Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

vendredi, novembre 10, 2006

Chapitre 1 : Appel téléphonique nocturne

L’écran de télé devint noir quelques secondes puis le son et l’image réapparurent avec le défilement du générique devenu si familier à mes oreilles. Je sifflotais machinalement la mélodie en cliquant sur le bouton de ma télécommande pour baisser légèrement le volume du son. Je m’étais toujours demandé pourquoi les génériques de série télé étaient d’une intensité sonore plus élevée que l’épisode lui-même. Un mystère pour moi.

Bref, je regardais les images défiler attendant la dernière seconde pour éteindre. Même si je connaissais par cœur l’enchaînement rapide des courtes séquences du générique, je ne pouvais pas m’empêcher de le regarder à chaque fois comme si le fait de couper avant la fin avait été un sacrilège. Et puis, même sans cette fausse excuse, j’aimais la musique tout simplement et j’appréciais d’entendre ces trente secondes de douceur qui me permettait de décompresser un peu après l’épisode que je venais de voir.

D’ailleurs, aujourd’hui, c’était plutôt nécessaire car une fois de plus, les scénaristes n’avaient pas ménagé leurs efforts pour offrir aux téléspectateurs 42 minutes de suspens et d’euphorie intense. Je soupirai en fermant les yeux, rejouant mentalement les passages qui m’avaient le plus frappé. En éteignant enfin mon téléviseur, je me demandai comment j’allais pouvoir attendre une semaine pour voir la suite et maudissai intérieurement l’heure tardive de diffusion de ma série favorite. J’allais encore être naze demain matin.

Je baillai à m’en décrocher la mâchoire en me levant à regret du canapé. Je glissai mes pieds nus glacés dans mes pantoufles et jetai un œil songeur sur les vestiges de mon dîner solitaire encore éparpillés sur ma table de salon, oscillant entre l’envie de rejoindre ma chambre où m’attendait mon lit douillet et l’utilité de ramener assiettes, verres et détritus dans la cuisine. J’en étais là de mes interrogations nocturnes lorsque la sonnerie de mon téléphone portable me fit sursauter. Instinctivement, je regardai les chiffres bleu flashy qui s’affichaient sur la façade de mon lecteur DVD : 00h45.

« Merde, qui peut bien m’appeler à une heure pareille ?! » En quelques secondes, mon cerveau à moitié endormi s’imagina le pire et je sautai littéralement sur le petit objet dont le cadran s’était illuminé et qui continuait à déclamer à tue tête une série de bips insupportables sensés rappeler la mélodie d’une chanson non moins insupportable qui impliquait un oiseau, un enfant et une chèvre.

Je détestais cette sonnerie que m’avait installé le vendeur avec un grand sourire et sans me demander mon avis quand j’avais acheté mon portable. Il avait insisté en disant que c’était la chanson à la mode, très tendance et que j’allais adorer. Je l’avais regarder d’un air soupçonneux en le voyant pianoter à une vitesse fulgurante sur les touches. Mais ne voulant pas passer pour une fille qui n’y connaît rien ( même si c’était pourtant ce que j’étais ), je lui avais rendu son sourire et acquiescé à tout ce qu’il m’avait proposé. Depuis, je me tapais la honte dès que mon portable se mettait à sonner dans un lieu public car j’étais bien sûr incapable de modifier seule les paramètres pré enregistrés et que je n’osais pas demander à mes amis de peur de passer pour une idiote.

J’appuyai sur la petite touche verte et lâchai un « Allo » plutôt fébrile. Une voix aigué et surexcitée me répondit.

« Salut ma vieille, t’as vu ça ? J’ai pas pu résister à t’appeler, tu m’excuses hein ? pour l’heure ? Mais franchement, je pouvais pas aller me coucher sans avoir parlé avec toi de cet épisode de malade. Tu l’as regardé hein ?! J’y crois pas, comment je vais pouvoir attendre jusqu’à la semaine prochaine ? Nan mais t’as vu le passage où … »

Le débit était aussi rapide que le tempo de la batterie à un concert de Slayer et je souris malgré moi, soulagée que cet appel ne soit pas pour m’annoncer une mauvaise nouvelle et heureuse d’entendre la voix chantante de ma grande copine Lola. On avait l’habitude de se retrouver chaque lundi soir chez moi ou chez elle pour regarder ensemble notre série préférée en boulottant des chips ou des biscuits selon se qu’on trouvait dans le fond de nos placards. Mais notre petite routine hebdomadaire avait été modifié de façon impromptue par le boss de Lola qui l’avait envoyé couvrir un événement, je cite « mondial à ne pas manquer » qui se tenait à l’autre bout de la France.

En fait de bout de la France, cet événement se tenait à Deauville et n’était autre que le Festival du film américain. Mais pour Lola, parisienne jusqu’au bout des ongles et photographe professionnelle, la Normandie était géographiquement située aux portes de Brest, donc pas très loin de Bordeaux. Tout comme elle était persuadée que les glaces polaires touchaient quasiment les plages du Nord de la France, c’est pourquoi elle semblait toujours surprise quand elle me voyait fourrer un maillot de bain dans mes valises lorsque je retournais passer mes congés d’été dans ma famille à Dunkerque. Pour elle, tout ce qui dépassait le périphérique de Paris était en zone étrangère et c’est limite si elle ne m’avait pas demandé s’il fallait qu’elle prenne son passeport pour traverser le pont de Normandie. Quand je lui avais annoncé que Deauville était à moins de 3h00 de Paris par l’autoroute, elle m’avait regardé l’air incrédule avant de repousser ce détail insignifiant au fin fond de sa mémoire très sélective pour se focaliser sur le temps qu’il allait faire là bas et ce qu’elle allait emporter dans ses valises.

J’adorais Lola et son côté fofolle et je l’écoutai gentiment au téléphone me déballer toute l’excitation qu’elle avait ressenti lorsque le personnage central de la série avait enfin retrouvé celle pour qui son cœur battait depuis le premier épisode. Nous avions attendu ce moment avec impatience et elle était déçue de ne pas avoir pu assister à ces retrouvailles télévisées en ma compagnie.

« Rolalala, tu as vu son regard quand il l’a reconnu dans la rue ? Et quand il s’est approché d’elle en prononçant son nom tout bas ? Cette voix qu’il a, ça devrait être interdit d’avoir une aussi belle voix !! »

Elle s’est mise à rire et je l’ai imité, je m’étais rassise à genoux sur mon canapé, glissant mes pieds toujours aussi glacés sous mes fesses.

Le babillement continu de mon amie bourdonnait à mon oreille et je songeai qu’elle avait raison, et qu’il avait vraiment de beaux yeux cet acteur, il était même très mignon. Ce qui jouait beaucoup sur l’attrait que la série exerçait sur moi depuis sa première diffusion. Bien sûr, j’étais aussi fascinée par l’histoire elle-même mais il fallait bien admettre que cet acteur me subjuguait. Chacune de ses apparitions à l’écran allumait un petit feu au creux de mon estomac qui se consumait jusqu’à ce que j’éteigne la télé. D’ailleurs ce soir, le feu avait flambé de plus belle au moment où le héro, interprété par cet acteur aux yeux magnifiques, avait attrapé le bras de l’héroïne et avait posé sa main à elle sur son torse à lui, juste à l’endroit où son cœur battait sous sa chemise. Il avait déclamé avec ardeur son texte dans lequel il avouait à la jeune femme ses sentiments torturés.

J’avais senti mon propre cœur chavirer au son de sa voix empreinte de douceur et de chaleur où les sanglots contenus offraient un sublime écho à l’amour et à la culpabilité qui se lisaient dans ses yeux. La scène m’avait laissée tremblante et rêveuse et j’étais finalement contente d’avoir été seule pour pouvoir apprécier et savourer ce moment à sa juste valeur. Non pas que je n’aimais pas regarder la série avec Lola à mes côtés, mais elle était parfois ( enfin… toujours ) si exubérante que je devinais d’ici les hurlements passionnés qu’elle avait dû lancer en voyant la scène. D’ailleurs, elle gratifiait actuellement mon oreille gauche du même hurlement très reconnaissable qui m’indiquait qu’elle avait elle aussi particulièrement apprécié les trémolos dans la voix du héro.

Au bout d’un moment, sa conversation vira sur ses conditions de travail in-a-cce-ptabl-es et cet univers professionnel impitoyable dans lequel elle évoluait, où il n’y avait pas de collègues mais uniquement des concurrents. Heureusement qu’elle avait retrouvé son ex, Théo lors d’une séance de shooting. Lui aussi était photographe même si ça m’avait toujours semblé être plus une couverture pour draguer les filles qu’une réelle vocation chez lui. N’empêche, Lola m’expliquait qu’ils se marraient bien mais qu’aujourd’hui, elle l’avait renvoyé coucher à son hôtel pour profiter au mieux de l’épisode de ce soir. J’essayais de repousser l’idée que nous nous comportions vraiment comme deux gamines face à cette série et j’étais entrain de me dire qu’il fallait que j’arrive à raccrocher pour aller enfin me coucher quand elle lança un hurlement encore plus strident qui faillit me rendre sourde d’une oreille.

« Maaaaais je ne t’ai pas dit le plus beau ? Devine, devine ? Allez … »

« Euh… ? »

« Tu devineras jamais !! »

« Ha bon… ? »

« Allez, je te le dis. Ils vont venir ici à Deauville !!!! » Nouvel hurlement assourdissant qui commençait à aggraver sérieusement mon état d’endormissement avancé.

« Ils ? »

« Mais oui euuu !!! Ils !! Le cast de la série. Enfin, LUI et le réal au moins. Je l’ai appris par Théo dans la soirée. IL vient présenter son projet de scénario et accompagne son copain le réalisateur, euh…Alan quelque chose, je ne me souviens plus de son nom. »

Bien sûr, Lola était plus photogénique avec les visages qu’avec les noms mais là bizarrement, son manque de précision commençait à m’agacer sérieusement.

« Alan Potter ? Le réalisateur de la série ? »

« Ouais c’est ça. Potter, comme le petit magicien binoclard dont on peut prononcer le nom !! » Elle rit de sa propre blague mais je ne l’écoutais plus. L’image d’un regard bleu presque transparent papillonnait devant moi.

« Il l’accompagne ? T’es sûre ? »

« Absolument ma vieille. Selon le planning de l’hôtel où on s’est renseigné avec Théo. Merci carte de presse, je t’adore ! Ils débarquent demain matin à la première heure et ils restent deux jours à Deauville pour leur promotion avant de s’envoler pour Berlin, ou Moscou, je sais plus trop enfin, dans le coin quoi !! »

J’étais devenue muette, la gorge complètement sèche. Je n’essayai même pas d’expliquer à Lola la distance qui séparait les deux capitales Allemande et Russe. J’étais tétanisée par sa nouvelle, et je n’arrivais pas à croire qu’IL allait venir en France et que je ne le verrais même pas. Que j’allais rester seule sur mon canapé à essayer de me réchauffer les pieds pendant que Lola le prendrait en photo et pourrait contempler à loisir son beau visage de jeune premier. La vie était injuste, j’adorais mon métier de traductrice en free-lance mais il ne me permettrait jamais d’approcher ce monde là, celui du show business. J’avais une envie terrible de pleurer et mon petit appartement me parut soudain minable. Je regardai d’un œil mauvais la vaisselle sale empilée sur ma table basse en pensant avec amertume à la splendeur des Palaces où logeaient les VIP de passage à Deauville.

Je réussis quand même à articuler, « OK, ben, c’est cool, tu as de la chance. »

Pour la première fois depuis le début de son appel, Lola ne dit plus rien. Un léger malaise téléphonique, si on peut dire, s’installa entre nous.

« Euh…ma vieille. Tu sais, si je pouvais t’avoir un pass… »

« Ouais, ouais je sais. T’inquiètes, de toutes façons, j’ai pas le temps en ce moment. Mon éditeur me taraude tous les jours pour que je lui rende ma dernière trad’ et il faut que j’avance. »

« Ah ouais, alors, je te rappelle demain pour te dire s’il est arrivé. OK ? Je te promets que je lui demanderais un autographe pour toi !! »

Je ne pus m’empêcher de sourire, Lola était toujours adorable avec moi. Elle avait beau être complètement à l’ouest parfois et m’avoir plus d’une fois embarqué dans des galères mémorables, elle était ma meilleur amie et je savais que je pouvais compter sur elle. Elle avait toujours été là pour moi et vice et versa. Bref, une amie comme elle, ça se gardait et ça se chouchoutait.

« Enjoy, ma belle et racontes moi tout surtout. »

« Ouais ! Compte sur moi Jeanne, je t’embrasse. Bonne nuit. »

Elle avait raccroché et je me dirigeais enfin vers la cuisine, les bras chargés de vaisselle sale.

1 Comments:

Blogger Hazel said...

Voilà j'ai lu le premier chapitre en entier et j'ai envie de lire la suite rien que pour les yeux doux de Wentworth Miller (et aussi parce que ça se lit très bien, c'est fluide) Wahooooouuuuu ! (remarque le côté aussi hystérique que la copine de ton héroïne). Y a du sexe dans ton histoire ? ça manque un peu dans prison break, on reste toujours sur notre faim ! J'ai bien aimé le clin d'oeil au binoclard (les élèves n'arrêtent pas de me dire que je lui ressemble lol). Allez j'arrête là pour aujourd'hui, mais j'ai hâte de lire la suite (Mince! Encore une dizaine de chapitres à lire, heureusement que la scénariste fait grève, ça va me laisser le temps de rattraper mon retard lol).

samedi, 22 mars, 2008  

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