Blog de Raistlin

Mon dernier blog n'est plus. Vive mon nouveau blog ! Vous trouverez ici mes écrits. En espérant que cela vous plaira. Bonne lecture !!

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Lieu : Picardie, France

vendredi, août 22, 2008

Chapitre 13 : “If it’s a dream...

…then let me sleep. Only wake me when, I’m in your arms again.”

La voix fluette et presque enfantine de Vanessa avait insidieusement infiltré mon esprit embrumé et me susurrait ces paroles qui semblaient écrites pour nulle autre que moi ce soir. Mais je ne voulais pas l’écouter, je refusais d’analyser quoi que ce soit au risque effectivement de réaliser que tout cela n’était qu’un rêve.

Pourtant, une autre voix, masculine celle-là, chanta dans ma tête, et mon sang se glaça lorsque les paroles déprimantes de Vinnie Cavanagh énoncèrent une vérité que je redoutais ; « …my fragile dreams would be broken… »

La mélodie magnifique et envoûtante de cette chanson d’Anathema que j’adorais explosa sans crier gare dans mon cerveau déjà complètement déboussolé, provoquant une effusion de sensations différentes ; tristesse, plaisir, souffrance, jouissance. Je sentie un sanglot gonfler ma gorge et j’entendis cette fois ma propre voix qui soufflait un « Non » misérable.

Que se passait-il ?

Alors, j’entrouvris les paupières et une lumière aveuglante agressa mes pauvres yeux. Je levai une main pour me protéger mais aussitôt quelqu’un l’attrapa et la serra délicatement, stoppant mon geste.

« Elle reprend connaissance. »

C’était Lola. Enfin, c’était bien sa voix mais je ne l’avais jamais entendu émettre de sons d’une tonalité aussi faible. Quelque chose clochait. Que signifiait cette note d’inquiétude que j’avais décelée dans sa phrase ? Qui donc reprenait connaissance ? Je ressentie une légère douleur dans la hanche qui me fit brusquement prendre conscience que j’étais à demi allongée sur le sol, le haut du corps adossé sur les jambes dénudées de mon amie à genoux par terre.

« Lola, qu’est ce que… ? » J’essayai de me redresser mais mon amie appuya doucement sur mes épaules pour m’obliger à rester immobile.

« Ne bouge pas ma chérie. Ca va aller mieux, quelqu’un est parti chercher de l’eau. »

« Hein ? Mais c’est quoi ce délire ?! »

Ma lucidité refaisait peu à peu surface, et je mis plus de conviction dans un second effort pour me relever, réussissant à m’arracher des bras sur-protecteurs de ma Lola. Je devinai sa totale désapprobation accentuée par le long soupir qu’elle laissa échapper mais elle me permit néanmoins de m’asseoir, sans prétendre pour autant me lâcher la main. Tu veux prendre mon pouls ou quoi, Abby ?

« Bah, tu nous as joué la scène de la jeune damoiselle qui tombe dans les pommes. Tu m’as foutu une de ces trouilles ! » Je devinai qu’elle était sincère et me sentis gênée sans trop savoir pourquoi.

« Moi, tombée dans les pommes ? Mais on est où ? »

Je jetai un œil hagard aux alentours. Nous nous trouvions dans le hall du Palais des Festivals. Ma vue se réhabituait lentement aux éblouissantes lumières qui ricochaient sur les balustrades rutilantes. A quelques pas de nous, je distinguai deux ou trois personnes, vêtues de smokings et robes de soirée. Ils nous observaient à la dérobée en chuchotant. Deux silhouettes sombres nous surplombaient et je dû me tordre le cou pour regarder leurs visages. Yark ! je ne pus retenir une grimace. Nous avions là, Théo, dans toute sa splendeur inutile, et …

« Mesdemoiselles, vous ne pouvez pas rester par terre, ce n’est pas correct. »

C’était l’un de ces vigiles en costume noir et oreillette greffée au tympan que je commençais à bien connaître.

« Mais enfin vous voyez qu’elle ne va pas bien ! Vous croyez qu’elle l’a fait exprès de s’évanouir ? C’est pas une droguée, non mais ! Vieux chnoque ! »

« Mademoiselle, voyons, je n’ai jamais pensé… »

« Ouais, c’est sûr, je ne crois pas que vous ayez jamais pensé de votre vie !! Franchement !! »

J’écoutais Lola défendre mon honneur bec et ongles et invectiver le vigile, tout en prenant à témoin Théo qui bien entendu ne bronchait pas. Je commençais à comprendre ce qui m’était arrivé. De toute évidence, j’avais été victime d’un malaise. Déjà un peu plus tôt, en quittant la salle de ciné, je ne m’étais pas sentie bien, puis plus tard dans SES bras…Dans SES bras !!! Je me redressai affolée, tournant la tête en tous sens. J’avais arraché ma main de celle de Lola coupant net sa conversation mondaine avec le charmant Monsieur qui n’appréciait pas notre sitting.

« Où est-IL ?! », criai-je. A présent, je me souvenais. IL aurait dû être là près de moi ! IL avait été là avec moi sur la plage, c’était vrai, et j’étais rentré avec LUI dans le hall. Ce n’était pas possible, ce n’était pas un rêve ! « NON ! »

Lola et le vigile avaient cessé leur querelle de cour de récréation et recentré leur attention sur moi. Mais, si la première tentait vainement de me reprendre la main en me demandant de me calmer, le second se contentait de presser fébrilement son oreillette en inclinant la tête, comme si Dieu lui même lui soufflait à l’oreille des conseils pour gérer la situation. Je repoussai presque violemment la pauvre Lola et me remis debout avec difficulté. Le froid glacial du marbre sur le sol avait légèrement tétanisé mes jambes dont les cuisses, il faut bien l’avouer, avaient bien peu de tissu pour se tenir au chaud.

J’étais toujours pieds nus, et je me fichais totalement de savoir où se trouvaient mes chaussures. C’était LUI que je voulais. LUI. Je me mis à regarder frénétiquement autour de moi, à la recherche de SA haute silhouette, de SES magnifiques yeux noisettes, de SA bouche que j’avais failli goûter. Je m’attendais à entendre SA voix suave et tendre prononcer mon nom. Mais rien, nulle part, IL n’était plus là. IL n’avait jamais été là, j’avais rêvé ! J’avais rêvé !!

« Jeanne, calme toi ! Ce n’est rien, calme toi ! » Les mots de Lola me firent exploser en larmes et je m’effondrai dans ses bras, épuisée, et malheureuse. M’abandonnant à ma détresse, je m’agrippai à ma meilleure amie, comme à une bouée de sauvetage dans ce monde injuste. Elle était la seule qui pouvait me comprendre. Je débitai une série de mots hachés, déformés par des sanglots irrépressibles.

«J’ai cru …qu’…IL était …là. Je L’ai…vu…j’é…j’étais…a…a…vec LUI…non…non… »

« Jeanne…Jeanne…Chut …calme toi… »

Je secouai la tête, m’agrippant à elle de plus belle, et je remarquai alors avec horreur le regard de connivence, un brin moqueur qu’elle lança à Théo. Oh non, Lola, pas toi, tu ne peux pas te moquer de moi toi aussi. Si je la perdais elle aussi, j’allais sombrer. Je me sentais prête à basculer dans le vide.

« Jeanne…regarde, Jeanne. »

Elle me repoussa doucement et me montra quelque chose qu’elle venait d’attraper sur moi. Une manche. Une manche reliée à une veste. Une veste qui pesait sur mes épaules et qui me tenait chaud. Qui me tenait soudain vraiment merveilleusement chaud. SA veste…

Je souris bêtement à mon amie et sentie deux colombes blanches me décharger du fardeau de ma détresse et s’envolaient très haut et très loin.

************

Lola m’avait entraîné vers la salle où se tenait le fameux cocktail. Un nombre incalculable de personnalités diverses était déjà réuni là bas. Acteurs, cinéastes, photographes, opportunistes…on aurait cru qu’ils avaient tous volé là, à peine la projection du film terminée, comme s’ils n’avaient attendu que cet instant. Les uns papotaient et souriaient tandis que les autres sirotaient du Champagne et hochaient leurs célèbres têtes d’un air entendu.

A la vue du buffet croulant sous les pâtisseries de chez Fauchon, j’avais senti gronder mon estomac, et enfin compris la raison de mon malaise. Un corps affaibli, privé de nourriture, et maintenu sous extrême tension pendant de nombreuses heures, plus de 12 heures dans mon cas, envoie les seuls signaux d’alerte dont il dispose, en l’occurrence ; tête qui tourne et évanouissement. J’avais été stupide de négliger de la sorte mon organisme pour ne privilégier que l’excitation produite par ce lieu et ces événements exceptionnels.

Aussi, je m’étais littéralement jeté sur les petits fours que j’avais englouti sans vergogne, sous les yeux médusés d’une vieille dame qui avait du connaître ces heures de gloire cinématographique à la période de l’entre deux guerres. J’avais soulagé ma faim tout en écoutant avidement Lola, the storyteller, me racontait dans le menu détail ce que j’avais raté durant mon sommeil involontaire de Belle au Bois Dormant au Palais des Festivals.

Elle m’avait cherché un bon moment et se trouvait dans le hall du Palais quand elle m’avait aperçu dehors par les portes vitrées, émergeant de la foule de fans hystériques, Wentworth me tenant la main. Elle L’avait vu m’aider à passer les portes du bâtiment, puis m’effondrer subitement dans SES bras.

« T’imagines pas ma surprise, j’ai rien compris de ce qui se passait ! Déjà j’ai halluciné de te voir avec LUI et ensuite voilà que tu tombes dans les pommes sans prévenir ! J’ai foncé vers vous comme une dingue ! »

Sa voix montait un peu plus dans les aiguës à mesure qu’elle progressait dans son récit. Elle redevenait elle-même.

« Bref, Lui et moi, on s’est retrouvé à genoux, toi au milieu, vautrée par terre, inconsciente… », merci Lola, je me passerais de ce genre de précisions, « …tu m’as foutu une des ses trouilles, ma vieille. En fait, tu nous as foutu une sacrée trouille à tous les deux, car je peux te dire que de là où j’étais, c’est à dire juste devant LUI. Mes yeux planté dans les SIENS. Excuse moi, mais malgré tout fallait que j’en profite ! Ben, IL avait l’air super angoissé et paniqué LUI aussi. IL a appelé à l’aide, et justement, SON attachée de presse a déboulé en une seconde. Elle devait être planquée pas bien loin, celle là ! »

J’en étais à mon 6e mini-éclair au café et je me préparais à engloutir une mini-tartelette à la fraise quand elle ajouta en me tirant par le coude :

« Tu vas enfin me dire ce que tu foutais avec LUI, ou quoi ?! »

« Raconte moi d’abord ce qu’IL a fait. »

Plus mon ventre se remplissait et plus les limbes de mon esprit se clarifiaient. Je n’avais plus qu’une seule pensée en tête : Savoir ce qu’il s’était passé.

« T’es vache !! Ce qu’IL a fait ?! IL a commencé à discuter sec avec la nana. Pam, elle s’appelle. D’après ce que j’ai pigé, elle voulait pas qu’IL reste là, elle a parlé d’un coup de fil qu’elle avait reçu, de quelqu’un d’important qui cherchait à LE joindre. IL a répondu qu’IL verrait ça plus tard. Mais elle a insisté en disant que ça allait pas être bon pour SON image et qu’IL avait un contrat à respecter. Parce que tu sais, ton petit spectacle inopiné n’est pas passé inaperçu, les photographes dehors se sont rincés l’œil, enfin l’objectif surtout. »

Je préférais ne pas penser aux photos qui risquaient sûrement de pulluler dans les magasines. Quelque chose me disait que mon meilleur profil serait loin d’être mis en valeur, avachie sur le sol telle une serpillière. Je priais pour que les flashs contre les vitres des portes rendent les clichés inutilisables.

« Et pis ça n’a pas eu l’air de plaire non plus aux vigiles du coin même si finalement, il y en a un qui est parti te chercher un verre d’eau. Bah, d’ailleurs, heureusement qu’on n’a pas attendu après lui parce qu’il est jamais revenu celui-là !! Le gars n’aurait pas bougé si Wentworth n’avait pas insisté lourdement. Oh, ça me fait trop bizarre de parler de Lui comme ça …En tous les cas, je L’ai senti très énervé à un moment. »

Elle ronchonna contre la galanterie masculine qui se perdait et j’acquiesçai tout en me léchant les doigts couvert de sucre glace. J’étais suspendu à son discours et je ne pensais qu’à LUI, et un peu aussi quand même à mon estomac qui se remplissait avec bonheur, et à mes forces qui revenaient.

« IL t’a dit quelque chose à mon sujet ? Pourquoi n’est-IL pas resté ? »

Lola arqua un sourcil et me lança un regard faussement vexé.

« Bah oui, IL m’a parlé, quand même. Il n’y en a pas que pour toi non plus ! » Je rougis, un peu gênée mais elle m’offrit un sourire assorti d’un clin d’œil, et poursuivit, « On a échangé nos identités si tu veux tout savoir. Mais on n’était pas vraiment dans une situation propice au badinage. En fait, quand IL a su que je te connaissais, IL m’a demandé si ça t’arrivait souvent de t’évanouir, et si tu avais des médocs à prendre. IL semblait sincèrement inquiet et concerné par ton état. » Elle fit une pause et me regarda d’un air interrogatif. « Tu peux m’expliquer pourquoi … ? »

« Après, promis. Mais s’il te plait, raconte moi la suite ! »

J’avais fini de contenter ma faim, et mon amie m’emmena près d’un pilier à l’abri du regard inquisiteur de la vieille star du noir et blanc qui commençait à nous agacer légèrement.

« J’ai failli LUI répondre que tu avais une maladie très rare, et que tu n’en avais plus pour très longtemps à vivre »

Elle pouffa devant mon air effaré.

« Mais SON attachée de presse est revenue à la charge, elle était super insistante, limite grave. Toi, tu bougeais toujours pas d’un cil, et je commençais vraiment à baliser ! Heureusement que j’ai vu arriver Théo, Ouais, heureusement, tu parles ! Un autre vigile s’est pointé aussi. Celui qui était là quand tu es revenue à toi. Il a dit à l’attaché de presse que tout était « under control » et que « Mister Miller » pouvait aller rejoindre les autres invités. Mais le Mister Miller, je te jure, Jeanne, IL avait vraiment l’air d’un enfant perdu. On aurait dit qu’IL, ben…comment dire, qu’IL …tenait trop à toi pour te laisser là…»

Elle fit une pause, et scruta mon visage en plissant les yeux comme si elle essayait de lire dans mes pensées. J’eus un geste de recul imperceptible. Elle émit une sorte de « hum… » significatif avant de poursuivre.

« C’est à ce moment là qu’IL s’est penché vers toi, IL a murmuré un truc, … « Jean », je crois. Il a caressé tes cheveux avec une délicatesse que jamais aucun homme n’a eu envers moi… Et pis, IL a déposé un baiser juste là. » Elle me toucha le front avec son index, « Ensuite, IL s’est adressé au vigile et a parlé d’un Doctor. IL m’a demandé de prendre soin de toi en attendant le gars au verre d’eau. Puis, IL s’est levé, et a suivi SON attachée de presse sans se retourner. Mais j’ai bien vu qu’IL avait l’air presque aussi désemparé que moi, et c’était évident qu’IL partait à regret… »

Cette fois, Lola se tut définitivement.

Je restai muette moi aussi, essayant d’imaginer SES lèvres sur mon front. Je n’avais absolument rien senti, rien entendu. Je m’adossai contre la colonnade de marbre en soupirant. Je n’arrivais toujours pas à croire que tout cela était vrai, seul le veston hors de prix que je portais toujours, et qui devait me donner l’air d’une clocharde, me prouvait pourtant que je n’avais pas rêvé.

Au bout de quelques secondes, je mis fin à la torture que mon silence infligeait à Lola. Je me mis à lui relater lentement, et en soignant les détails ma rencontre avec Wentworth sur le bord de mer. Revivant avec elle notre courte discussion, SA présence électrique, SON regard sur moi, SA délicate attention lorsqu’ IL avait remarqué que je grelottais et qu’IL m’avait prêté SA veste. Puis, la séance d’autographes musclée quand nous avions rejoint le Palais.

Lola ponctuait mon récit de petits cris, de soupirs, et de battements de mains hystériques. Je jubilais face à son air éberlué mais malgré toute l’affection que je lui portais, j’omis volontairement d’évoquer le baiser que nous avions failli échanger. Je souhaitai conserver pour moi ce souvenir intime. Ce moment magique, ce lien entre LUI et moi qui avait failli exister. Juste failli…

Par contre, j’allais lui parler du coup de téléphone lorsque justement une sonnerie de portable interrompit une fois de plus le déroulement de mon conte de fée. La source sonore ne devait pas se trouver bien loin de nous, et je reconnu la même mélodie que celle que j’avais entendu sur la plage. Plusieurs personnes tournèrent la tête dans notre direction, agacées par ce son malvenu. Ra !! ces gens qui ne peuvent pas vivre sans leur téléphone portable ! Lola leur renvoya leurs regards en haussant les épaules d’un air innocent. Mais la petite musique poursuivait sa rythmique et semblait décidément provenir de l’une d’entre nous. J’eue comme un déclic. Je réalisai subitement que SON téléphone était probablement resté dans la poche de SON veston. Je glissai alors discrètement une main à l’intérieur du vêtement, et ressorti le petit objet lumineux, offrant au monde entier la preuve que j’étais bien la coupable, celle par qui le bruit arrive.

Instinctivement, je baissai les yeux sur l’écran de l’horrible appareil où s’inscrivait en lettres bleutées le nom du correspondant en mal d’appel : Sarah W.C.

Sans réfléchir, je cliquai sur le bouton « off ».

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Wouahhhhhhhhhhhhhhh! I'm so glad you put this chapter. I've been waiting for like a year to read chapter 13, so imagine my reaction when I saw it!
You are amasing, I mean this story is amasing.

Chance...

dimanche, 24 août, 2008  

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