Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

samedi, août 30, 2008

Chapitre 15 : « Allons-y »

« Ah non alors ! »
Il était hors de question qu’IL me fasse encore un coup comme celui-là, et qu’IL disparaisse sans crier gare en me laissant mariner dans mon jus, dans l’attente d’une hypothétique future rencontre au détour d’un hasard incertain. Ca n’allait pas se passer comme ça, cette fois ci !

Aussi, en LE voyant détaler comme un lapin, j’avais retroussé mes jupes, enfin façon de parler, hein, parce qu’elles étaient déjà bien courtes mes jupettes, et je l’avais poursuivi toutes voiles dehors, fendant la foule telle Le Black Pearl aux trousses du Flying Dutchman.

Malheureusement, je L’avais perdu de vue après qu’IL eut bifurqué à l’angle du couple Pitt, où la silhouette largement évasée de la future maman m’avait caché la direction qu’IL avait emprunté.

Damn it !

Ensuite, j’avais tenté en vain de retrouver SA trace ou celle des Potter, parmi cette masse informe de stars babillant et gravitant en tous sens. J’étais loin de posséder l’instinct de pisteuse de la belle Kate de Lost, que ce soit dans la jungle ou ailleurs. Mon sens de l’orientation était aussi réduit que celui d’un mollusque. Et encore ! Peut être que si Sawyer avait été là pour me guider …sans sa chemise bien sûr

Bref, dans mon errance, j’avais dépassé Julia R. et Mélanie G. qui grignotaient leurs petits fours avec parcimonie, régime et ligne Hollywoodienne obligent, bousculé par mégarde quelqu’un qui ressemblait vraiment, mais vraiment beaucoup à Hugh Jackman, non, ce n’est pas lui quand même… ?, et après avoir fouillé le moindre recoin de la salle comble, au point que j’avais même fini par retomber sur la vieille dame des années trente, abandonnée de tous, et en train de s’octroyer la dernière tartelette au citron du buffet, j’avais bien dû admettre qu’IL ne se trouvait plus entre ces murs.

Une fois cette inexplicable vérité assimilée, je m’étais aussi rendu compte que dans ma course effrénée, façon Anne Elliot volant vers le Captain Wentworth, j’avais en plus semé Lola en chemin, zut ! et son photographe minable, pas grave. Et pour couronner le tout, j’étais toujours pieds nus, et sans la moindre idée de comment j’allais bien pouvoir rentrer à l’hôtel sans les clés de mon amie.

C’est alors que j’avais vu s’avancer vers moi, mon nouveau meilleur pote, j’ai nommé securitman, il ne peut plus se passer de moi ou quoi ? Et alors que je m’attendais à ce qu’il me demande un fois de plus de bien vouloir sortir, ou payer une amende pour tenue incorrecte, ou je ne sais quoi d’autre, il m’avait au contraire tendu un mot de billet, plié en quatre. « Pour vous, Mademoiselle. » et tourné les talons sans autre forme de procès.

Va mon frère, va trouver une autre souffre douleur !

Le cœur battant j’avais déplié la missive inattendue dans l’espoir d’y lire quelques lignes rédigées de la main de mon héros disparu en mer, enfin pas dans la Manche hein ! mais seulement dans la marée humaine de ce cocktail mondain, mais le message suivant griffonné à la hâte sur une vulgaire serviette en papier, m’avait mis les nerfs en boule.

« Jeanne, on ne reste pas, désolée, Théo veut rentrer à mon hôtel. On te laisse sa chambre, tes affaires y sont restées. Demande la clé à la réception, on les a prévenu. On se retrouve demain là bas. Bises. Lola »


******




J’étais absolument furax. Lola m’avait lâchement abandonnée pour aller à n’en pas douter s’envoyer en l’air avec son bonhomme germanique ! Et moi, j’étais là, seule délaissée par tous, telle une vieille chaussette dépareillée. Non pas que je regrette de ne pas avoir été conviée à venir partager leurs ébats amoureux. Mon Dieu non ! Mais quand même, elle aurait pu m’attendre !

Je sentais presque la fumée sortir de mes oreilles tandis que je traversai le hall du Palais des Festivals pour rejoindre la sortie. Bizarrement, que j’emprunte les portes vitrées dans ce sens là ne gêna aucunement le service de sécurité. Personne ne m’interpella pour me demander mon multi-pass. Je sortais, donc je n’intéressais plus les vigiles, ouf !

Il était très tard et il ne restait plus qu’une minuscule poignée de photographes aux abords du tapis rouge. Certains fumaient une cigarette, leurs énormes zooms au repos, d’autres discutaient avec quelques fans, fidèles au poste, toujours à l’affût du moindre visage célèbre à immortaliser sur photo argentique ou numérique. Bien sûr ils ne firent même pas attention à moi, vu que je ne servais plus d’accessoire d’ornement à une Very Important Personne, dont un simple cliché couleur leur aurait rapporté de quoi mettre du beurre dans leurs épinards. Mais je me fichais qu’ils m’ignorent, je les ignorais aussi de toutes façons.

Par contre, une fois que j’eus posé mes pieds nus sur le bitume dur et glacé des trottoirs de Deauville, je sentie mes orteils se recroqueviller sous cette nouvelle agression. Je regrettai amèrement d’avoir égaré les chaussures prêtées par Lola. Même si elles m’avaient paru apparentées à un instrument de torture lorsque je les avais enfilées un peu plus tôt dans la soirée, au moins m’auraient-elles permis d’isoler ma voûte plantaire du sol inhospitalier que j’allais devoir emprunter sur plusieurs mètres.

N’ayant pas d’autre choix, je m’armai de courage et tout en maudissant Lola intérieurement, j’entamai ma difficile progression vers l’Hôtel Royal. J’eus la chance de ne pas rencontrer d’obstacles odorants de type déjections canines, et je me retrouvai finalement assez rapidement devant l’hôtel de Théo.

La façade à colombages, typiquement normande était largement illuminée, lui donnant l’apparence étrange d’un paquebot. J’hésitai un court instant avant d’entrer dans ce luxueux bâtiment. Allait-on me mettre dehors comme une mal propre ? Je n’avais pas tellement envie de revoir le cerbère qui m’avait si peu gentiment accueilli le matin même et qui n’avait cessé de lorgner sur mon pauvre vieux sac.

Mais Lola avait écrit dans son message que je devais récupérer les clés à la réception et qu’ils étaient au courant. Je décidai donc de lui faire confiance mais tout de même, j’échafaudai en secret quelques ignobles plans pour me venger au cas où elle m’aurait menti. Bombant courageusement le torse, je poussai la lourde porte carrousel du bâtiment.

J’étais en train d’élaborer une technique de torture terrifiante, à faire pâlir les anciens de l’Inquisition, plus efficace que Jack Bauer lui-même, quand le réceptionniste tiré à quatre épingles qui m’avait regardai de la tête aux pieds, surtout les pieds, me tendit enfin la clé promise non sans avoir très professionnellement consulté son registre. Lola, bénie sois-tu ! Je rangeai mes idées de tortures machiavéliques dans un coin de mon cerveau, ça pourrait peut être bien resservir un jour.

Je retrouvai sans mal le chemin des ascenseurs. Devant les portes d’acier, je soupirai au souvenir de ma rencontre avec Wentworth à ce même endroit quelques heures plus tôt, un siècle plus tôt. Où pouvait-IL bien se cacher à présent ? Malgré mes recherches assidues dans toutes les parties accessibles du Palais des Festivals, je ne l’avais pas revu avant de partir, ni les Potter d’ailleurs. Ils semblaient s’être volatilisés dans la faille cosmique.

Pourtant, il n’y avait eu aucun courant d’air, et je n’avais pas entendu le vrombissement très particulier, presque musical, qui accompagnait systématiquement l’arrivée et le décollage du Tardis. Donc, il était impossible qu’ils se soient réfugiés à l’intérieur du fameux vaisseau spatial intemporel.

Oui mais alors, où était-Il donc passé ? Tout en appuyant sur le bouton lumineux qui fit grimper l’ascenseur vers les étages supérieurs, je songeai qu’IL avait probablement été alpagué par quelques journalistes, ou professionnels du cinéma. IL était quand même là pour le boulot. Pour faire la promo de la série et du prochain film dans lequel on LE découvrirait à l’automne, d’après ce que j’avais pu lire dans la presse spécialisée. Certes, mais IL m’avait quand même joliment snobé tout à l’heure. IL s’était subitement évanoui dans la nature sans un mot alors que la seconde d’avant IL m’offrait un sourire ravageur, et montrait tous les signes d’un homme concerné par mon bien-être. Et mon bien-être dépendait grandement de LUI. Franchement, c’était à n’y rien comprendre ! De plus, je commençais à être franchement fatiguée, et tout cela me prenait la tête gravement !

Après avoir foulé avec plaisir l’épaisse moquette des couloirs de l’hôtel, un vrai bonheur pour mes pieds nus, je refermai enfin la porte de la chambre derrière moi. Je m’appuyai épuisée contre le panneau de bois, et le silence apaisant de la pièce m’envahit agréablement. Elle était restée exactement dans l’état où nous l’avions laissée. Personne n’était venu faire le ménage durant notre absence. Théo avait sûrement exigé du personnel de l’hôtel que l’on ne touche à rien chez lui, c’était tout à fait son genre.

Les vêtements que Lola avaient portés dans la journée étaient éparpillés sur le sol et sur le lit. Le sac qui avait contenu la robe griffée offerte par Théo gisait à demi arraché sous la fenêtre. J’avançai lentement au milieu de tout ce bazar qui m’était familier vu que je n’étais pas non plus la reine du rangement. Sans avoir besoin de trop chercher, je repérai mon sac ADIDAS, intact. Je retrouvai aussi mes chaussures, ainsi que mon jupon noir et mon haut du même coloris Je les avais négligemment abandonnés sur le dossier d’un fauteuil avant d’enfiler la robe prêtée par ma fofollette de copine.

Ah ! celle là, malgré tout, si elle n’avait pas existé, il aurait fallu l’inventer. Finalement, sans Lola et son boulot de photographe, jamais je n’aurais eu la chance de me trouver ici, ni de porter ce genre de fringues hors de prix. Ni par ricochet de vivre ces instants uniques avec LUI.

Avant de commencer à me dévêtir de ma robe de Cendrillon pour redevenir une simple petite souillon, je caressai une dernière fois le tissu soyeux du vêtement. Le noir était assurément ma couleur favorite, néanmoins je ne garderais que de bons souvenirs de cette petite robe rose poudrée qui m’avait fort bien rendue service, et qui avait été témoin de tant de choses aujourd’hui. J’eus un léger pincement au cœur au moment de la dégrafer.

C’est alors que je réalisai horrifiée que mon décolleté ne contenait plus le fameux bâton de rouge à lèvre. Malheur ! Il avait dû glisser à mon insu et je l’avais bêtement perdu. Une lueur d’espoir me fit espérer qu’il se trouve quelque part entre ici et le hall de l’hôtel. Car je ne me voyais vraiment pas ressortir dans la rue et revenir sur mes pas pour le retrouver.
En un éclair, j’enfilai ma vieille paire de Docs usées dans laquelle je me sentis aussi à l’aise que dans des chaussons, et je fonçai dans le couloir. Je débutai sans tarder mes investigations, le nez rivé sur le sol à la manière d’un Sherlock Holmes du Dimanche. Chemin faisant, je pestai contre moi-même et surtout sur ces tenues de soirée, certes jolies, mais totalement dénuées de poches, et dont le côté pratique laissait grandement à désirer. Peut être que je n’en garderais pas de si bons souvenirs en fin de compte.


Hourra
! La chance était avec moi car je découvris rapidement l’objet du délit qui avait roulé dans un coin face à l’ascenseur. Je me penchai prestement pour le ramasser et le renvoyer illico dans sa cachette, au moment précis où le bruit de la cage d’ascenseur se fit entendre, assorti du « ding » annonciateur de l’ouverture des portes.

Ce n’était pas vraiment le Tardis, mais avec un peu d’imagination, ça aurait pu y ressembler. Toujours est-il que ce ne fut ni Rose, ni le Doctor qui émergèrent de la cabine de métal, mais LUI, seul, sans Converses, ni T-Shirt aux couleurs de l’Union Jack. Evidemment, pile au moment où le petit courant d’air produit par le mouvement des portes souleva malicieusement le bout de tissu ridiculement court censé dissimuler ma petite culotte. Je me redressai juste une seconde trop tard et à en juger par la mine réjouit de mon unique spectateur, IL n’avait rien manqué de la scène.


Ben voyons, rince toi l’œil, mon gaillard. Tu ne perds rien pour attendre !


Malgré l’effet de surprise provoqué par SON arrivée inopinée, j’étais bien décidée à ne pas craquer devant SES beaux yeux et SA bouche en cœur, mais je voulais LUI faire comprendre qu’IL n’avait pas le droit de jouer avec moi comme ça. IL ne pouvait pas éternellement apparaître et disparaître, concept très Whoesque, en me laissant croire que quelque chose pouvait naître entre nous. IL avait beau être célèbre, IL n’était pas pour autant exempté de bonnes manières.

Après m’être assuré que ma robe avait bien repris sa place, je croisai les bras et m’efforçai d’arborer mon air le plus inamical, celui que Lola appelait pour me taquiner mon légendaire air aimable. IL comprit instantanément et quitta l’expression amusée qu’IL avait affiché en matant mon popotin à la sortie de l’élévateur. Dès qu’IL commença à parler, le son de SA voix fabuleusement sensuelle faillit me faire perdre mes bonnes résolutions, mais je tins bon.

« Jean, je pensais justement à vous. Je me demandais comment vous retrouver. Et une fois de plus, le destin vous met sur ma route… »

En même temps mon Coco si tu ne t’étais pas débiné comme tu l’as fait, t’aurais pas eu besoin de me chercher !

« Je tenais à vous dire que je suis vraiment désolé… »
« Ah,… encore ? C’est la deuxième fois que vous êtes désolé ce soir. Est-ce une habitude chez vous, Wentworth ? »

IL encaissa ma remarque sans broncher, et je sentie ma détermination vaciller légèrement devant SON air coupable.

« Je vous présente mes excuses. Vous avez toutes les raisons d’être fâchée car je n’aurais jamais du partir comme ça tout à l’heure… »
« Non, en effet, ce n’était pas très poli. »

J’enfonçai un peu plus le clou. Après ce qu’IL m’avait fait endurer émotionnellement aujourd’hui, je n’allais pas LUI faciliter la tâche. Visiblement embarrassé, IL frotta la paume de SA main gauche avec SON pouce droit, comme s’IL tentait d’en chasser une douleur imaginaire.

« Croyez moi, ce n’est pas dans mes habitudes. C’est juste que…je…devais partir… »

Et c’est tout ? Va falloir faire mieux l’ami. C’est pas très efficace là !

Je restai muette et au lieu de lui tendre la perche salvatrice qu’IL attendait, je me contentai de hausser un sourcil interrogateur. Je LE vis baisser la tête, puis la relever presque aussitôt, bravement comme s’IL se préparait à affronter SES pires angoisses.

« Jean, je devais passer un coup de fil important. Je ne pouvais pas continuer à vous voir et à …échanger tous ces moments avec vous tant que je n’avais pas réglé certaines choses. Vous comprenez ? »

J’avais peur de comprendre, en effet. IL poursuivit et SA voix n’était plus qu’un souffle imperceptible :

« J’ai une… amie …chez moi, aux Etats Unis. Elle s’appelle…Sarah. Nous sommes très proche et nous avons…une histoire en commun, mais …elle est mariée et … » IL stoppa SA phrase comme s’il LUI devenait trop pénible d’en dire plus.

Mon Dieu, ça y est !

J’étais suspendue à SES lèvres, abasourdie qu’IL se livre à moi aussi sincèrement. Les traits de SON visage étaient sillonnés d’une tristesse que je me sentis terriblement coupable d’avoir provoqué en L’obligeant à me fournir des explications sur SON comportement fuyant. Je quittai mon attitude austère et décroisai les bras en disant :

« Je suis vraiment désolée, je n’aurais pas dû… »
« Voilà que c’est vous qui êtes désolée à présent ! »

IL ébaucha un semblant de sourire triste qui acheva d’abattre complètement les murailles bien fragiles que j’avais érigé contre LUI. Sans avertissement, IL enveloppa délicatement mes mains entre SES deux larges paumes, fraîches et douces comme du satin.

« Ne le soyez pas. Vous n’avez rien à voir dans tout cela. C’est ma faute. Je voulais être sincère avec vous. Je ne pouvais pas vous mentir alors que votre regard…est si pur, si honnête. Jean, vous me déstabilisez. Je ne comprends rien à ce qui m’arrive.... »


Et moi donc !


IL était dangereusement proche de moi, et je sentais SON haleine légèrement citronnée contre ma joue.

« J’aimerais vous parler, si vous voulez bien. Mais pas ici, pas dans cet endroit. Puis-je … vous proposer un verre ? Ma suite est juste au bout du couloir. »
IL m’indiqua une porte située complètement à l’opposé de celle de Théo.

IL m’invite dans SA chambre ?Baboum !

Mon cerveau se mit à travailler à cent à l’heure, mais il ne me fut d’aucune utilité car il était bien incapable de produire une seule pensée raisonnable.
Devais-je accepter son invitation ? Je n’en savais rien. Etait-Il sincère ? Je voulais le croire mais je ne pouvais pas en être sûre. Qu’est ce qui m’attendait là bas ? Je l’ignorais mais je mourrai d’envie de le découvrir. D’une toute petite voix timide, je m’entendis LUI répondre :

« Pourquoi pas. Je vous suis. »

IL sembla se détendre d’un coup, et recula pour me laisser passer en déclarant dans un français attendrissant :

« Allons-y. »

Je fus heureuse de constater que ma réponse LUI avait rendu un semblant de gaieté Nos mains se quittèrent et je me dirigeai confiante vers la porte qu’IL m’indiqua d’un signe.

En marchant à ses côtés, je LE vis jeter un œil sur mes Docs dont je n’avais même pas pris le temps de nouer les lacets. IL ne fit aucun commentaires et j’eus la sensation qu’IL craignait de me vexer.

Voilà ce qui arrive quand on veut jouer à la femme froide et insensible.

Le trajet jusqu’à SA chambre ne fut pas bien long, et une fois devant la porte, Il extirpa une clé de SA poche de pantalon, et glissa l’objet dans la serrure pour enclencher le mécanisme d’ouverture. J’étais fascinée par SES longues mains en mouvement. J’aurais pu LES regarder bouger pendant des heures sans me lasser, tant leur grâce et leur finesse me transportaient.

Prévenant et complètement inconscient de l’effet que SES gestes anodins produisaient sur moi, IL alluma la lumière dans la pièce avant de me laisser entrer la première. Ainsi, je pénétrai dans SON intimité avec une prudence mâtinée d’une bonne dose d’émotion. Si la chambre de Théo était un désordre monumental, celle de Wentworth était impeccablement rangée. Pas un seul vêtement froissé ne traînait par terre, aucun magazine n’était resté ouvert sur la table, pas non plus de bouteille vide ou de sac déchiré. Tout était parfaitement nickel.

J’admirai le mobilier d’une grande élégance. Une superbe commode et deux fauteuils de style Empire encadrés un somptueux canapé en velours carmin. De lourdes tentures de velours foncés masquaient les immenses fenêtres. J’étais médusée devant tant de luxe et de raffinement. IL avait parlé d’une suite bien sûr et non pas d’une simple chambre. Quelque part je me sentie plus à l’aise avec l’idée que le lit ne trônait pas au centre de la pièce.

« Asseyez vous, je vous en prie. Qu’est ce que vous buvez ? »
« Oh, un simple jus de fruits, ça sera très bien. »

Les deux coupes de champagne que j’avais bu durant le cocktail étaient largement suffisantes pour la soirée, je me sentais déjà un tantinet grise et je préférai éviter les mélanges douteux pour garder la tête froide le plus longtemps possible.

D’un geste gracieux, IL ôta SA veste de smoking, et mes épaules frissonnèrent au souvenir du récent contact de ce tissu onéreux. IL la déposa soigneusement sur le dossier d’un fauteuil, puis entreprit de retrousser SES manches l’une après l’autre. Je notai mentalement qu’aucun tatouage n’ornait SES avant bras musclés. Encore un aspect de SON personnage dans la série qui n’avait rien à voir avec SA véritable personnalité. IL capta mon regard et devina aisément ma pensée. IL sourit :

« Et non… pas de tatouages. Déçue ? »
« Non, bien sûr que non. Je n’ai jamais cru que … »

Quelle idiote ! Etais-je vraiment obligé de lui dévoiler que j’étais incontestablement fan de SA série et du détenu qu’IL y interprétait, tatoué sur la totalité des bras et du torse ? Oui, après tout, c’était la vérité et je ne me voyais pas LUI mentir.

« Ben, en fait, j’adore votre personnage dans la série. Je trouve que vous jouez super bien et que vous avez su le rendre attachant…émouvant même. »


Quelle originalité ! T’es bien la première à lui dire ça !! Ma pauvre Jeanne…


« Oh ? Vous le pensez réellement ? Et bien, merci, ça me touche. Mais vous savez, le scénario est tellement bon que ça facilite beaucoup mon travail. »
« Oui, je suppose mais quand même… »

Banalité quand tu nous tiens…

IL ouvrit la porte du mini bar et en sortit deux petites briquettes de jus d’orange qu’IL secoua énergiquement avant de s’emparer de deux verres judicieusement préparés par le personnel de l’hôtel, toujours désireux d’anticiper les besoins des clients. Je m’étais assise sur le canapé, et je l’observai. A vrai dire, je LE dévorais des yeux, ne voulant pas perdre une miette de SES mouvements. IL déposa verres et bouteilles sur la table basse qu’IL contourna ensuite pour venir s’installer à mes côtés.

« Je vais boire la même chose que vous Jean, je crois que ça vaut mieux … » avoua-t-IL avec une pointe d’ironie embarrassée.
Se pouvait-IL vraiment qu’IL soit aussi intimidé que moi ? LUI, Wentworth Miller ? Le charmeur de ses dames ?

« Bon, en même temps vous n’avez pas à prendre le volant pour rentrer chez vous. Ca devrait aller. » dis-je en riant, et je mimai Mister Bean tenant un volant imaginaire, et zigzaguant de droite et de gauche. IL rit devant ma tentative navrante pour détendre l’atmosphère qui commençait à devenir un peu trop chargée à mon goût.

« Et puis, tant que vous ne vous comportez pas comme le goujat imbibé d’alcool qui sort avec mon amie ! »
« Oh, le photographe allemand ? Oui, j’ai cru remarquer qu’il avait un petit souci avec la boisson. » rétorqua-t-IL poliment tout en remplissant nos verres de jus d’orange.
« Vous ne l’appréciez pas beaucoup on dirait ? »
« Théo ? » je fis mine de réfléchir avant de répondre « Non, je ne l’aime pas, et finalement je n’ai pas vraiment envie de parler de lui en ce moment. »
« C’est parfait parce que moi non plus. »

IL me tendit mon verre et nos doigts se frôlèrent au passage. Je sus qu’IL avait ressenti le même frisson que moi à ce contact car IL riva SES yeux dans les miens et murmura :

« Jean… »
« Oui ? »
« Vous me troublez. Je suis certain que vous aussi vous ressentez ce …sentiment. Comme un lien invisible entre nous. Je ne sais rien de vous et pourtant … »
« … »

SA voix tremblait et SA main aussi, à peine, mais suffisamment pour qu’IL soit obligé de détourner la tête et de reposer SON verre sur la table basse. IL se frotta les paumes l’une contre l’autre comme pour se donner une contenance.

« Mon Dieu, vous ne direz donc rien pour m’aider !? » lâcha-t-IL avec un petit rire forcé qui en disait long sur son mal-être.

Pour toute réponse, je me débarrassai aussi de mon verre. J’enveloppai doucement SES deux mains dans les miennes et les serrer tendrement.

« Je crois…je crois que c’est pareil pour moi mais …je n’ose pas …vous êtes…tellement… »
« Tellement …?… Je suis un lâche, voilà ce que je suis !… » s’emporta-t-IL subitement.

… ? J’ai dû rater un épisode.

Je ne comprenais pas vraiment ce retournement de situation des plus imprévisibles que j’accueillis avec perplexité. Moi qui me voyais déjà goûter à la douceur d’un baiser, j’eus en compensation le privilège d’une confession qu’IL débita comme on se libère d’une souffrance trop longtemps contenue.

« Tout à l’heure, l’amie dont je vous ai parlé…Sarah…je l’ai appelé pour lui annoncer que c’était terminé et que nous ne pouvions plus nous voir. Hormis dans le cadre du travail. Je lui ai dit cela par téléphone ! » IL semblait bouleversé. « Depuis, elle n’arrête pas de m’appeler et je…ne réponds pas… »


Oh !?… Ooooh…


C’était donc cela, et je ne m’étais pas trompée IL avait passé la soirée à penser à elle et ils avaient échangé plusieurs coups de fil. Mais j’avais du mal à assimiler la partie la plus importante de SA révélation. IL l’avait quitté ?! Justement aujourd’hui ?!

Par téléphone par contre, hum… pas très galant tout ça.

Mais au lieu de m’apitoyer sur la pauvre Sarah qui avait dû morfler sévèrement, c’était Wentworth Miller quand même, je me demandais curieuse, à quel moment précis IL lui avait annoncé cette triste nouvelle ? Avant ou après notre presque baiser sur la plage ?

Tu m’étonnes que SON téléphone n’arrêtait pas de sonner !

J’étais sidérée et néanmoins incroyablement flattée qu’IL se livre ainsi à moi. La fissure qui venait d’apparaître dans la belle armure argentée de mon chevalier n’était pas pour me déplaire. IL n’était pas l’homme parfait que s’obstinaient à nous présenter les magazines People. L’image en papier glacé qui s’étalait sur la double page n’était que la partie visible de l’iceberg, une infime partie de cet être vivant, complexe, vulnérable, avec SES imperfections, SES chagrins, SES regrets…IL bougea les doigts et je frémis sous la caresse de ce simple geste.

« Vous devez me trouver bien insensible. Je ne suis pas celui que vous imaginiez… »


Oh que si …


Je me gardai bien de dire un seul mot, LE laissant continuer.

« Pourtant, mes sentiments pour elle ont toujours été sincères. J’ai cru…si elle avait été libre. Mais ces derniers temps notre relation, », IL reformula SA phrase, honteux, « notre liaison devrais-je dire, s’est dégradée. C’était trop compliqué. La presse…devoir se cacher, se justifier sans cesse. Je ne pouvais plus endurer tout cela, mais elle n’a pas compris. »

Oh, là ! J’appréciai énormément SES confidences mais en réalité, je n’étais pas vraiment certaine d’avoir envie de L’entendre me relater tous les détails de leur amour contrarié. Je sentais la pointe acérée de la jalousie me titiller avec insistance.

« Jean, si je vous raconte tout cela c’est que… »


Mon Dieu, que s’apprête-IL à dire à présent ?!


J’étais profondément troublée par l’intensité de SON regard qu’un éclair de lumière artificielle venait frapper, provoquant un effet de transparence sur l’iris nacré, aussi clair et scintillant qu’une pierre précieuse. Je n’aurais su dire avec certitude quels sentiments s’y reflétaient mais à n’en pas douter, ils étaient nombreux et contradictoires.

« …Lorsque mon agent m’a annoncé que j’avais des engagements à tenir ici, j’ai profité de cette occasion pour…fuir. Je vous l’ai déjà dit, je suis arrivé dans cette ville, désabusé, et sans but mais j’avais pourtant ce sentiment étrange que quelque chose m’y attendait. Et puis, je n’ai pas cessé de vous croiser. Vous, si radieuse, si différente au milieu de tous ces gens qui jouent un rôle en permanence autour de moi, qui attendent tous quelque chose de moi, qui ne sont jamais naturels. Oh, Jean, vous êtes une bouffée d’air pur dans ma vie … »

Baboum, baboum, baboum !!


IL se pencha vers moi…

Baboum, baboum, baboum !!


IL sentait terriblement bon…

Baboum, baboum, baboum !!

Et puis ...

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“Jean, I was thinking of you. I was wondering how I would find you. Then, once more, you jumped in front of me…”

“I need to tell you how sorry I am…”

“Ah ? …Again ? It’s the second time you’re sorry tonight. Are you used to it, Wentworth ?”

“I must apology to you. You’re perfectly right to be angry at me, for I should never have left you like I did…”
“No, indeed, it was not very polite”

“Believe me, it’s not in my habits. That’s just that …I…had to go…”

“Jean, I had an important call to give. I couldn’t go on and meeting you,…exchanging all these moments with you since I had not fixed something. Can you understand ?”

“There is this friend of mine, back home, in the United States. Her name is…Sarah. We are very close and we…have a history, but she is married and…”

“I am truly sorry, I shouldn’t have…”
“Here, you’re the one to be sorry now…”

“Don’t be. You have nothing to do with it. It’s all my fault. I wanted to be sincer with you. I couldn’t lie to you while your eyes are so pur, so true. Jean, I don’t understand what’s happening to me…”

“I’d liked to speak to you if you agree. But not here, not in this place. May I …offer you a drink ? My suite is just at the end of the corridor.”

“Why not, you lead.”
“Allons-y”

“Sit down, please. What will you drink ?”
“Oh, a fruit juice would be fine.”

“No...no tattoos. Disappointed ?”
“No, of course not. I never thought...”

“Actually, I love your character in the show. I think you’re very good at giving him emotional aspect.”
“Oh, you really think so ? Well, thank you, I appreciate that. But you know, the scenario is so good that it makes things easier.”
“Yes, I suppose so, anyway...”

“It’s better if I drink the same as you do, Jean...”

“Well, you don’t have to drive to go back home anyway. It should be OK.”
“As long as you don’t behave like the alcoolic boyfriend of my friend.”

“Oh, the german photograph ? Yes, I noticed that he has a little problem with drinking. You don’t like him very much, do you ?”
“Théo, no, I don’t like him but I don’t really want to talk about him right now.”
“That’s perfect for I don’t either.”

“Jean…”
“Yes?”
“You trouble me. I’m sure that you feel it too...that feeling. It’s like a link between us. I don’t know you, and even...”

“God, won’t you say something to help me out ?”

“I think...I feel the same but...I’n not sure...you are so...”
“So what ?...I’m a coward, that’s what I am!”

“Later on, I called my friend, Sarah, to tell her that it was over, and that we could not see each other anymore, except for our work. And I told her this on the phone. Since then, she keeps calling me but I don’t answer the phone...”

“You must think I’m bad. You’re not the one I thought...”

“Nevertheless, my feelings have always been sincere towards her. I thought, if she had been single. But lately, our story, I mean, our affaire started to fall appart. It was too complicated. The medias...hiding and lying constantly, I could not bear it anymore but she didn’t understand.”

“Jean, if I’m telling youthis it’s because...”

“When my agent asked me to come here for promotion, I took this opportunity to runaway. I already told you that when I arrived in this city, I felt lost, I had no real goal, but I knew that something was waiting for me here. Then I kept meeting you. You’re so lovely, so different from all these people around me, playing a role, just expecting something from me, never true. Oh, Jean, you’re like a breath of fresh air in my life...”

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Et puis quoi ?????????????????????
P.... !!!! Gene !!! Tu vas pas nous laisser des lustres dans cette attente ?!!!!!!!!!!!!! Tu vas te DÉPÊCHER d'écrire la suite, d'acc??????

Sinon, quoi dire ? Je suis toujours autant en admiration devant ton talent. Tu écris si bien ! C'est un régal pour les yeux et pour mes zygomatiques. Quelle répartie ! Du pur chef-d'oeuvre ! Continue !!!

vendredi, 05 septembre, 2008  

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