Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

vendredi, novembre 10, 2006

Chapitre 7 : Tapis Rouge

Lola avait pris en mains les opérations avec une efficacité redoutable. Il ne nous restait que très peu de temps avant le début des hostilités, enfin de la soirée, et Théo ne s’était pas privé pour nous faire remarquer avec sa délicatesse toute masculine qu’il n’allait pas attendre sagement après nous qu’on ait fini de se pomponner et de se maquiller.
Moi-même je ne me voyais pas me changer dans la même pièce que ce pervers et j’avais été diablement soulagée lorsqu’au bout de quelques minutes, il avait marmonné une phrase indistincte sur une prétendue obligation professionnelle qu’il ne pouvait manquer.
Il était sorti de la chambre dans une envolée de chemise froissée après nous avoir donné rendez-vous dans le hall, nous laissant entre filles face au moment crucial du « Que vais-je porter ce soir ? »

En effet, le choix de nos tenues d’apparat était Cornélien étant donné la situation exceptionnelle qui nous attendait. Nous allions côtoyer des stars internationales et Lola elle-même n’avait jamais assisté à pareil événement. Il y avait de quoi être excitée, ce qu’elle était à un point quasi surréaliste.

Personnellement, je me moquais un peu de rencontrer Clint Eastwood ou Julia Roberts, mais je ne pouvais m’empêcher de penser avec une délicieuse appréhension à un certain sourire ravageur que j’avais une envie dévorante de revoir.
J’avais essayé de m’imaginer l’intérieur du Palais des Festivals, et le déroulement de la soirée en me demandant à quel moment j’aurais une chance de l’apercevoir et si l’occasion miraculeuse se présenterait d’échanger quelques mots avec LUI.
Pendant que je tirais des plans sur la comète, Lola avait prouvé tout aussi efficacement que moi le matin même, que des fringues de filles étaient bien plus à leur place dispersées sur un couvre lit que tristement suspendues dans une penderie. Elle avait sorti quasiment tout ce qu’elle avait emporté de plus habillé dans ses valises.

Actuellement, elle était entrain d’admirer à bout de bras une petite robe noire dont la transparence vertigineuse me donnait presque le tournis et qui aurait fait rougir tout un régiment d’infanterie. J’espérais qu’elle n’avait pas l’intention de me faire porter cette tenue de meneuse de revue mais sa voix légère et coquine me rassura tout en me faisant encore plus douter des sentiments sincères de Schiffer à son égard.

« Elle est géniale non ? C’est une Versace ! Elle doit coûter une véritable fortune. C’est Théo qui me l’a offerte cet après midi. Il ne m’avait jamais fait un aussi beau cadeau ! »

Ben voyons, j’omis de lui faire remarquer qu’il manquait une doublure à son chiffon, ce qui finalement ne m’étonnait pas vu que c’était Théo qui l’avait choisie. Mais le pire, c’est que je me sentis étrangement jalouse à l’idée que Lola et Théo aient fait les boutiques ensemble pendant que je me morfondais solitaire et affamée sur les planches de Deauville.

Affamée, pour ça oui, d’ailleurs mon estomac marqua son propre avis sur la question en lâchant subitement un borborygme significatif qui souligna clairement ma pensée. Je rougis légèrement mais Lola n’y prêta pas attention et déposa sur le lit son minuscule bout de tissu à 1 000 € le centimètre carré puis elle fouilla parmi la pile de vêtements et s’empara d’une boule de soie chiffonnée.

Sous mes yeux incrédules, elle se tourna vers moi et agitant le chiffon devant elle, elle s’exclama ravie :

« La voilà !! Je savais bien que je l’avais emportée. »

« Hein ? C’est quoi cette loque ? Je croyais qu’on avait dit que tu allais me prêter ta petite robe à fine bretelles ? »

« Ouais mais non, finalement je suis certaine que celle-ci t’ira mille fois mieux. Regarde. »

D’un geste théâtrale, elle déplia la robe pour me la faire admirer et je sentis un sourire fleurir sur mes lèvres quand je découvris la petite merveille.
La soie était effectivement froissée mais c’est ce qui faisait tout le charme du vêtement. Bien sûr la couleur rose cendrée aurait dû me faire fuir ou me donner l’envie de la plonger dans un bain de teinture noire et pourtant, sans que je puisse me l’expliquer cette teinte délicieusement rosée qui me ressemblait si peu, me plaisait. Je tendis la main pour toucher l’étoffe délicate, et fus agréablement surprise de sentir sous mes doigts la finesse de cette matière à laquelle j’étais si peu habituée. Lola observait toutes mes réactions avec un grand sourire satisfait. Décidément, elle me connaissait trop bien.

« Je ne t’ai jamais vu porter cette robe ? Elle vient d’où ? »

« T’occupes ma vieille, je la gardais pour une occasion particulière mais franchement ça me fait plaisir que tu la portes ce soir. Essaie-la pendant que je passe la mienne, on va finir par être à la bourre et Théo va nous faire la gueule. »

Si je n’avais pas été moi même terriblement impatiente de me rendre à cette soirée, j’aurais sauté sur l’occasion pour provoquer la « gueule » de ce cher Théo. Mais ce n’était pas le soir pour jouer à ce petit jeu et finalement, en deux temps, trois mouvements nous avions revêtus nos habits de lumière et nous finissions de nous aider mutuellement à remonter nos fermetures éclairs lorsque Théo fit irruption dans la pièce en grommelant. Il s’arrêta net en nous voyant ainsi affublées et pour une fois je dus admettre que j’appréciais le regard admiratif qu’il posa sur Lola puis sur moi. Un sifflement s’échappa de ses lèvres alors qu’il s’approchait de sa dernière conquête en date et l’enlaçait possessivement par la taille.

« Je vais faire des envieux ce soir. On dirait que je ne me suis pas trompé en choisissant cette robe, chaton. »

Il embrassa Lola dans le cou, la faisant glousser. Puis relevant les yeux et me fixant de ses yeux couleur acier inoxydable :

« Toi aussi Jeanne, t’es pas mal du tout. Le vilain petit canard prend enfin son envol !! Ah !Ah ! »

Je l’aurais étranglé de bon cœur. Comment avais-je pu croire qu’il était capable de compliments sincères ? Je le maudis intérieurement jusqu’à la dix-huitième génération, ce qui était de toutes façons bien inutile étant donné qu’il n’aurait jamais d’enfant vu la petite taille de sa … Maserati spéciale célibataire endurci.

« Tu nous laisses encore deux minutes, Bébé ? On doit se maquiller et se passer un coup de peigne. Parce que deux épouvantails même parés de beaux atours feront toujours peur aux oiseaux ! »

Lola faisait dans la métaphore à présent ? Je haussais les épaules et me dirigeais vers la salle de bain, ignorant ostensiblement le ricanement de Théo et le bruit de succion écœurant qui suivit.

Je ne m’étais pas encore regardé dans une glace et ce que je vis dans l’immense miroir mural qui recouvrait tout un pan de la pièce me laissa sans voix. Ca ne pouvait pas être moi, cette jeune fille qui me dévisageait. Pendant la séance d’essayage, j’avais détaché mes cheveux et ils cascadaient sur mes épaules, pour une fois exempts d’épis malvenus et indisciplinés. Le noir intense, merci L’Oréal Perfection, de mes mèches bouclés s’harmonisait parfaitement avec le rose poudrée de la petite robe vaporeuse et très, très courte que je portais.
Elle s’arrêtait au dessus du genoux, enfin juste en dessous des cuisses si tant est qu’on puisse définir le début d’une cuisse. Mais je constatais avec soulagement qu’elle n’était pas transparente grâce aux multiples couches de soie froissée superposées et taillées en dégradé, légèrement plus longue vers l’arrière. Ca m’arrangeait d’ailleurs car finalement je n’avais pas super envie de montrer ma culotte à tout le monde. La robe n’était pas cintrée à la taille mais un large bandeau de dentelle ajourée soulignait la poitrine et les épaules étaient à demi cachées par d’adorables manches bouffantes de style très victorien.
Si mes cuisses n’avaient pas été aussi potentiellement visibles et mon décolleté aussi audacieusement indécent, je me serais presque sentie dans la peau d’une héroïne de Jane Austen. Mais à bien y réfléchir, j’avais du mal à imaginer Lizzie ou Emma aussi courte vêtues et les cuisses à l’air.
Quoiqu’il en soit, robe courte ou pas, j’étais assurément prête à rencontrer Mister Darcy.

Lola me rejoignit alors que je passais un rapide coup de blush sur mes joues. Elle m’apporta son aide experte à l’application de rimmel et autre eye-liner. Elle retoucha d’une main adroite son propre maquillage qui n’en avait absolument pas besoin étant donné qu’elle était toujours impeccablement fardée en tous lieux et toutes occasions. Je me demandais d’ailleurs souvent à quelle heure elle se levait le matin pour appliquer fards et fond de teint. Pour ma part, je n’aimais pas trop me cacher derrière ses faux semblants, ni abîmer ma peau avec des produits certainement testés sur des animaux. Et puis, j’osais croire que je n’avais pas besoin de tout ça. Je pensais vaguement à Günter et au regard qu’il m’avait lancé avant de m’offrir un verre, pas plus tard que tout à l’heure. Il ne m’avait pas prise pour un vilain petit canard lui !

Subitement Lola lâcha crayons et bâtons de rouge et s’exclama d’une voix enjouée qu’elle avait failli oublier la touche finale de ma tenue. Elle repassa dans la chambre, se tortillant d’une démarche chaloupée grâce à sa Schiffer-robe taillée dans un tissu aussi moulant qu’invisible. Elle farfouilla à nouveau dans une de ses valises et extirpa fièrement une paire de chaussures ultra féminines à talons hauts.

« Pour toi ma vieille ! J’attends depuis trop longtemps de te voir enfin porter de vraies chaussures de filles ! »

« … »

Que dire ? Elle avait indiscutablement raison et je n’y avais pas pensé jusque là mais pour une fois, je ne me voyais pas vraiment en robe du soir, chaussée de vieilles Docs usées.

Alors que je glissais mes pieds entre les fines lanières de cuir pailletées, je sentis mes orteils rechigner à s’installer dans ce nouveau lieu de villégiature. J’avais déjà mal et j’allais pourtant devoir marcher avec ça durant toute la soirée. J’eu soudain un immense respect pour ses mannequins haut perchées sur leurs talons aiguilles qui défilaient sur les podiums comme si de rien n’était.

Finalement, à notre grande fierté nous avions été exceptionnellement rapide pour nous préparer et après nous être cordialement félicitée l’une l’autre, nous avions rejoint Théo. Il était redescendu nous attendre au bar de l’hôtel et sirotait des Martini Dry en compagnie de spécimens de la gente féminine qui me rappelèrent des abeilles autour d’un pot de miel. Lola les expédia prestement en se pendant au bras du photographe et en leur exhibant sans vergogne son plantureux décolleté et ses formes avantageusement moulées. Je me retins d’éclater de rire devant leur mines dépitées, elles avaient peut être espéré qu’il inviterait l’une d’elles à fouler avec lui le tapis rouge du Palais des Festivals. Mais non, Mesdemoiselles, ce soir c’est nous qui aurions cette grande faveur. Enfin, moi je ne faisais qu’accompagner le couple, hein ! Je n’avais aucun lien avec Théo, et je priais tous les saints de ma connaissance pour ne pas me retrouver en photo avec eux dans un quelconque magazine.

Quelques minutes plus tard, le temps de traverser la rue et nous y étions. Il y avait encore plus de monde qui se pressait le long des barrières de sécurité. De là où j’étais, je voyais les flashs crépiter autour d’une haute silhouette distinguée qui me parut vaguement familière, un acteur célèbre sûrement, il y en aurait des tas ce soir.
Toute cette effervescence m’étourdit brusquement et j’eu comme un mouvement de recul. Mais Théo avait déjà été reconnu par certains de ses collègues photographes qui moins chanceux que lui n’avaient pas gagné le pass special guest et qui se retrouvaient à couvrir l’événement plutôt qu’à le vivre. Peu rancuniers en apparence, ils étaient tous entrain de canarder le couple formé par un Théo au sourire suffisant et une Lola sublime mais à la cambrure légèrement aguicheuse. Refusant absolument d’être associée à ce tableau insupportable, je tentai de me faufiler discrètement sans me faire remarquer mais un garde de la sécurité me barra le passage. J’agitais gentiment mon pass, en frimant quand même un tout petit peu je dois l’avouer, devant son visage fermé et sérieux et il me fit un bref signe de tête pour m’indiquer que je pouvais passer. Ma frimousse notablement inconnue n’attira pas la moindre attention de la part de la foule aussi anonyme que moi et je m’en réjouis tandis que je crapahutais tant bien que mal vers l’entrée du Palais.

Je réalisai trop tard que toutes les attentions étaient justement tournées là où je me rendais, vers trois personnes arrêtées dans l’allée et qui me bloquaient le passage. Parmi elles se trouvait la haute silhouette que j’avais remarqué précédemment. Là aussi les flashs se multipliaient en éclats de lumière incessants qui m’éblouissaient, s’incrustant obstinément sur ma rétine.
Je clignai des yeux plusieurs fois sans réussir à les faire disparaître. Je me sentais terriblement mal à l’aise et envahie d’une désagréable sensation de déjà vu. Puis j’entendis l’un des photographes appeler un nom et enfin je compris qui se trouvait juste devant moi sur le fameux tapis rouge des stars.
IL me tournait le dos, bien sûr, encadré par son ami réalisateur, Alan Potter et sa femme d’un côté et par son attaché de presse de l’autre. Je réalisai une seconde trop tard pourquoi cette dernière s’était éloignée. Pour ne pas polluer le champ des photographes. Ce que j’étais en ce moment même, bêtement et totalement involontairement entrain de faire. Je vis les photographes me montrer du doigt et me lancer des regards menaçants. Je pouvais deviner ce qu’ils pensaient sans trop de problème « C’est qui celle là ? Elle va virer du champ ou quoi ? » Par chance leurs objectifs n’étaient pas surmontés de canons de fusils car quelque chose me disait que ces snipers de photos n’auraient pas hésité à me cribler de balles. Ce qui aurait fait sensation dans tout le festival mais un peu tâche sur le tapis tout de même.

Un homme de la sécurité se précipita vers moi, en portant la main à son oreillette. Je me demandai si lui était armé par contre. Je voulus lui faciliter le travail en virevoltant sur moi même pour aller me cacher dans le premier trou de souris venu. Mais j’avais oublié que j’étais montée sur échasses et alors que Monsieur Sécuritas m’attrapait le bras sans ménagement, je me tordis théâtralement la cheville et je tombai à la renverse et sans trop de grâce à mon avis, dans ses bras musclés mais très peu accueillants. Aïe !
Ma petite cascade improvisée attira tous les regards et fit se retourner le couple Potter et leur fabuleux compagnon. Tout le monde me fixait avec surprise ou agacement. Mais, moi, dans le lot de tous ces regards incisifs, je ne voyais que SES yeux qui m’observaient avec, je l’aurais juré, une pointe d’inquiétude non feinte. Ils étaient encore plus magnifiques que lorsque je les admirais derrière mon écran de télé et définitivement ‘pas bleus’. Malgré ma situation plutôt scabreuse, je pris le temps de noter les touches de vert et de noisette qui se mêlaient harmonieusement dans ce regard translucide à l’intensité bouleversante.
Puis, alors que le grand protecteur de la sécurité dans le monde me repoussait loin de lui comme une pestiférée, je vis avec incrédulité une longue main fine se tendre vers moi avec une irrésistible galanterie pour me proposer de l’aide. Prends-en de la graine Monsieur le gorille insensible de chez Sécuritas !

Le temps sembla s’arrêter un bref instant. Je percevais les bruits comme lointain et étouffés. Les images de cette scène irréelle défilaient au ralenti, le tout entrecoupé du crépitement assourdi des flashs. Ce genre de choses n’arrivait que dans les films, j’en étais sûre. J’hésitais pourtant une infime seconde avant de prendre la main qui m’était si spontanément offerte.

SA paume était bien réelle, chaude et douce contre la mienne et je le sentis avec délice resserrer légèrement ses doigts autour des miens alors qu’il m’aidait à me redresser. J’avais l’impression d’avoir été propulsée comme par magie à l’intérieur de mon poste de télévision et d’être devenue l’héroïne de cette série que j’adorais. Lui et moi, contre nos ennemis imaginaires, face au monde et aux millions de téléspectateurs qui nous regardaient chaque lundi soir.

Certes, néanmoins, en cet instant magique, je me retrouvais dangereusement en équilibre sur mes deux échelles miniatures et je tanguais légèrement comme un marin sur le pont de son navire. Oups ! Comme s’IL avait deviné mon désarroi, IL m’offrit un sourire bienveillant et un son délicieux s’échappa de ses lèvres tel un papillon caressant ma joue :

« Are you OK, Mademoiselle ? »

« Hein ?! » Il me parlait à moi, au milieu de tous ses gens, sous le feu des caméras et des appareils photos, en plein milieu de ce tapis écarlate qui ne devait pas être loin d’avoir la couleur de mon visage actuellement.

« Ou…oui, …Yes. I’m… OK … »

Je me demandai si on remarquerait lorsque je me pincerais violemment pour me réveiller. Car forcément ce ne pouvait être qu’un rêve. Je vis mon sauveur se tourner vers ses amis et leur dire quelques mots puis s’adressant à moi, il m’offrit un large sourire qui manqua de m’achever totalement :

« Shall we go ? »

IL m’indiquait poliment l’allée devant lui et la porte du palais des congrès ou plusieurs personnes semblaient attendre après nous, enfin après eux du moins. Sans trop réfléchir et sans vraiment avoir le choix vu qu’il n’avait pas lâché ma main, je le suivis. Si ce n’avait été mes horribles chaussures inconfortables au possible, je me serrais cru entrain de marcher sur un nuage.

Un éclair de lucidité me fit jeter un œil en arrière et j’aperçus non loin, les yeux ronds et étonnés de Lola qui me fixaient avec une stupeur indescriptible. Je lui fis un pauvre petit sourire en haussant timidement les épaules puis poursuivis mon chemin à petits pas. Mon cerveau toujours complètement déconnecté de la réalité.

2 Comments:

Blogger Chancelvie said...

C'est tout simplement génial. Moi aussi j'attends la suite avec impatience.

samedi, 11 novembre, 2006  
Blogger Hazel said...

C'est le début d'une romance !!! Ouahhh, j'ai hâte de lire la suite mais j'ai pas le temps aujourd'hui, zut !

samedi, 29 mars, 2008  

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