaaaaaaaaaah je suis vraimenr fan de cette histoire tu écris tellement bien

vivement la suite

dimanche, 03 décembre, 2006  
Anonymous Anonyme said...

Hum hum... Je croyais que le nom de l'acteur principal ne devait jamais être prononcé... :)

lundi, 04 décembre, 2006  
Blogger LadyRaistlin said...

Je proteste !! *___*
J'ai dis au début que le nom de l'acteur ne serait pas SOUVENT prononcé ;-))
Mais là, obligée quand même :D et puis je ne pensais jamais avoir autant de lecteurs au départ mais maintenant, je suis bien obligée de m'adapter !! LOL
Merci en tous les cas pour vos compliments !!

lundi, 04 décembre, 2006  
Anonymous Anonyme said...

aaaaaaaaaah aaaaaaaaaaaah... roooooooooo comment c'est rrrrromantiqueeeeee... z'adore... on ne voudrait pas que ça s'arrête... oh marrrde!!! quand je vois mon état juste parce qu'ils se sont présentés, j'imagine pour le premier baiser... je serai totalement hystéro devant l'ordi

lundi, 04 décembre, 2006  
Anonymous Anonyme said...

Ecoute, là je bave devant mon ordi et pas seulement pour cette rencontre plus que fabuleuse mais aussi parce qu'à chaque chapître je suis scotché par la façon que tu as de décrire, les sentiments et les ambiances de tes scènes! Merci pour ton histoire elle est géniale. Et vivement la suite bien sur!

lundi, 04 décembre, 2006  
Anonymous Anonyme said...

wouah ! Je reste scotchée devant ta fic. J'en ai même mal aux yeux tellement j'ai lu avidement les 11 chapitres, le nez presque collé à l'écran. Tu écris vraiment bien. Tu as un réel talent de narration.
Un zeste du diable s'habille en Prada avec Lola, le petit côté gaffeuse de Bridget Jones avec Jeanne, et ton style à toi, tout ça fait un mélange détonnant. Encore une fois bravo et j'espère la suite très bientôt... :-)

lundi, 04 décembre, 2006  
Blogger Chancelvie said...

Oh my God it is so romantic.
Je suis complètement scotchée devant mon ordinateur. La façon dont tu décris les sentiments, l'atmosphère...wouah! Il faut vraiment que tu songe à faire publier cette histoire. You are doing a great job...

samedi, 09 décembre, 2006  
Anonymous Anonyme said...

Oh My God!Je suis littéralement accro à ton histoire!Bravo tu écris vraiment bien!:D

jeudi, 14 décembre, 2006  

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